Depuis son entrée en politique, en 2014, M. Ousmane Sonko, leader du parti Pastef et actuel Premier ministre, a placé le souverainisme au cœur de sa politique de transformation économique et sociale.
Pour lui, seule cette doctrine peut faire sortir le Sénégal et l’Afrique de leur situation d’arriération mais aussi rompre les chaines de la servitude qui les assujettissent à l’Occident. Pour nous projeter vers un avenir meilleur, il fallait donc revoir, à défaut de le couper carrément, le link avec l’ancien colonisateur, ne dépendre que de nous- mêmes avant de nous ouvrir vers le reste du monde.
Pour réaliser ce rêve auquel peu de nos compatriotes croyaient, il lui fallait dans un premier temps avoir le courage d’élever la voix pour se faire entendre ici et ailleurs. Au fil du temps, écouter Ousmane Sonko c’est comme prêter oreille aux grands panafricanistes qui ont longtemps porté le combat pour la liberté du continent noir.
Le jeune leader politique, à force d’arguments convaincants, est devenu ainsi l’icône de tout un continent particulièrement de sa frange jeune. Dès lors, son accession au pouvoir dans le sillage du président Bassirou Diomaye Faye était perçue comme un pas important pour affranchir les pays africains de leur dépendance monétaire, de l’exploitation de leurs ressources, de la présence des bases militaires étrangers sur leurs territoires, du copiage des textes qui régissent leurs constitutions, de l’utilisation de la langue d’autrui dans l’éducation, du déséquilibre à grande échelle sur les contrats miniers et autres etc.
Conscient qu’un tel changement de paradigme pouvait contribuer à freiner sa puissance économique, et sa domination au sens large, l’ennemi était résolu à faire échouer cette entreprise révolutionnaire. Après moult tentatives plombées par le soutien indéfectible de son peuple debout à ses côtés, ce qui fut le rêve de Sonko finit par se réaliser au prix de plusieurs dizaines de morts avec comme seule consolation pour l’Occident l’invalidation de sa candidature, lui le héros et chantre du souverainisme africain.
Sa candidature invalidée, Ousmane Sonko a tout de même réussi contre vents et marées à faire participer à l’élection présidentielle son frère siamois et plus que jumeau, Bassirou Diomaye Faye. Une fois installé dans ses nouvelles fonctions, le nouveau Président, plutôt que de commencer par la France comme le faisaient ses prédécesseurs, a choisi d’effectuer des visites de prise de contact dans les pays voisins du Sénégal, comme pour montrer que rien ne sera plus comme avant désormais.
Sa visite effectuée beaucoup plus tard chez l’ancien colonisateur, loin d’être motivée par un souci d’aller tendre la main, lui a permis d’y tenir un discours qui rassure quant à sa volonté d’instaurer des rapports plus équilibrés — un partenariat gagnant-gagnant—avec la France. De quoi donner espoir à une jeunesse qui, pour une fois, peut entretenir le rêve de trouver le bout du tunnel sans braver la mort.
La forte présence des entreprises françaises au Sénégal, le pillage à outrance de nos ressources halieutiques, la mainmise sur les secteurs stratégiques de notre économie ainsi que la présence de bases militaires françaises dans notre pays sont en phase d’être revisités.
Concernant la révision de notre charte fondamentale, des réformes majeures dont certaines calquées sur nos réalités socio culturelles sont annoncées. Idem pour le fonctionnement de notre administration qui, de plus en plus, fait l’objet de changements en profondeur pour la rendre plus efficace et davantage efficiente.
Mais le plus salutaire, en tout cas le plus symbolique, dans cette volonté de se dépêtrer de la domination de l’ancien colonisateur, c’est l’annonce de l’introduction des langues nationales dans notre système éducatif et de celle de l’anglais dès le cycle élémentaire. Voilà autant d’actes posés par l’actuel régime qui mènent tout droit vers une «défrancisation» tant espérée et qui a tardé à se concrétiser. A qui la faute si cette « francisation » a continué de prévaloir 64 ans après notre accession formelle à l’indépendance ? Il vaut mieux travailler à réaliser la « défrancisation » plutôt que de chercher les vrais responsables de cette aliénation.