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La Presse, Quatrième Pouvoir Ou Première Opposition ?

La nature a horreur du vide, dit l’adage. Depuis que Ousmane Sonko a quitté son fauteuil saccagé de leader déterminé de l’opposition, pour s’installer dans celui de la Primature, le statut de chef de l’opposition cherche preneur.

Quand les géants de la politique, déchus à l’issue de l’élection présidentielle, prétendants logiques, semblent hésiter pour l’occuper ou veulent rester sages pour ne pas exposer une ambition prématurée, d’autres politiciens y ont trouvé une brèche. Quand les premiers évitent une assimilation à un défi contre la volonté populaire et observent une pause stratégique, les seconds, très ambitieux, voire pressés, s’engouffrent à leurs risques et périls. Sentant l’os trop gros pour les dents de lait d’une opposition naissante, la presse, pour ne pas dire une coalition de médias, prend le relais et fait le boulot. Le mot d’ordre semble être : «Focus contre les nouveaux élus qu’il pleuve ou qu’il neige !» De jeunes journalistes et autres chroniqueurs se mettent tous les jours au-devant des écrans et prêchent des discours qui vous font rire sous cape. Quel est le mobile de leur démarche ? Je ne saurais vous le dire. Une chose est sûre : ils parlent et écrivent sans convaincre, tout en hypothéquant quelque part leur avenir.

Je n’étais pas de ceux qui acquiesçaient quand le défunt et très grand patron de presse, El Hadj Sidy Lamine Niasse, disait que les trains qui arrivent à l’heure ne l’intéressent pas. Pourtant je comprenais bien le fond de sa pensée, qui consistait juste à ne mettre en relief que les manquements afin de mieux huiler la machine et éviter les retards. Mais le paradoxe est de constater qu’aujourd’hui, même quand le train arrive à l’heure, certains journalistes ou chroniqueurs osent écrire en majuscule ou dire à haute voix que «le train a failli arriver en retard !». D’autres dont on ne comprend réellement pas les motivations, mettront malgré tout à la Une : «Aujourd’hui, le train est arrivé en retard.» Mais quand vous lisez le corps du texte, ils ajustent sans convaincre en mentionnant que «le train a accusé ce jour-là un retard de dix secondes». Leur seul objectif est de déconstruire à tout prix.

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Ils nous font regretter les belles plumes et les voix d’or de jadis qui ne faisaient qu’informer juste et vrai. Je pense à Mame Less Dia «Le Politicien», Boubacar Diop «Promotion», Babacar Touré, Ibrahima Fall, de Sud Hebdo puis Sud Quotidien, Doudou Diène, Pathé Fall Dièye de la Rts, Abdoulaye Fofana, un des premiers présentateurs du Jt de l’Orts, Malick Guèye, Mamadou Malaye Diop, Mbaye Sidy Mbaye, Abdou Rahmane Camara, Mame Less Camara, Jean-Meïssa Diop, et j’en passe.

Aujourd’hui, parmi ceux qui sortent du lot selon mes critères de courage, d’objectivité et de pertinence, en dehors de Abdoul Latif Coulibaly, Sokhna Dieng, El Hadj Amidou Kassé et Yoro Dia qui furent de talentueux journalistes et qui assument une nouvelle vie politique, je lis dans ma shortlist non exhaustive, parmi les plus anciens, Babacar Justin Ndiaye, Boubacar Boris Diop, Abdoulaye Ndiaga Sylla, Vieux Savané, Momar Diongue, Cheikh Thiam, Mamadou Omar Ndiaye, sans oublier Abdoulaye Diaw, Sada Kane, Djadji Touré et autres. S’ils ont eu une longévité dans l’exercice de leur métier, c’est surtout grâce à une crédibilité bien entretenue. Parmi les plus jeunes, je mentionne Abdoulaye Cissé, Abdoulaye Mbow, Mame Ngor Ngom, Serigne Saliou Guèye, Moustapha Diop, Daouda Mine, Mame Birame Wathie et compagnie, sans oublier bien sûr Pape Alé Niang qui a fini par se radicaliser suite à un acharnement subi. D’autres non moins talentueux ont bien leur place ici.

Après les présidents Senghor, Diouf, Wade et Macky, le destin a désigné Diomaye comme pilote de l’aéronef Sénégal. Ne plombons pas ses ailes pour empêcher ou ralentir son envol. Mettons la Nation avant la corporation.

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La presse a été une actrice majeure des deux premières alternances de 2000 et 2012. Elle l’a été moins en 2024. Mais, à quoi bon continuer à tirer les ficelles contre la volonté divine et populaire ? La presse est incontournable dans le développement d’un pays, pourvu qu’elle souffle dans le sens du vent. Son rôle doit demeurer : «Informer juste et vrai.» Qu’elle reste alors le quatrième pouvoir, mais qu’elle refuse d’être la première opposition !

Cheikh Bamba DIOUM

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