Dans quelques jours, les jeux olympiques de Paris vont débuter à la satisfaction des millions de fans et des milliers d’athlètes du monde entier. Que la fête commence. Cet évènement mondial de la jeunesse, nous donne l’occasion de remettre au goût du jour une chronique que nous avions fait publier au lendemain des Jeux de Tokyo en 2020 et qui me semble Encore d’actualité. Je vous la livre ci-après pour une relecture partagée. Suivez…
Les leçons «olympiques» de Tokyo
Les jeux olympiques de Tokyo 2020-2021 viennent de prendre fin. A la satisfaction presque générale de TOUS eu égard à toutes les craintes qui entouraient ces manifestations sportives quadriennales. «Ouf… Tout est donc bien qui finit bien» peuvent se dire les organisateurs et les acteurs qui y ont pris part. Tout le monde rentre à la maison.
C’est l’heure du bilan et des leçons à tirer. Pour notre pays le SENEGAL, ce bilan s’établit comme suit : Zéro médaille d’or, zéro médaille d’argent, zéro médaille de bronze, zéro record national. ZERO PARTOUT. Comme TOUJOURS pourrait-on dire. Et JUSQU’A QUAND ? Doit-on toujours continuer à participer pour participer seulement voire pour figurer uniquement ? Je ne le pense pas. Le sport est devenu une « arme politique et de souveraineté nationale » que nombre de pays ont compris et y investissent à fond pour se faire connaitre, se faire reconnaître et se faire respecter. Notamment les petits pays comme la Jamaïque, les Bahamas, TrinidadTobago, la Tunisie, le Rwanda, le Burundi etc… Souvenons-nous aussi de la Chine qui, dans les années 70 avait réussi à briser son isolement par le biais du tennis de table qui lui avait permis de déclencher «la diplomatie des petits pas» si chère à Henri Kissinger alors Secrétaire d’Etat du Président Nixon pour réchauffer les relations jusque là, très glaciales avec les USA. Le sport, au-delà de toutes les considérations d’ordre financier, de santé et autres, devient donc, un véritable enjeu entre pays qui mérite toutes les formes d’investissement par les Etats.
C’est dans cette optique que dans une publication faite en juin 2019 et intitulée : «JOJ ET CAN 2019 : Petites réflexions sur les sports au Sénégal», je sonnais l’alerte sur le désert incroyable en termes de trophées et de titres de nos sports, de tous nos sports et indiquais quelques pistes pour un mieux être des sports dans notre pays dans la perspective des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) qui devaient se tenir en 2022 chez nous.
La débâcle de nos athlètes à Tokyo, me donne l’opportunité de revenir sur mes propos étant admis que la répétition est pédagogique. En effet, j’écrivais textuellement : «De l’Indépendance à nos jours, notre pays a pris part à presque toutes les compétitions sportives (Jeux olympiques, Coupes du monde, Coupes d’Afrique) sans remporter aucun trophée majeur. Aucune médaille d’or juste une d’argent celle de DIA BA aux 400 M Haies des Jeux Olympiques de Séoul en 2000 quand il aurait même pu gagner l’Or s’il ne s’était pas trop focalisé sur Edwin Moses. En sport collectif, aucune coupe du monde ni d’Afrique mis à part les dix glorieuses des Lionnes et des Lions du basket et quelques titres africains individuels glanés çà et là par les judokas, les karatékas et le Taekwondo. Le bilan est plus que maigre, il est squelettique au regard des ambitions déclarées et des moyens déployés et surtout des talents réels que nous avions dans presque toutes les disciplines. En sport, Le Sénégal n’a JAMAIS RIEN gagné de PROBANT. Et pourtant…»
Un champion Olympique se construit en trois-quatre ans c’est pourquoi et dans la perspective des JOJ 2022, repoussés en 2023, (Dieu Merci) puis en 2026 (DIEU Merci encore) il devient donc plus qu’urgent de repenser notre politique et nos pratiques sportives pour espérer glaner quelque médaille d’Or lors de ces joutes mondiales que nous allons accueillir chez nous. Pour ce faire, les épreuves dominantes des JOJ étant l’athlétisme, il serait temps de détecter et de sélectionner les talents dans toutes les disciplines et s’atteler à leur formation et leur encadrement de haut niveau afin qu’ils puissent atteindre les standards mondiaux en la matière. Sur ce chapitre, les tournois de l’UASSU (Union des Associations Sportives Scolaires et Universitaires) constituaient de véritables viviers de futurs champions qui ne demandaient qu’à être bien encadrés pour éclore au sommet de leur art. C’est le lieu d’interpeller les inspecteurs de la jeunesse et des sports (IJS) de notre pays pour qu’ils daignent quitter les bureaux climatisés et les costumes- cravates pour s’atteler au travail de terrain pour la remise à jour et la redynamisation des activités de l’UASSU afin de dénicher les talents dont regorge notre pays, dans toutes les disciplines.
Dans la même perspective, les écuries de lutte qui sont déjà de véritables concentrations de jeunes gens forts et vigoureux, recèlent des potentiels champions dans les épreuves de force, d’endurance et d’adresse. Ainsi, on peut y trouver des Hercules, véritables mastodontes de muscles purs sans graisse, bons pour la lutte, toutes les formes de luttes et l’haltérophilie ; des «Samsons» pour les lancers (javelotpoids-disques- marteau) qu’il s’agira de bien encadrer pour leur inculquer les techniques à maitriser dans ces disciplines olympiques pour nous valoir de réelles satisfactions à l’avenir. Les compétitions de l’UASSU bien organisées et bien suivies serviront à détecter les talents dans les autres disciplines telles que les courses et les concours. Les Navétanes aussi malgré tous leurs avatars de violence et autres déviances-regorgent de jeunes joueurs de talent qui ne demandent qu’à être bien accompagnés pour devenir des Sadio Mané en puissance. De même, nos plages sont envahies par de véritables nageurs très doués qui ne demandent qu’à se faire bien coacher pour en faire des champions des bassins. Et la liste est loin, très loin d’être exhaustive.
Toutes les morphologies adaptées à toutes les disciplines sportives peuvent trouver de très bons pratiquants chez nous. Il s’agit simplement pour les IJS d’instituer un travail de terrain permanent et sélectionner les bons talents pour une préparation de haut niveau à même de nous valoir des réels motifs de satisfaction lors des grandes compétitions sportives notamment celles des JOJ à venir. Tout cela est possible avec la coopération de pays amis pour la mise à disposition d’entraineurs de haut niveau dans toutes ces disciplines là.
Il est donc temps de changer de paradigmes et de commencer le travail en mode «Fasttrack» pour ne pas vivre des JOJ sans aucune médaille sénégalaise dans aucune discipline. Ce qui serait plus qu’une honte, un déshonneur pour notre pays. Alors du nerf, Messieurs, Dames, les I.J.S, du jarret et AU BOULOT. 2023 c’est déjà DEMAIN pour emprunter la devise de l’I.A.M. (Institut Africain de Management) DIEU nous garde et garde le Sénégal.
Guimba KONATE
guimba.konate@gmail.com
PS : une contribution publiée le 26/08/2021