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Cent Illisibles Jours Avec Diomaye

Invité, le dimanche 2 juin 2024, de l’émission « Objection » sur la radio Sud FM, deux mois après la prestation de serment du président Bassirou D. D. Faye, l’historien Mamadou Diouf trouva « prématurées les critiques » faites au président Faye et à son premier ministre Sonko. Le Professeur Diouf expliquait que le délai de 100 jours requis est celui au terme duquel les critiques sont fondées. À la décharge du nouveau régime, Mamadou Diouf disait même tolérer « l’amateurisme et les erreurs » des trois premiers mois d’exercice du pouvoir par le tandem Faye-Sonko.

Dans 12 jours au plus, c’est-à-dire 100 jours après la troisième alternance politique au Sénégal, les critiques pour cause d’amateurisme et d’erreurs au sommet s’expliqueront alors moins par la durée que par l’absence de méthode.

Pas de programme, pas de méthode

En matière de gouvernance, l’ossature du programme sur lequel un.e candidat.e à l’élection présidentielle a fait campagne en dit long sur la méthode d’exercice du pouvoir.

Le programme est le document pensé et élaboré dans lequel un.e candidat.e atteste d’une bonne connaissance du pays, mis en exergue dans un état exhaustif des lieux, et propose un plan pour la transformation du réel trouvé sur place. Second volet de tout programme dont le premier volet est le diagnostic, le plan fait état de la vision, correspondant à la réponse à la question bien connue de base : « Quel sera le visage du pays transformé au bout de 25 ans au moins ?» Ledit plan présente ensuite les valeurs (conditions subjectives du succès) qui sous-tendent l’action et montre la disponibilité incontestable des ressources financières et humaines (conditions objectives du succès). Vision et conditions (subjectives et objectives) supposent un agenda au terme duquel le produit fini (un Sénégal nouveau et souhaité) est livré à la collectivité tout entière. Dans cette optique, les projets – il y en a plusieurs, pas un seul – renvoient aux modalités pratiques d’exécution du plan. À titre d’exemple, le Plan Sénégal émergent (PSE) est exécuté à travers les Projets d’Actions Prioritaires (PAP).

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Après avoir longuement abusé les citoyens (militants, sympathisants, indépendants, etc.) de ce qu’ils appellent tous les deux « le Projet », Diomaye et Sonko arrive au pouvoir en empruntant le chemin inverse à celui d’un programme tel que nous l’avons présenté ici. L’amateurisme et les erreurs dans le jugement et l’action au quotidien s’expliquent alors par la méconnaissance de la situation du Sénégal au 2 avril 2024. Les deux inspecteurs des Impôts et des Domaines Bassirou D. D. Faye et Ousmane Sonko n’obtinrent pas de l’ancien premier ministre Amadou Ba ce dont un autre ancien premier ministre, Mamadou Lamine Loum, gratifia le régime du président Abdoulaye Wade, à savoir la situation du Sénégal au 2 avril 2000. Autre temps, autres bonnes mœurs que les profanes du politique – tous des inconditionnels de Sonko – fustigent sans en avoir la moindre idée.

Illisibilité

En l’absence totale de programme et de méthode, nous ne savons des cent premiers jours du nouveau régime que les fuites en avant dont le premier ministre est passé maître depuis son entrée en fonction. C’est du chef du gouvernement lui-même que tout le monde apprend que le ministre de l’Intérieur a agi seul dans l’opération de déguerpissement des occupants de la voie publique dans plusieurs localités du pays. En même temps, l’annonce d’une descente à la mythique plage Anse Bernard – au lieu de Hans au goût de Sonko – n’aura de sens que si tous les entrepreneurs du domaine maritime sont traités à la même enseigne. On en est bien loin ! C’est du moins ce qu’explique un opposant stupéfié par le séjour long du chef du gouvernement à l’hôtel Azalaï aux frais du contribuable sénégalais déjà averti du dépeçage fiscal drastique au cours des prochaines semaines.

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Et comme si tout cela ne suffisait pas, le président de la République dit ne pas faire de son maintien au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) une obsession au moment même où les amateurs de la VAR diffusent la vidéo de l’opposition farouche de Sonko à l’idée d’un tel maintien. Ajouté à ce qui est dit, l’accusé de réception si peu clair des conclusions des Assises de la Justice, commanditées par le président, en dit assez sur les cent illisibles jours de Diomaye comme président de tous les Sénégalais.

En attendant « le Projet » et la méthode qui va avec.

Abdoul Aziz Diop est le fondateur de Pacte institutionnel pour la défense des institutions de la République et de la démocratie.







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