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Les Jeux, Le Vacarme, Notre Lassitude

Les Jeux Olympiques d’été célèbrent tous les quatre ans les valeurs de l’Olympisme, que sont l’excellence, le respect et l’amitié. Des athlètes de tous les coins du monde se retrouvent pour des compétitions à travers lesquelles on promeut la tolérance, l’ouverture et le respect de l’autre. Je suis un spectateur attentif des Jeux depuis toujours, car j’aime le sport, la magie qu’il véhicule et aussi parce que j’admire le dépassement de soi des athlètes, les belles histoires qui accompagnent certaines destinées ainsi que la célébration de l’universel.

Cette année, le Comité d’organisation de Paris 2024 a réussi une belle prouesse, digne des plus grands moments festifs de l’histoire. Le choix opéré par l’organisation de rompre avec la tradition des festivités dans un stade a été une idée de génie. La Seine dont la beauté et le cours silencieux sont parmi les trésors de Paris, a servi de cadre à un spectacle féérique. Paris 2024 fera date, comme en témoignent les recensions de la presse internationale, qui n’a pas tari d’éloges devant une si belle organisation.

Suiveur attentif des grands événements sportifs et des célébrations festives qui les ponctuent, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi beau que la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris.

Les Jo sont un grand moment sportif, mais ils sont aussi, pendant quelques semaines, le prétexte de la monstration de ce qu’un pays a à offrir au monde. On profite de cette fenêtre pour montrer la culture, l’histoire, le patrimoine. A ce sujet, il faut relever que Paris a des atouts. Elle dispute sans doute le titre de plus belle ville au monde à quelques autres dont Rome et Saint-Louis du Sénégal. Il est d’ailleurs dommage que cette dernière soit si mal tenue…

Paris fut donc un magnifique écrin pour la cérémonie d’ouverture. La France a une vieille et riche histoire, faite de moments fastes comme de périodes sombres. Thomas Jolly, metteur en scène du spectacle, et ses équipes ont eu raison de ne pas se censurer et de montrer dans leurs différents tableaux l’histoire de leur pays dans sa complexité. D’ailleurs, aucun pays ne peut se glorifier d’une histoire sans tache, mais il faut du courage et un grand sens de l’honnêteté pour ne pas céder à la réécriture historique qui cache une partie pour n’en valoriser qu’une autre.

Le symbole donne à penser, disait Ricoeur. Les Jo sont organisés au moment où la France traverse une crise de régime, avec une confusion issue d’élections législatives, qui ont fait d’un parti nationaliste et à la souche raciste, antisémite et islamophobe, la première formation politique dans le pays en termes de suffrages et de parlementaires. C’est dans un pays fracturé où les atteintes à la dignité des personnes noires, arabes et musulmanes sont quotidiennes que sont célébrées en ce moment les valeurs d’ouverture et de tolérance prônées par l’Olympisme.

J’ai toujours été convaincu que dans les moments sombres et de doute, la culture et le sport restent des réponses pertinentes à la fermeture des esprits et au rejet de l’autre. La cérémonie d’ouverture des Jo, par sa célébration du métissage et du progressisme, a été une réponse intelligente et fine aux fantasmes morbides d’un pays fermé, vieillot et rabougri ; un pays dont certains voudraient qu’il s’abaisse au tri systématique des hommes et des femmes selon leur origine, leur couleur ou leur religion.

J’ai été touché par la prestation sublime de notre compatriote Guillaume Diop, premier noir à accéder au statut de danseur étoile de l’Opéra de Paris. Celle de Aya Nakamura, sortant du siège de l’Académie française entourée par la Garde républicaine, revêt aussi un sens symbolique particulier tellement cette femme talentueuse subit des insultes racistes depuis des années. Le choix de deux personnes non blanches, Marie-José Pérec et Teddy Riner, pour allumer la flamme olympique constitue le clou d’un spectacle qui a fait rager les racistes et les identitaires partisans d’une France blanche et chrétienne, désormais disparue, à juste titre.

La cérémonie est une claque monumentale à tous les racistes, engoncés dans leur bêtise pour toujours voir l’autre selon le prisme du sectarisme. Je n’ai pu m’empêcher de penser au choix du Comité olympique sénégalais de désigner la sénégalaise d’origine française Jeanne Boutbien comme porte-drapeau du Sénégal à Tokyo. Sur les réseaux sociaux et dans certains médias bruissait la sotte parole sectaire et exclusive. Ceux qui la traitaient vulgairement de toubab pour la délégitimer refusent encore d’accepter que le Sénégal soit un pays dont la vocation est de faire mélange. Celles et ceux qui conspuaient Mlle Boutbien sont ici les pendants de ceux qui là-bas excluent Aya Nakamura et lui refusent d’exister. Ils sont des militants de la sottise et de l’ignorance constante.

Pendant que les athlètes sénégalais comme Oumy Diop, Yves Bourhis, et leurs camarades honorent, par leur hargne et leur talent, le drapeau national à Paris, le vacarme des pseudo-panafricanistes, antiFrance, en vrai des complexés, nous importune. Leurs complaintes, leurs appels à en découdre avec la France relèvent davantage de la névrose. Ils s’enferment dans une camisole de colonisés, qui refusent de penser en dehors du prisme de l’opposition avec la France alors que le monde est vaste et les opportunités nombreuses. Comme pour ne rien arranger, le fou du village s’en est mêlé. Vraisemblablement peu familier des livres d’histoire, pour ne pas dire pas du tout, il s’invite à…Thiaroye. Heureusement qu’entre l’escrime, la natation et le basket, nos yeux et nos oreilles sont occupés à des choses bien plus dignes d’intérêt…

Post-scriptum : ici s’achève la quatrième saison de «Traverses». Le retour de la chronique est prévu en septembre, sauf changement







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