L’épistémologie est une démarche analytique qui a pour objectif de dégager et d’évaluer les fondements du discours scientifique. Elle a pour fonction de rendre plus évidentes les assises d’une théorie et de jauger ses diverses qualités explicatives : elle est appelée à en dégager la logique, la portée, mais aussi les limites. Le discours politique ayant été saturé par les idées de « post-vérité », de « fake news », de « bulles épistémiques » et de « déliquescence de la vérité », il est évident que pour comprendre les logiques qui sous-tendent ce secteur de l’activité humaine une épistémologie politique soit un détour incontournable. C’est à ce prix que certains phénomènes[1] s’éclaireront notamment celui de l’adversité en politique.
Dans un monde où la communication politique est omniprésente, certaines figures émergent par leur capacité à manipuler le conflit et l’adversité pour asseoir leur identité politique. Ces hommes et femmes politiques semblent n’exister que dans l’adversité, transformant le débat public en pugilat verbal et une arène de confrontation permanente. Leur stratégie repose sur une polarisation extrême, où le dialogue et la coopération sont souvent sacrifiés au profit d’une rhétorique incendiaire et de philippiques dirimants. Ce phénomène soulève des questions fondamentales sur la nature même du leadership politique et sur l’impact de cette approche sur la société, surtout il « traduit une dialectique particulière de la confrontation, de l’homogénéisation d’un groupe dans le rapport à un “autre”, réel ou fantasmé, renseignant sur les conflits d’idées les plus démocratiques, à la déflagration des conflits violents les plus extrêmes[2] ».
Cette conflictualité en politique désigne la dynamique de tensions et d’oppositions qui caractérise les interactions entre différents acteurs, qu’ils soient individuels ou collectifs. Ce phénomène se manifeste par des rivalités idéologiques, des luttes pour le pouvoir et des débats souvent polarisés. Si la conflictualité peut être perçue comme un moteur de changement, stimulant le débat public et favorisant la prise de conscience des enjeux sociétaux, elle présente également des risques. En effet, une conflictualité excessive peut mener à la radicalisation des positions, à la dégradation du dialogue et à l’érosion de la confiance entre les citoyens et leurs institutions. Lorsqu’elle devient la norme, cette dynamique peut nuire à la démocratie, transformant le débat en un affrontement stérile où les solutions constructives sont éclipsées par des luttes de pouvoir. Ainsi, comprendre la conflictualité en politique est essentiel pour naviguer dans un paysage complexe, où l’équilibre entre opposition constructive et coopération est crucial pour le bien-être collectif.
La psychologie humaine joue un rôle clé dans cette dynamique. En cultivant un environnement de tension et de méfiance, ces politiciens exploitent des peurs, des paniques morales et des frustrations bien ancrées dans l’esprit collectif. Ils parviennent à mobiliser des foules en désignant des boucs émissaires, en transformant des différences d’opinion en antagonismes irréconciliables dans la mesure où « le politique est un univers de légitimité dans lequel les acteurs vont puiser pour se positionner favorablement dans le monde social [3]». Cette stratégie, ce jeu d’acteur bien que potentiellement payante à court terme, peut avoir des effets délétères à long terme, tant sur la santé mentale des citoyens que sur la cohésion sociale.
Des mécanismes psychologiques profonds sont ainsi à l’œuvre dans cette politique de l’adversité, et les conséquences sur le paysage sociopolitique sont désastreuses. Précisément, « un acquis fondamental de l’anthropologie tient dans le constat de la relativité des choses du politique » si bien que les stratégies des acteurs pour se construire une identité doit se lire dans une évolution permanente qui navigue entre conflit et coopération selon des intérêts particuliers. En examinant les implications de cette approche, nous mettrons en lumière son caractère profondément contre-productif et les défis qu’elle pose à la démocratie moderne.
- La construction de l’identité politique par l’adversité
Pour de nombreux politiciens, l’adversaire devient une nécessité incontournable pour refaçonner le paysage politique. Leur identité et leur positionnement se construisent autour de l’opposition, et sans celle-ci, ils semblent perdre leur pertinence. Cette dépendance à l’adversité s’explique par des mécanismes psychologiques profonds. Les leaders qui se définissent par le conflit exploitent la dynamique de groupe, où l’ennemi commun renforce la cohésion des partisans. En créant une image de défenseur face à un oppresseur, ils mobilisent des émotions puissantes, telles que la peur et l’indignation, qui galvanisent le soutien.
Cette stratégie peut également être perçue comme une illusion de force. En cultivant une image de combattant, ces politiciens attirent l’attention et le soutien, mais cela masque souvent une vulnérabilité sous-jacente. Leur discours se concentre sur la dénonciation plutôt que sur la proposition, ce qui révèle une incapacité à offrir des solutions constructives. Paradoxalement, cette approche peut donner une impression de dynamisme, mais elle reste superficielle et ne répond pas aux attentes des citoyens en matière de leadership éclairé.
Les politiciens adeptes de cette stratégie exploitent également des émotions primordiales pour renforcer leur emprise. La colère et la frustration des citoyens face à des problèmes non résolus sont utilisées comme leviers pour galvaniser des mouvements. En amplifiant ces sentiments, ils créent un climat de tension qui les positionne comme des figures salvatrices. Cependant, cette manipulation émotionnelle peut s’avérer dangereuse, car elle alimente un cycle de conflits qui rend difficile toute forme de dialogue constructif.
La dépendance à l’adversité conduit également à un discours unidimensionnel. Les enjeux complexes de la société, tels que la santé, l’éducation ou le changement climatique, sont souvent simplifiés à des oppositions binaires. Cette réduction des débats à des luttes de pouvoir empêche l’émergence de solutions nuancées et réfléchies, laissant les véritables problèmes des citoyens sans réponse. La politique devient alors un spectacle, où le conflit prime sur la substance, ce qui conduit à une déshumanisation des débats publics.
La conflictualité en politique repose sur une série de ressorts interconnectés qui nourrissent et exacerbent les tensions entre différents acteurs. Tout d’abord, l’identité et l’appartenance jouent un rôle central dans cette dynamique, car les individus s’identifient souvent à des groupes spécifiques—qu’ils soient politiques, ethniques ou religieux—et perçoivent les autres groupes comme des adversaires. Cela crée un schéma « nous contre eux », renforçant les clivages et alimentant les conflits. Il se profile alors « une tentation de subvertir le champ politique, en contestant les verdicts de légitimité pré-construits au sein du champ politique[4] ». Parallèlement, les émotions comme la peur, la colère et l’indignation constituent des moteurs puissants de la conflictualité. Les politiciens exploitent ces émotions pour mobiliser leur base, amplifiant souvent des menaces perçues, ce qui intensifie les tensions et polarise les opinions dans une irreconciliation native.
Le discours et la rhétorique utilisés dans le débat public jouent également un rôle crucial. Un langage agressif, qui emploie des métaphores de guerre et des expressions clivantes, peut exacerber les conflits, tandis qu’un langage inclusif et conciliant peut contribuer à les apaiser. De plus, les enjeux sociaux et économiques, tels que les inégalités persistantes, constituent un terreau fertile pour la conflictualité. Lorsque des groupes se sentent marginalisés ou désavantagés, cela engendre des ressentiments, se traduisant par des luttes pour la reconnaissance et le pouvoir.
Les médias, en particulier les réseaux sociaux, jouent un rôle essentiel dans la propagation de cette conflictualité. Ils facilitent la diffusion rapide d’informations souvent biaisées ou sensationnalistes, contribuant ainsi à la polarisation des opinions et à l’escalade des conflits. Enfin, le contexte historique et culturel influence significativement la conflictualité. Les traumatismes passés, les luttes pour les droits civiques ou les conflits armés laissent des cicatrices durables qui rendent certaines communautés plus susceptibles de s’engager dans des confrontations politiques.
Ainsi, la conflictualité en politique est le résultat d’une interaction complexe entre ces divers facteurs. Comprendre ces ressorts est essentiel pour développer des stratégies visant à réduire les tensions et promouvoir un dialogue constructif, permettant ainsi d’envisager des solutions durables à des enjeux sociétaux pressants.
En somme, la construction d’une identité politique par l’adversité repose sur des mécanismes psychologiques et stratégiques qui, bien que potentiellement efficaces à court terme, soulignent une fragilité fondamentale. Cette approche ne peut durablement satisfaire les besoins d’une société en quête de solutions et de progrès, posant ainsi la question de la viabilité d’un tel leadership dans un monde complexe et interconnecté.
- Les effets psychologiques sur la société
La politique de l’adversité engendre une polarisation accrue au sein de la société. En accentuant les différences et en transformant les opinions divergentes en antagonismes, ces leaders créent un climat de méfiance généralisée. Les groupes sociaux se retrouvent alors divisés, chacun se considérant comme le « bon » face à un « mauvais » clairement défini. Cette dynamique de confrontation non seulement exacerbe les tensions, mais nuit également à la capacité des citoyens à dialoguer et à collaborer sur des enjeux communs.
Pour les anthropologues fonctionnalistes, la politique « la politique renvoie à des fonctions sociales de régulation. Ces fonctions sont nécessaires : à défaut, la société sombre dans le chaos. En ce sens, il n’y a donc pas de société sans politique [5]». Cependant, l’atmosphère conflictuelle générée par cette politique peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale des individus. La tension constante, la peur et l’anxiété découlant de cette polarisation peuvent mener à des troubles psychologiques tels que le stress chronique et la dépression. Les citoyens, bombardés par des discours alarmistes, peuvent se sentir acculés, ce qui entraîne un sentiment de désespoir et de fatalisme. Cette détérioration du bien-être mental affecte non seulement les individus, mais aussi la dynamique sociale globale, rendant les communautés plus vulnérables.
La stratégie basée sur l’adversité peut également provoquer un désengagement civique. Face à un discours toujours conflictuel, certains citoyens particulièrement les intellectuels peuvent choisir de se retirer de la sphère politique, convaincus que leur voix n’a pas d’importance dans un climat aussi tendu faisant sienne la maxime populaire qui dit « le silence est la meilleure réponse à l’insolent ».
Ce désengagement peut se traduire de deux manières :
– par une baisse de la participation électorale et une diminution de l’implication dans des initiatives communautaires. Cela figure une défiance et un divorce entre le politique et les populations. À long terme, cela affaiblit la démocratie, car une société désengagée est moins encline à revendiquer des changements positifs.
– une abdication des intellectuels qui demeurent un élément essentiel au bon fonctionnement de la démocratie car faisant le lien entre le monde des idées – largement inaccessible à cause de son érudition et de son élitisme – et le grand public. Le lien étroit et nécessaire entre pouvoir et savoir finit par s’effilocher. Or faut-il le rappeler « tout régime politique a besoin de structures idéologiques[6] ».
La politique de l’adversité contribue également à la normalisation de la violence verbale dans le discours public c’est-à-dire des « montées en tension interactionnelle[7]» « à partir d’actes de langage repérables et analysables (insulte, mépris, dénigrement, menace, etc…)[8]». Au fond, l’usage de l’insulte est une démarche rhétorique qui utilise l’attaque ad hominem et ad personam[9] . Pour Schopenhauer c’est le « stratagème ultime[10] » qui intervient dans le scenario suivant : « Si l’on s’aperçoit que l’adversaire est supérieur et que l’on ne va pas gagner, il faut tenir des propos désobligeants, blessants et grossiers. Être désobligeant, cela consiste à quitter l’objet de la querelle (puisqu’on a perdu la partie) pour passer à l’adversaire, et à l’attaquer d’une manière ou d’une autre dans ce qu’il est : on pourrait appeler cela argumentum ad personam pour faire la différence avec l’argumentum ad hominem[11]. »
En légitimant des comportements agressifs et en stigmatisant l’empathie, ces leaders encouragent une culture où l’hostilité devient la norme. Cela peut avoir des répercussions sur le comportement des citoyens, qui imitent souvent les attitudes de leurs leaders. Par conséquent, le respect et la civilité dans le débat public en souffrent, rendant les échanges plus difficiles et moins constructifs. Précisément, « l’argumentation polémique en jeu dans les interactions, et parfois dans la violence verbale fulgurante, est un type particulier de discours ou d’échanges, basée sur la controverse voire le conflit [12]».
Enfin, la politique de l’adversité fragilise le tissu social. La méfiance et la division créées par de telles dynamiques peuvent mener à des conflits ouverts, à des émeutes ou à des actes de violence. Les communautés, au lieu de s’unir sur leur ressemblance pour résoudre des problèmes communs, se retrouvent en guerre les unes contre les autres sur leurs dissemblances, rendant toute forme de coopération impossible. Cette fragmentation peut avoir des conséquences durables sur la cohésion sociale, avec des générations futures qui héritent d’un climat de méfiance et d’animosité.
Au bout du compte, les effets psychologiques de la politique de l’adversité sont profondément préoccupants. Ils vont au-delà des simples stratégies électorales et touchent à la santé mentale des citoyens, à leur engagement civique et à la qualité du débat public. Cette dynamique pose un défi majeur pour notre société, appelant à une réflexion sur la nécessité de promouvoir des discours constructifs et inclusifs, capables de rassembler plutôt que de diviser.
Une approche contre-productive
Cette manière de faire de la politique n’est pas seulement inefficace, elle est contre-productive. En se concentrant sur l’adversité, ces leaders détournent l’attention des véritables enjeux sociétaux. Les problèmes urgents tels que la santé, l’éducation ou le changement climatique sont souvent relégués au second plan, car le discours conflictuel prend le pas sur les solutions constructives.
De plus, la promesse d’un affrontement constant peut engendrer une déception chez les électeurs. Lorsque les résultats ne répondent pas aux attentes créées par une rhétorique incendiaire, la désillusion peut s’installer. Cela peut provoquer un désengagement civique, avec des conséquences à long terme sur la démocratie et la participation citoyenne.
La politique de l’adversité, bien qu’elle puisse offrir une visibilité à court terme, s’avère être une stratégie profondément contre-productive. En cultivant la division et en négligeant les véritables enjeux sociétaux, ces leaders risquent de miner la confiance des citoyens et d’affaiblir le tissu social. Pour un avenir politique durable, il est crucial de promouvoir un discours constructif et inclusif, capable de rassembler plutôt que de diviser.
Panurgisme de haine
La politique de l’adversité, en favorisant une polarisation extrême des opinions, engendre une binarité manichéenne au sein de la population. Cette dichotomie simpliste divise le monde en « eux » et « nous », réduisant la complexité des enjeux politiques à une opposition stérile entre le bien et le mal. Les leaders politiques exploitent cette dynamique en désignant un ennemi commun, galvanisant ainsi leurs partisans par le biais de discours incendiaires et de rhétorique de confrontation. Cette stratégie de division et d’antagonisme exacerbe les tensions sociales, transformant les débats politiques en une joute émotionnelle plutôt qu’en une discussion rationnelle sur les politiques publiques. Ce phénomène est particulièrement visible dans les sociétés démocratiques contemporaines, où les réseaux sociaux et les médias de masse amplifient les voix les plus extrêmes, marginalisant les positions modérées et nuancées.
Cette polarisation intense favorise le développement d’un panurgisme de haine parmi les partisans de chaque camp, renforçant les différences et alimentant les ressentiments. Les individus, soumis à une pression de conformité au sein de leur groupe, adoptent les opinions et les comportements radicaux pour ne pas être perçus comme des traîtres ou des modérés. Ce phénomène de pensée de groupe[13] et de biais de de conformisme inhibe la réflexion critique et encourage l’homogénéité des idées, créant une atmosphère où la dissidence est perçue comme une menace. En conséquence, les clivages sociaux se creusent, les discours de haine se normalisent et la cohésion sociale s’érode, menant à une fragmentation de la société. Cette dynamique de division perpétuelle non seulement entrave le dialogue constructif et la coopération, mais également nourrit un cycle de vengeance et de méfiance qui peut conduire à des conflits sociaux violents et à une instabilité politique durable.
[1] Des phénomènes tels que la post-vérité, le désaccord et le relativisme, les réseaux épistémiques, les fake news, les chambres d’écho, la propagande, l’ignorance, l’irrationalité, la polarisation politique, les vertus et les vices dans le débat public.
[2] https://www.ehess.fr/fr/journ%C3%A9es-d%C3%A9tude/conflictualit%C3%A9s-p…
[3] Guionnet, Christine, et Christian Le Bart. « Conflit et politisation : des conflits politiques aux conflits de politisation ». La politisation, édité par Philippe Hamon et Laurent Bourquin, Presses universitaires de Rennes, 2010, https://doi.org/10.4000/books.pur.129036.
[4] Op.cit.
[5] Guionnet, Christine, et Christian Le Bart. « Conflit et politisation : des conflits politiques aux conflits de politisation ». La politisation, édité par Philippe Hamon et Laurent Bourquin, Presses universitaires de Rennes, 2010, https://doi.org/10.4000/books.pur.129036.
[6] Chabal, Emile. « Les intellectuels et la crise de la démocratie », Pouvoirs, vol. 161, no. 2, 2017, pp. 109-120.
[7] Claudine Moïse. Analyse de la violence verbale : quelques principes méthodologiques. 26e Journées d’étude sur la parole, Jun 2006, Dinard, France. hal-02500506
[8] ibidem
[9] Par ad hominem doivent être désignés les propos qui traitent de notre interlocuteur selon son titre, son statut, ses actions, ses engagements, ses déclarations… Tandis que l’ad personam consiste à traiter… ce même interlocuteur de tous les noms
[10] Les stratagèmes rhétoriques sont indépendants de la vérité objective, et par conséquent que ceux-ci « peuvent aussi être utilisés quand on a objectivement tort »,
[11] Arthur Schopenhauer, L’art d’avoir toujours raison, La petite collection
[12] Claudine Moïse, “Argumentation, confrontation et violence verbale fulgurante”, Argumentation et Analyse du Discours [Online], 8 | 2012, Online since 15 April 2012, connection on 23 July 2024. URL: http://journals.openedition.org/aad/1260; DOI: https://doi.org/10.4000/aad.1260
[13] La pensée de groupe est un phénomène psychologique dans lequel les gens s’efforcent de maintenir la cohésion et de parvenir à un consensus au sein d’un groupe. Cela peut signifier que le consensus est atteint sans réflexion critique ou sans évaluation des conséquences ou des alternatives possibles. La pensée de groupe a tendance à se produire lorsqu’il y a un leader fort et persuasif, un niveau élevé de cohésion du groupe et une pression externe pour prendre la « bonne » décision. Les gens peuvent mettre de côté leurs convictions personnelles et adopter l’opinion de la majorité, soit volontairement, soit sous la pression du groupe. En fin de compte, le désir d’éviter les conflits étouffe souvent l’individualité et aboutit au conformisme.