En 1948, l’éducation a été déclarée « droit humain universel ». Ce droit a été réaffirmé en 2015, lorsque les Nations unies se sont fixées pour objectif de développement durable l’accès de tous à une éducation de qualité. Pourtant, malgré des décennies de progrès dans l’accès à l’éducation, 250 millions d’enfants et de jeunes à travers le monde sont encore déscolarisés et 70 % des enfants de 10 ans dans les pays à faible et moyens revenus ne sont pas en capacité de comprendre un texte simple à l’écrit.
A l’occasion d’une réunion des ministres de l’Éducation, tenu dernièrement au siège de l’UNESCO à Paris (France), en présence du Président du Chili, Gabriel Boric, qui co-préside à ses côtes le Comité directeur de haut niveau pour une éducation de qualité pour tous, Audrey Azoulay a appelé les 194 Etats membres de l’Organisation à « respecter leur engagement de faire passer l’éducation d’un privilège à une prérogative pour chaque être humain à travers le monde ». La Directrice générale a également rappelé que « l’éducation est une ressource essentielle pour relever les défis contemporains, de la réduction de la pauvreté à la lutte contre le dérèglement climatique ».
En mai 2015, le forum mondial d’éducation d’Inchéon (République de Corée) réunissait 1600 participants de 160 pays qui n’avaient qu’un seul objectif en tête : assurer une éducation inclusive et équitable de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour tous à l’horizon 2030. La déclaration d’Inchéon –Education 2030 a joué un rôle déterminant dans la définition de l’Objectif de Développement Durable relatif à l’éducation, qui vise à « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité sur un pied d’égalité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie »
Elle confie à l’Unesco la direction, la coordination et le suivi de l’Agenda Education 2030 et au Rapport Mondial de Suivi sur l’Education ainsi que du Volet Educatif des autres ODD. S’appuyant sur ce qui a été fait pour continuer et construire le mouvement EPT, Education 2030 prend en compte les acquis engrangés depuis 2000. L’Agenda 2030 est novateur en ce qu’il met l’accent sur le renforcement et l’élargissement de l’accés , de l’inclusion et de l’équité ,de la qualité et des résultats d’apprentissages à tous les niveaux dans une approche de l’apprentissage tout au long de la vie .
Education 2020 doit être vu dans le contexte plus large du développement aujourd’hui. Les systèmes éducatifs doivent être pertinents et répondre à des marchés de travail en rapide évolution, aux avancées technologiques , à l’urbanisation, aux migrations ,à la dégradation de l’environnement , aux risques et aux catastrophes naturels.
Nous devons fondamentalement changer notre façon de concevoir l’éducation et son rôle dans le bien-être de l’humanité et le développement mondial. Tout d’abord, il est urgent d’adopter des approches nouvelles. Il faut une volonté politique, des ressources, de l’innovation et des ressources pour infléchir cette tendance. Si nous voulons réellement concrétiser l’ODD 4, nous devons agir avec une conscience plus aigue de l’urgence des mesures à prendre et nous engager sur la durée .En cas d’échec ce n’est pas seulement l’éducation qui en pâtira mais les progrès de chacun des objectifs de développement : la réduction de la pauvreté, l’élimination de la faim, l’amélioration de la santé, l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, la production et la consommation durables, la résilience des villes, des sociétés plus égalitaires et inclusives.
L’Education est étroitement liée à d’autres secteurs, tout comme la santé, l’eau, l’alimentation et l’énergie sont essentielles à l’éducation. La santé des enfants détermine leurs capacités à apprendre, les infrastructures sanitaires peuvent être utilisées pour dispenser l’éducation et les enseignants en bonne santé sont indispensables au bon fonctionnement du secteur de l’éducation. Il revient à chaque génération de définir les compétences et connaissances indispensables à transmettre pour relever les défis de son époque .La nôtre ne fait pas exception. Face aux défis planétaires que sont le creusement des inégalités, le changement climatique, la montée en puissance des technologies numériques, il faut aujourd’hui selon l’Unesco réinventer l’éducation, « l’arme la plus puissante pour transformer le monde », selon les mots de Nelson Mandela.
Notre pays a réaffirmé sa vision et sa volonté politique reflétées dans de nombreux traités internationaux et régionaux relatifs aux droits de l’homme et qui consacrent le droit à l’éducation et ses liens réciproques avec d’autres droits fondamentaux. La pédagogie doit s’organiser autour de principes de coopération, de collaboration et de solidarité. Ces objectifs pédagogiques doivent donner lieu à un processus d’évaluation conçu pour encourager chez tous les élèves des progrès significatifs en matière de développement et d’apprentissage.
Le curriculum doit mettre l’accent sur des apprentissages écologiques, interculturels et interdisciplinaires en mesure d’aider les élèves et les étudiants à accéder et à contribuer au savoir, tout en développant leur capacité à mettre ce savoir en pratique mais aussi le remettre en cause. Un développement social inclusif exige la fourniture universelle des services cruciaux comme l’éducation.
Dans le cadre de la mise en œuvre des politiques éducatives, notre pays qui a élaboré des programmes éducatifs comme le PDEF et le Paquet a eu à organiser des rencontres d’envergures nationales comme les Etats Généraux de l’Education, les Concertations Nationales sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur, les Assises nationales de l’Education.
Pour le maintien d’un climat social apaisé dans la mise en œuvre de nos politiques éducatives, il est souhaitable que le Comité de suivi des accords signés en février 2022 composé de différents ministères, de syndicats d’enseignants de la société civile active en éducation se réunisse sous la présidence de M. Premier Ministre qui a accordé déjà une oreille attentive aux acteurs de l’éducation lors du conseil interministériel sur les préparatifs des examens.
Le renforcement de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle notamment en termes de financement en rapport avec les organisations actives du sous-secteur, l’éducation inclusive, le numérique, zéro abris provisoires demeurent indispensables pour notre système éducatif au moment où au niveau mondial, l’Unesco sous la coordination de l’Unesco, un rapport dans l’éducation est intitulé : Repenser nos futurs ensemble, un nouveau contrat social pour l’éducation. Les actes déjà posés par le Ministre de l’Education Nationale en proposant une société éducative et avec celui de la Formation professionnelle montrent toutes leurs disponibilités et leur sens de dialogue qui sans nul doute s’ils se poursuivent sans relâche feront de l’éducation et de la formation une affaire de tous, une réalité pour le devenir et l’avenir de notre système éducatif.
Silèye Gorbal Sy
Expert en Education et Développement Local
Président Coalition Nationale Education Pour Tous du Sénégal
Membre du Comité Dialogue Social / Secteur de l’Education
Coordinateur de la Coalition Africaine et Francophone pour l’Alphabétisation
Membre Ccong Unesco
Chevalier de l’Ordre National du Lion