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Reponse A Monsieur Mouhamadoul Mokhtar Kane

Dans sa livraison n° 9711 des 14 et 15 août 2024, WalfQuotidien a publié, dans la rubrique « Contribution », un article de Monsieur « Mouhamadoul Mokhtar KANE, Expert en communication, Directeur associé du cabinet KNG consulting, Chercheur en civilisation musulmane et en relations internationales, écrivain », intitulé « PASTEF / LES PATRIOTES AU POUVOIR : UN COUP D’ACCELERATEUR A LA DECOLONISATION CULTURELLE ».

Dans cet article, M. KANE a, après le préambule, abordé, successivement, quatre questions, à savoir :

-Faux décolonisateurs et faux décolonisés ;

-Le wolof, langue officielle à côté du français ;

-Diomaye et Sonko en mode décolonisation ;

-Débaptiser la ville Saint-Louis.

Le Collectif d’Associations de Fulɓe dénommé « KAWTAL PELLE FULƁE » voudrait donner, ci-dessous, son point de vue sur les questions 2 et 3 abordées par M. KANE dans sa contribution sus-évoquée.

1)- Le wolof, langue officielle à côté du français 

A ce sujet, M. KANE déclare que :

a)-« Au Sénégal, nous avons la fâcheuse habitude de différer les solutions à nos problèmes. La question de l’utilisation de nos langues nationales à l’école et dans l’Administration est un vieux débat qui n’a jamais été vidé. Nous sommes toujours restés au stade théorique, c’est-à-dire à celui des échanges et des propositions. Il est temps de passer aux actes.»

En clair, M. KANE aussi veut simplement, à la suite des romanciers et essayistes Ngugi Wa Thiong’o du Kenya et Boubacar Boris DIOP du Sénégal qui avaient sorti un papier en mai 2024 à ce propos, suggérer aux dirigeants du « PASTEF » de formaliser coûte-que-coûte leur promesse de faire du wolof la langue co-officielle de la République du Sénégal.

C’est vrai que la question n’est pas nouvelle. C’est vrai qu’il y a, depuis de très nombreuses années, des lobbies qui s’activent pour que le wolof soit formellement reconnu comme langue sinon officielle du moins co-officielle du Sénégal.

Feu le Président Léopold Sédar SENGHOR avait été approché à cette fin, mais s’était montré prudent. En 1986, une « Commission nationale pour la Réforme de l’Education et de la Formation » avait été mise sur pied, sous la présidence du Pr Iba Der THIAM. Après de longues et âpres discussions sans accord ni consensus, le Pr Souleymane NIANG, en sa qualité de modérateur, avait proposé d’ajourner les travaux, qui n’ont jamais repris depuis lors. Pour dire clairement les choses, le Pr Iba Der THIAM et ses compagnons étaient pour le choix du wolof comme « langue d’unification des Sénégalais » et le pulaar comme « langue d’intégration sous-régionale ». « Fedde Ɓamtaare Pulaar » (Association pour la Renaissance du Pulaar-ARP) avait mis son veto. Et pour cause !

Six (06) ans plus tard, soit en 1992, les Pr Iba Der THIAM, Sakhir THIAM, Pathé DIAGNE et autres, sont revenus à la charge, en suggérant au Président Abdou DIOUF de faire du wolof la langue d’Etat et du pulaar la langue de périphérie. Ayant eu vent de l’affaire, nos regrettés Aboubacry KANE, Dr Oumar WONE et Yéro Doro DIALLO (qu’Allah leur fasse miséricorde et leur accorde le Firdaw’s) ainsi que le patriarche Cheikh Hamidou KANE, sont allés voir le Président Abdou DIOUF (qu’Allah leur accorde une plus longue vie terrestre), pour le prévenir que les Fulɓe du Sénégal rejettent avec la dernière énergie les propositions qui lui ont été faites et que si jamais il les acceptait, il risquerait d’exposer le Sénégal à des dangers aux conséquences incommensurables !

Le Président Abdoulaye WADE avait, pour sa part, entrepris de passer à l’action, sitôt après son accession à la magistrature suprême du Sénégal, en 2000. Des Fulɓe se sont encore dressés pour dire niet, pour des raisons évidentes sur lesquelles il n’est plus besoin de revenir, tellement elles ont été étayées en profondeur au cours de ces dernières années.

A l’inverse, le Président Abdoulaye et son ancien homologue mauritanien Maouya Ould Sid’Ahmed Taya avaient refusé systématiquement la proposition du guide libyen, le tout aussi regretté Mouammar Kadhafi, de faire du pulaar l’une des principales langues officielles de travail de l’Union africaine. Au motif que s’ils avalisaient cela, ils seraient confrontés à des problèmes, une fois de retour dans leurs pays respectifs.

Un membre de la délégation sénégalaise s’était même écrié à partir d’un coin de la salle de réunion du Sommet de  l’Organisation continentale: « Pourquoi le pulaar ? » Le Président Abdoulaye WADE avait, par la suite, instruit la délégation sénégalaise aux première et deuxième Sessions extraordinaires de la Conférence de l’Union africaine, tenues respectivement les 03 février et 11 juillet 2003, respectivement à Addis-Abeba (Ethiopie) et à Maputo (Mozambique), de plaider en faveur du swahili comme langue de travail de l’Organisation continentale.

Nous connaissons la suite: le swahili qui tire 50% de son vocabulaire de l’arabe et le reste du créole et d’autres langues, fut accepté comme langue officielle de travail de l’Union africaine. Oui, le swahili qui était en compétition avec le pulaar depuis de nombreuses années, fut officiellement accepté lors de la Trente-Cinquième Session ordinaire de l’Assemblée générale de l’Union africaine, qui s’est tenue les 05 et 06 février 2022 à Addis-Abeba.

Pour le regretté guide libyen, le pulaar et le swahili devaient absolument être du nombre des principales langues de travail de l’Organisation continentale, à côté de l’anglais, l’arabe, l’espagnol, le français et le portugais.

Elu Président de la République du Sénégal en 2012, le Président Macky SALL a fait ce qu’aucun autre Chef d’Etat sénégalais n’avait fait ! En effet, « Mbeñuganna », l’héroïque fils d’Amadou Abdoul SALL et de Coumba THIMBO a simplement fait du wolof la langue co-officielle de la République du Sénégal. Un tel parti pris de la part du Président Macky SALL en faveur du wolof n’est d’ailleurs guère surprenant; la partie consacrée dans sa biographie aux langues qu’il parle étant libellée ainsi qu’il suit : « wolof, français, pulaar, sérère et anglais. » Ainsi donc, le Président Macky SALL qui avait pourtant eu à déclarer être Toucouleur de par ses parents, mais Sérère de par sa culture, a-t-il jeté son dévolu sur le wolof comme étant sa première langue.

Ce n’est pas tout, car à la page 51 du livre paru en septembre 2023 et préfacé par le journaliste-politologue Yoro DIA, qu’il a consacré à son ami sous le titre « MACKY SALL : DERRIERE LE MASQUE », le journaliste-écrivain sénégalais Madiambal DIAGNE  informe que c’est « Laam-Tooro » en personne qui a interdit les reportages en pulaar des grands événements nationaux sur les antennes de la RTS :

« …Un jour, les journalistes Pape Samba Kane (PSK) et Abdou Salam Kane (ASAK) demandent à voir le Président Sall pour l’alerter sur une nouvelle pratique dans les médias audiovisuels publics (RTS), qui semble donner à la langue pulaar une place devenue subitement importante et que cette pratique pourrait heurter quelques esprits dans ce contexte chargé d’accusations de préférences ethniques contre le régime de Macky Sall.

Les reportages en direct des festivités de la fête de l’Indépendance qui étaient faits sur les antennes de la RTS en français (langue officielle) et en wolof (langue parlée par le plus grand nombre de la population) sont désormais systématiquement faits en pulaar. Le Président les invite à déjeuner le 4 janvier 2016. Au sortir de la rencontre, il prend les dispositions pour faire arrêter cette pratique dans les reportages de la RTS. »

Nul n’ignore que depuis son élection à la tête de l’Etat sénégalais en 2012, les 99% des émissions télévisées consacrées aux langues nationales se font dans la seule langue wolof (une pratique qui est restée inchangée à ce jour) ce, en violation flagrante des dispositions pertinentes de la Constitution de la République du Sénégal.

Le Président Macky SALL a donc balisé le terrain pour permettre à son successeur de parachever l’œuvre de wolofisation de la population sénégalaise tout entière ; un vœu si cher aux fossoyeurs de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Car c’est de cela dont il est manifestement question, quant au fond. Il restait tout bonnement à formaliser cela par un acte. Le prétexte ayant été trouvé avec les résultats du Cinquième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5) aux termes desquels le wolof serait la langue nationale sénégalaise la plus parlée, avec 8 525 098 de locuteurs, soit 53, 5% de la population, suivi du pulaar qui compterait 4 175 468 locuteurs, correspondant à 26, 2% de la population sénégalaise, le Gouvernement de Son Excellence Monsieur le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE pourrait ne pas tarder à vouloir passer à la vitesse supérieure, par l’adoption de l’acte idoine consacrant le wolof langue co-officielle de la République du Sénégal ! Voilà donc pour le long chemin parcouru !

Le plus intriguant dans cette affaire est qu’aucune de ces hautes autorités, ni aucun de ces intellectuels dits éclairés nommés dans notre contribution-ci, n’est de l’ethnie wolof ! Nous disons bien aucun !

Mais nous prévenons que les craintes de nos valeureux défenseurs de la langue pulaar, demeurent plus que jamais fondées. S’il y a de terribles forces des ténèbres qui tiennent absolument à détruire le Sénégal qu’ils croient être le pays de leurs seuls géniteurs, eh bien ils répondront de leurs actes devant le Juge Suprême, Le Plus Juste des juges. Car nous ne comptons pas faire moins que nos valeureux oncles Fulɓe susnommés, ceux-là qui étaient allés trouver le Président Abdou DIOUF, pour lui dire que le monde entier saura ce dont les vrais Fulɓe sont capables, si leur honneur est en jeu, si on cherche à les rayer de la surface du globe!

Car il existe dans ce pays plusieurs millions de Kanhanɓe et de Salsalɓe, de véritables descendants des Almaami Abdul Qaadiri KAN, Elimaan Bubakar KAN, Abdul Bookar KAN, Abuubakri KAN, Sheex Haamiidu KAN, Laam Tooro Siddiki SAL, Mammadu Yero SAL, autres que les membres susnommés du Club de la Suprématie Wolof (nous en connaissons d’autres, ceux qui agissent dans l’ombre, les embusqués, qui ne perdent rien à attendre, eux-aussi.)

Nous n’accepterons jamais, nous autres, de nous comporter à l’image de ces Juifs qui se targuaient d’être des descendants du Prophète Ibrahim (Abraham) ; descendance que le Messager d’Allah Issa ibn Mariam (Jésus Fils de Marie) avait niée tellement leur comportement jurait avec celui de l’Envoyé d’Allah à qui ils prétendaient s’identifier, selon la narration contenue dans les versets 39, 41, 44 et 47 de l’Evangile selon Jean :

« Notre père, c’est Abraham (dirent les Juifs). Jésus leur dit: Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham…Vous faites les œuvres de votre père. Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père…  Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu; vous n’écoutez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu.»

Nous pouvons en dire autant de Yâm, en faveur de qui son père, le Prophète Nouh (Noé) avait invoqué lorsqu’il était sur le point de se noyer lors du Déluge : « Et Noé invoqua son Seigneur et dit : ‘’Oh mon Seigneur, certes, mon fils est de ma famille et Ta promesse (concernant le sauvetage de ma famille) est vérité. Tu es le plus juste des juges’’. Il (Allah) dit : ‘’Oh Noé, il n’est pas de ta famille, car il a commis un acte infâme…’’ (Sourate 11, versets 45 et 46).

Pourtant, nous savons que Yâm, est bien le fils selon la chair du Prophète Nouh. Mais vu qu’étant mécréant il n’accomplissait pas les mêmes œuvres que son père, Allah L’Omniscient l’a retranché de la famille de ce dernier.

Ainsi donc, tenant nous-mêmes à nous conduire à l’image et à la ressemblance des Almaami Abdul Qaadiri KAN, Elimaaan Buubakar KAN, Abuubakri KAN, Sheex Haamiidu KAN, Laam-Tooro Sidiki SAL, Mammadu Yero SAL, nous ne braderons pas notre langue, vectrice de notre riche patrimoine culturel. Fulɓe, nous ne nous suiciderons pas pour ressusciter en Wolofs ! Nous n’avons nullement la prétention d’être meilleurs que qui que ce soit ; la piété qui n’est connue que d’Allah L’Omniscient Seul étant l’unique critère de noblesse en Islam, mais nous ne courberons l’échine devant aucune autre créature sous ce ciel.

Nous faisons solennellement le serment de marcher sur les plates-bandes de nos autres valeureux ancêtres Ceerno Sileymaani Raasin BAAL et ses anciens condisciples de Pir Sañokor, ainsi que des nombreux autres patriotes « Haalpulaar’en » qui avaient crânement fait face aux colonialistes, au péril de leur vie, pour la liberté et la dignité des Fuutaŋkooɓe, et parmi lesquels nous pouvons citer Sayku Umar TAAL et son général des Armées Alfaa Umar Ceerno Baylaa (de Kanel), Hammaat BAH dit Maba Jaxu BAH, le jeune homme de 24 ans Baydi Kacce PAAM (de Giyaa), la brave Pennda Muusaa Bukari SAAR (de Ŋawle), Ceerno Sammba Jaadanaa NJACC (de Madiina Njacɓe ou encore Juude), le jeune Aali Yero JOOP et ses 44 partisans (de Fanay), Abdul Bookar KAN (de Daabiya), Demmba TAAL alias Kalmbaan (de Ngijilon), les Mbummbalnaaɓe Mammadu Biraan WAN, Demmba Daramaan WAN, Bookar Abdul Gurmo, Baylaa et Hammadi Kuro, etc..Et nous ne fléchirons, ni ne trébucherons, In Chaa Allah ! Jusqu’à la fin de toute chose, au besoin.

b)-« Rares sont les pays au monde où existe le monolinguisme, c’est-à-dire une langue unique, parlée et comprise par tout le monde. Aux Etats-Unis d’Amérique, les Hispaniques représentent une réalité à la fois sociale et linguistique, malgré l’omniprésence de l’anglais. En France, le français, langue officielle, cohabite avec le breton et le corse. Au Maroc, l’arabe, langue officielle avec le français, partage l’espace national linguistique avec la langue berbère, l’amazighe. Ces exemples qui foisonnent dans le monde, montrent que la diversité linguistique au sein d’un pays n’exclut pas le choix d’une de ses langues comme langue officielle. »

En fait, les Etats-Unis d’Amérique n’ont même pas de langue officielle à proprement parler. Ils n’ont déclaré aucune langue comme étant officielle, spécifique, même si la plupart des documents et règlements sont rédigés en anglais et en espagnol. Pour ce qui concerne la France aussi, c’est seulement en 1992 que le français qui était sérieusement menacé par l’anglais, aurait été déclaré formellement langue officielle de la République française, en vertu de l’article 2, alinéa premier de la Constitution. L’article 2, alinéa 2 de la Loi n° 94-665 du 04 août 1994 a précisé que la langue française est la langue des Services publics.

Cela dit, de nombreux pays autres que la France et le Maroc ont plusieurs langues de travail. Nous pouvons citer parmi eux la Belgique (3 langues : le néerlandais, le français et l’allemand), Fidji (3 langues : l’anglais, le fidjien et le hindi), le Luxembourg (3 langues : le luxembourgeois, le français et l’allemand), le Sri-Lanka (3 langues : le cinghalais, le tamoul et l’anglais), le Vanuatu (3 langues : le bislama, l’anglais et le français), le Pakistan (3 langues : l’urdu, le punjabi et l’anglais), la Papouasie Nouvelle-Guinée (4 langues : l’anglais, le tok, le pisin et le hiri motu), Singapour (4 langues : le malais, l’anglais, le mandarin et le tamoul), l’Espagne (4 langues : l’espagnol, le catalan, le galicien et le basque), la Suisse (4 langues : l’allemand, le français, l’italien et le romansh), l’Afrique du Sud (plusieurs langues), le Nigéria (plusieurs langues), le Zimbabwe (plusieurs langues), etc..En somme, plus de trente (30) pays ont plus d’une langue de travail !

c) –« Au Sénégal, des intellectuels ont, par le passé, suggéré le wolof, langue parlée et comprise par l’écrasante majorité de la population, comme langue officielle. Parmi eux, l’ancien député, Haal pulaar bon teint, Samba Diouldé THIAM qui, il y a de cela plusieurs années, avait défendu avec courage et pertinence, cette idée dans une brillante tribune publiée dans la presse. »

Même si l’on se réfère aux chiffres très éloignés de la réalité du RGPH-5 selon lesquels 53, 5% de la population sénégalaise comprennent le wolof, on devrait s’interdire de dire que le wolof est « une langue parlée et comprise par l’écrasante majorité de la population ».

Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE a commis l’imprudence d’invoquer le Pr Samba Diouldé THIAM avant de s’assurer que la pensée de l’homme n’avait pas évolué, car de nombreuses années se sont écoulées depuis cette fameuse « brillante tribune publiée dans la presse » (si tant est que le Pr ait réellement écrit ce que notre thuriféraire du wolof et du pouvoir pastéfien lui prête). M. KANE aurait dû s’assurer que le Pr Samba Diouldé THIAM, le grand Samba Diouldé THIAM n’avait pas changé, dans sa façon de voir le monde. Pour ne pas dire qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas, convenons avec Patrick ORTET que « Le fait de changer d’idée, c’est une forme d’intelligence. Cerner l’avis des autres et déduire que la cohérence n’était pas dans notre raisonnement, c’est positif. »

En tout état de cause, le distingué mathématicien Samba Diouldé ne saurait se tromper ad vitam aeternam. Dans une contribution de haute facture publiée dans la livraison du 28 mars 2019 de « SENEWEB.COM », l’ancien Vice-Président de l’Assemblée nationale, avait déclaré, entre autres, à propos des langues nationales : « Dans notre pays, il y a des langues qui ne sont parlées qu’ici et pas ailleurs. Leur présence dans le monde est liée à leur seule existence au Sénégal. Pouvons-nous et devons-nous accepter que ces langues soient effacées de la carte du monde pour autant ? Jamais, car ce serait un ethnocide cruel et infamant. Ce serait lézarder le Sénégal et par la faute des Sénégalais. Alors, si nous refusons qu’une quelconque partie de nous soit exclue du monde, pourrions-nous alors accepter que cette partie ou ces parties soient interdites d’existence sur nos propres terres ? Assurément, non. Dès lors, il faut exister ensemble et organiser cette coexistence dans l’intérêt de tous. »

Il partageait ainsi les propos de l’éminent Philosophe Souleymane Bachir DIAGNE,  suivant  lesquels, entre autres, « les écoles africaines doivent devenir un espace multilingue avec un vraie politique linguistique, qui consisterait à renforcer la maîtrise du français et à introduire les langues africaines dans l’enseignement pour en faire des langues de savoir et de créations. » Car « pour  le Professeur Souleymane Bachir Diagne et bien d’autres, avant et après lui », la solution c’est le « multilinguisme, encore le multilinguisme et toujours le multilinguisme dans nos systèmes éducatifs. »

Ceci se passe de commentaire !  C’était à l’occasion de la célébration de la Journée de la Francophonie. Dix (10) ans auparavant, soit en 2009, il s’était également fendu d’un texte qui « s’inscrivait dans l’organisation harmonieuse de cette coexistence. »

Le 18 juillet 2022, l’illustre natif de Matam a pareillement prôné le pluralisme linguistique aussi bien dans l’administration que dans le système éducatif sénégalais (Cf. Entretien avec des journalistes de « Bes Bi. ») La position du Président Samba Diouldé THIAM sur la question des langues nationales est sans équivoque : « Pendant toute ma présence à l’Assemblée nationale comme député, j’ai saisi toutes les bonnes occasions pour aborder la question. Je l’ai fait avec passion, lucidité, détermination et responsabilité avec le souci permanent de préserver mon pays des fractures identitaires, car nous avons tous des identités multiples respectables et enrichissantes. Que personne ne demande à personne de ne pas être soi-même d’abord, car cela serait un outrage à la nature humaine. Que chacun respecte chacun dans son intégrité est la formidable leçon de nos religions révélées, comme de nos religions traditionnelles africaines. » Et le brillant mathématicien de clore son propos : « Vive le multilinguisme, facteur de rassemblement, de cohésion nationale et africaine, de désaliénation coloniale et de paix. »

Tout récemment aussi, précisément au mois de mai 2024, le Président Samba Diouldé THIAM disait sans ambages que : « …Sauf erreur de ma part, je crois que les autres Sénégalais se débrouillent plus ou moins pour s’exprimer en wolof, à l’inverse les Wolofs sont réticents à s’exprimer dans les autres parlers…L’argument du mépris des autres est tout simplement stupide et personne ne peut s’en vanter publiquement…Alors, comment aller vers des regroupements politiques et économiques en Afrique, si chaque pays rechigne à gérer avec compétence et lucidité sa diversité ethnolinguistique et court vers un hégémonisme suicidaire ? »

Bravo, Professeur ! Juŋngo maa fuuɗaama, seydi CAAM !

d)-« L’idée n’est nullement de minimiser les autres langues qui, pour nous, sont toutes d’égale dignité. Nous considérons que toutes les langues se valent. Nous avons le devoir de les promouvoir et de les développer aussi bien au niveau national qu’à l’échelle internationale. Ce choix du wolof pourrait se justifier pour des raisons de réalisme linguistique et d’intelligence stratégique. Le wolof étant aujourd’hui, au niveau national, notre plus grand dénominateur commun sur le plan linguistique…, le wolof qui, au-delà du Sénégal, est largement parlé en Gambie, en Mauritanie et un peu moins chez nos voisins des deux Guinée et du Mali. »

Ne manquez pas de courage, Cher Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE ! Assumez que vous et vos semblables n’avez que du mépris envers les langues nationales sénégalaises, excepté le wolof. Soyez sérieux et cessez de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas ; pour ce que nous sommes loin d’être!

Certes, toutes les langues sont d’égale dignité, en regard des dispositions constitutionnelles. Mais dans la pratique, tous les Gouvernements qui ont dirigé le Sénégal depuis les indépendances africaines de 1960, ont conféré au wolof la préséance sur toutes les autres langues nationales codifiées. Cela, même les sourds, muets et aveugles de naissance le savent !

Certes, toutes les langues se valent. Expliquez-nous alors  au nom de quoi l’on s’est permis d’octroyer vingt-six émissions dans tous les domaines à la seule langue wolof sur la RTS (contre une seule émission à chacune des autres langues nationales, du lundi au vendredi, pour donner quelques informations uniquement); choisi le wolof uniquement pour les discours officiels ; le wolof, le français et l’anglais au niveau de l’aéroport international Blaise-DIAGNE, du TER,  à bord de la Compagnie nationale Air Sénégal ; le wolof et le français au niveau du BRT appelé lui-même « SUÑU BRT » ; le wolof au niveau de DAKAR-DEM-DIKK ; le wolof pour les noms dans les programmes gouvernementaux et pour désigner des localités, des structures, des Sociétés publiques ou des Sociétés d’économie mixte, etc..

Certes, toutes les langues se valent, sont d’égale dignité. Expliquez-nous alors de quel droit vous vous permettez, vous-même, Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE, de dire qu’il est temps de promouvoir le wolof au rang de « langue officielle, à côté du français », de langue co-officielle de la République du Sénégal ?

Non, Monsieur ! Le wolof n’est parlé qu’au Sénégal, en Gambie et au sud de la Mauritanie, mais pas au Mali ni dans les deux Guinée. Ceux qui parlent wolof  au Mali et dans les deux Guinée sont plutôt des immigrés sénégalais.

Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE n’est pourtant pas dans l’ignorance de ce que le pulaar également, au-delà du Sénégal (où, soit dit en passant, il compte de loin le plus grand nombre de locuteurs natifs) est largement parlé en Gambie, en Mauritanie, dans les deux Guinée, au Mali, mais en plus au Niger, au Nigéria, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Libéria, en Sierra Léone, au Cap-Vert, au Ghana, au Togo, au Bénin, au Cameroun, en République Centrafricaine (RCA), au Tchad, au Soudan et un peu moins en Algérie, au Caire et en Ethiopie ! Comparez, cher Monsieur KANE et dites-nous s’il y a vraiment photo !

Donc, si le choix de la langue doit être fondé sur « des raisons de réalisme linguistique et d’intelligence stratégique », convenons qu’en regard de ce qui précède, Monsieur KANE et ses amis manquent tous de réalisme et d’intelligence ! Car encore une fois, le pulaar compte non seulement le plus grand nombre de locuteurs natifs au Sénégal, mais est également la langue la  mieux préparée dans le domaine de l’intégration africaine ; parce que parlée dans au moins vingt-trois (23) pays, alors que le wolof n’est parlé que dans trois (03) pays uniquement ; tout comme dans le domaine des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.

f)-« Il y a une centaine d’années, l’allemand était dans le monde une réalité dans le domaine scientifique et le français dans le domaine de la diplomatie. L’heure est à l’anglais et au chinois. Le temps viendra où ce sera celle de l’espagnol, de l’arabe ou du pulaar. Pourquoi donc nous interdire la préparation à de telles éventualités… »

Nde wojere ƴoƴi ndee, fayi ko ladde! Ndeen noon anndu a famɗirii wiyde aɗa fuunta min, Kan’yel!”

En vérité, une menace pèse dès qu’une langue n’est plus en état d’expansion, qu’elle perd une partie de ses fonctions de communication, qu’elle n’est plus pratiquée quotidiennement pour les besoins usuels de la vie, qu’elle n’est plus rentable au plan économique. C’est connu : l’uniformisation constitue, à long terme, une menace pour le genre humain, alors que la diversité linguistique est un atout pour l’humanité. Des penseurs ont étudié minutieusement la question, pour aboutir à la conclusion que lorsqu’une culture est assimilée par une autre, la langue menacée finit, à terme, par disparaître. C’est à cela qu’on veut nous mener. Nous disons niet ! Nous disons non à cette menace de notre humanité qu’est l’uniformisation ! Que le wolof attende !

La disparition des langues devrait nous préoccuper au même titre que celle des espèces animales ou végétales. Il est unanimement admis que si la multiplicité des cultures est une condition nécessaire pour un développement humain réussi, alors la préservation de la diversité linguistique est essentielle, puisque les langues écrites et orales sont le principal mode de transmission des cultures.

Nous ne différerons pas l’utilisation du pulaar. Nous pratiquerons notre langue au quotidien et invitons les Autorités sénégalaises compétentes à nous accorder ce qui nous revient de droit en vertu de la Constitution de la République. Il nous revient, concernant la question des langues nationales, que certains semblent adhérer au mythe de Babel, suivant lequel la multiplicité des langues serait plus une malédiction « imposée par Dieu comme châtiment à l’orgueil débordant de l’humanité », qu’un bienfait émanant du Tout-Miséricordieux, du Très-Miséricordieux. Or, rien n’est moins vrai. Plutôt que la paix, un monde monolingue a le plus souvent été source de tension.

En effet, la majeure partie des atrocités commises dans le monde à ce jour, de l’holocauste juif au génocide rwandais, ont été engendrées par des sentiments de mépris de certains envers d’autres. Les atrocités commises au Cambodge, au Vietnam, en Yougoslavie, en Irlande du Nord et, plus près de nous aussi bien dans le temps que dans l’espace, au Rwanda, au Burundi, en Côte d’Ivoire, sont encore fraîches dans nos mémoires. De nombreuses Nations réputées grandes qui avaient opté pour l’unilinguisme, ont connu des guerres civiles (qu’Allahu Ta’aalaa nous en préserve) ; la langue étant le plus grand emblème d’une communauté. Nous gagnerions donc à nous instruire par la négative de ces expériences.

g)-« …nous devons nous cramponner à nos langues nationales tout en défendant, à travers nos médias et nos écrits, le principe de la diversité linguistique et culturelle tant au niveau national qu’à l’échelle universelle…C’est la diversité qui confère le dynamisme culturel au niveau national quand il est respecté au niveau local. »

Contrairement à ce que Monsieur Mouhamdoul Mokhtar KANE et ses compères feignent défendre, l’Etat du Sénégal a tout mis en œuvre pour imposer le wolof comme seule langue de travail dans les programmes éducatifs, les médias et l’espace public ce, avec les biens de tous les Sénégalais, avec les biens communs aux Sénégalais de toutes les Ethnies.

Nous l’avons régulièrement dénoncé, c’est avec l’argent de tous les Sénégalais sans exclusive que la Maison de la Presse a été construite, de 2007 à 2012, que le fonds d’appui à la presse d’un montant de 1 400 000 000 de F CFA était accordé, avant d’être porté, en novembre 2023, à 1 900 000 000 F CFA. C’est également au nom de tous les Sénégalais que la dette fiscale qui s’élevait à plus de 40 milliards de F CFA  et les redevances des entreprises de presse d’un montant de 30 milliards de F CFA (soit plus de 70 milliards de F CFA au total) ont été épongées en mars 2024 par Monsieur le Président Macky SALL, votre prédécesseur, et que la redevance des télévisions et radios qui s’élevait mensuellement à 1 000 000 de F CFA a été ramenée à 500 000 F CFA, donc réduite de moitié, etc..

Ce n’est pas avec l’argent de nos parents de l’ethnie wolof uniquement que la RTS a été créée et son personnel régulièrement rémunéré depuis qu’elle a vu le jour ! Pareillement, ce n’est pas avec l’argent de nos parents de cette même ethnie uniquement que le nouveau siège de la RTS d’un coût de 33 865 000 000 de F CFA a été construit et que des parcelles de terrain à usage d’habitation (une mesure que nous saluons) leur ont été accordées à Diamniadio (pour certains) et dans la zone aménagée de Thiès  (pour d’autres), etc. !

Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE sait parfaitement que nous défendons le multilinguisme depuis des lustres. Mais personne ne veut nous suivre sur ce terrain qui est pourtant la voie royale menant vers le succès d’une politique linguistique viable, digne de ce nom. Hélas ! Il existe dans ce pays une race de personnes qui milite en faveur de l’unilinguisme, qui tient même à ce que le wolof soit imposé, s’il le faut. Sont de ceux-là, des gens comme l’ancien Président Macky SALL, comme l’actuel Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique Alioune SALL, l’expert en communication, Chercheur et écrivain Mouhamadoul Mokhtar KANE, les journalistes Pape Samba KANE, Abdou Salam KANE ou encore Amadou Elimane KANE, etc..

Dans une contribution publiée dans le journal Le Quotidien des 07 et 08 Février 2015 intitulée « Cheikh Anta Diop, un bâtisseur : Un Etat fédéral, un des leviers de la renaissance africaine ». M. Amadou Elimane KANE a proposé aux autorités compétentes de chaque pays africain d’imposer purement et simplement la langue qui y est supposée majoritaire. D’après lui, « l’unité linguistique passe d’abord par l’élimination de toutes les langues minoritaires et l’imposition d’une langue unique. » C’est ainsi que pour lui, s’agissant du Sénégal, « la langue wolof doit être imposée sur toutes les communautés du pays et remplacer le français. »

Ecoutons à nouveau le Président Samba Diouldé THIAM dans sa plaidoirie en faveur du multilinguisme dont la mise en œuvre requiert, à son avis (que nous saluons avec déférence) « de l’intelligence, du doigté, de la précaution et s’étendra sur quelques décennies. Mais ce ne sera que mise en œuvre, d’une vision, qui est le multilinguisme, à savoir la possession d’au moins trois langues, par tout élève qui termine le cycle primaire. La traduction de cette vision pour le Sénégal : au moins deux (2) langues nationales plus le français. »

Donc, encore une fois, pour le Pr Samba Diouldé THIAM, c’est le multilinguisme à au moins trois langues (deux langues nationales au moins en plus du français) qui s’impose.

2)-Débaptiser la ville de Saint-Louis                

a)-« Avec l’avènement de Pastef / Les Patriotes au pouvoir, tous les espoirs sont permis et l’on est en droit d’être optimiste pour une accélération de ce processus…sa (NDLR : Monsieur le Premier Ministre Ousmane SONKO) volonté, il y a quelques années, d’avoir voulu changer les noms de certaines rues de Ziguinchor portant des noms de colons. Force est de constater que les Sénégalais, ou du moins, la nouvelle génération manifeste, à bien des égards, un désir irrépressible de se réapproprier nos systèmes de valeurs…Je le perçois dans l’attitude des jeunes de Saint-Louis qui ne veulent pas entendre parler d’un retour de la statue de  Faidherbe sur la place de Baya Ndar. »

Nous aussi, sommes d’avis que la statue de Louis Léon César Faidherbe, ancien Gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861 puis de 1863 à 1865 n’a sa place ni à Saint Louis du Sénégal, ni dans aucun autre coin du Sénégal, ni dans le reste de l’Afrique, d’une manière générale ! Que donc Son Excellence Monsieur le Président Emmanuel MACRON vienne chercher la statue de son Général de malheur dont la haine envers Son Eminence Cheikh El Hadj Omar TALL et tous les combattants anticolonialistes n’avait d’égal que son amour irrésistible et son appétit insatiable pour nos  richesses.

Qu’il vienne nous débarrasser à jamais de la statue de ce tyran sanguinaire qui, dans une lettre adressée à sa mère en juin 1851, depuis l’Algérie où il était en stage, se vantait de son funeste exploit auprès de sa génitrice: « J’ai détruit de fond en comble un charmant village de deux cents maisons et tous les jardins. Cela a terrifié la tribu qui est venue se rendre aujourd’hui ».

Qu’il vienne ôter la statue de cette créature raciste aux instincts brutaux qui, en 1859, écrivait que «Les Noirs font de bons soldats, parce qu’ils n’apprécient guère le danger et ont le système nerveux très peu développé» ; que « L’infériorité des noirs provient sans doute du volume relativement faible de leur cerveau. »

Qu’il vienne dégager loin de notre pays et de notre continent la statue de ce brigand qui a incendié nos villages, pillé, volé nos biens, violé et fait violer nos filles. Il avait en effet fait de l’innocente Diocounda SIDIBE, une jeune fille de quinze (15) ans, son esclave sexuelle préférée. Son adjoint et successeur s’était, lui, rué sur une jeune Pullo du nom de Maïram (rebaptisée Marie) qu’il emmena même en France où il la présentera comme étant sa servante !

Dans son « ESSAI SUR LA LANGUE POUL ET COMPARAISON DE CETTE LANGUE AVEC LE WOLOF, LES IDIOMES SÉRÈRES ET LES AUTRES LANGUES DU SOUDAN OCCIDENTAL », Louis Léon César Faidherbe a écrit « Qu’il y a un proverbe à Saint-Louis qui dit que si l’on introduit une jeune fille poul (Pullo) dans une famille, fût-ce comme servante, comme captive, elle devient toujours maîtresse de la maison. »

Qu’il vienne nous désencombrer de la statue de ce criminel, cette brute sanguinaire, auteur d’œuvres les plus basses qui, pour la « faute » commise par un seul, se « vengeait » sur des centaines d’autres, qui incendiait tout un village au motif que l’un de ses ressortissants aurait fauté !

Que la France vienne vite rapatrier la statue de cet homme ivre du sang de nos martyrs, qui incitait à la haine envers les authentiques résistants à la colonisation française, en particulier les Fulɓe / Toucouleurs qu’il considérait, à juste titre, comme les plus grands ennemis de la France coloniale et qu’il incitait les autres Ethnies à haïr : «Parmi les populations indigènes que nous avons eu à coloniser, il y a une ethnie qui n’acceptera jamais notre domination. Et il se trouve que cette ethnie est très répandue sur notre espace de colonisation. Il est urgent et impératif, pour notre présence en Afrique, de réussir à la diviser et leur opposer les autres ethnies moins rebelles. Car le jour où les Peuls se regrouperont, ils pourront balayer sur leur passage toutes les forces coloniales».

Hors donc de chez nous tout ce qui rappelle cet homme cruel qui se plaisait à répandre le sang d’innocentes personnes, cet auteur au Sénégal et dans d’autres pays africains d’un véritable holocauste qui dépasse l’ordinaire en regard de son caractère barbare! Quelle honte que de voir au cœur de Guet-Ndar, le quartier mythique de Saint-Louis du Sénégal, gravé sur la statue de cette brute : « A son gouverneur Louis Faidherbe, le Sénégal reconnaissant. »

Et vivement la construction, en lieu et place, d’un cénotaphe, ou d’un monument (si l’Islam ne s’y oppose pas) en l’honneur de Cheikh El Hadj Omar TALL, ou encore d’un petit bâtiment (dans lequel seraient exposées certaines reliques incluant le supposé sabre du saint homme, restitué par la France coloniale) trônant majestueusement sur la « Place Baya-Ndar » !

Car de l’avis même des différents Gouverneurs, Administrateurs et autres explorateurs français (Louis Léon César Faidherbe, Le Colonel Louis ARCHINARD, Yves-Jean Saint-Martin, Eugène MAGE, Jules BELIN de LAUNAY, Robert CORNEVIN, etc.), c’est Son Eminence Cheikh El Hadj Omar TALL et ses disciples Fulɓe / Toucouleurs en général, qui ont été les adversaires les plus résolus face à Faidherbe et ses partisans (Cf. Suite et fin de notre Réponse à Diawdine Amadou Bakhaw DIAW, publiée par SenePlus du 22 juillet 2024).

Ce ne serait donc que juste que le nom du saint homme remplaçât celui du Gouverneur colonial à la « Place Baya-Ndar ». Encore que l’ancien Lycée Faidherbe de Saint-Louis porte depuis fort longtemps le nom de l’illustre saint homme de Halwar et de Bandiangara. Le non moins mythique Pont Faidherbe doit également être rebaptisé Pont Cheikh El Hadj Omar TALL !

c)-« …D’ailleurs, Saint-Louis doit être débaptisé au profit de son nom authentique issu de notre patrimoine : NDAR… »

Il conviendrait d’abord de rappeler qui était Saint Louis dont le nom a été donné à l’ancienne capitale du Sénégal, afin de permettre aux Sénégalaises et aux Sénégalais d’apprécier la pertinence ou non de cette proposition et, en conséquence, de motiver leur choix en bonne connaissance de cause, le cas échéant.

Disons, en résumé, que d’après Wikipédia (encyclopédie en ligne), Louis IX, dit « le Prudhomme » et plus communément appelé Saint Louis, était un roi de France né le 25 avril 1214 à Poissy et mort le 25 août 1270 à Carthage, près de Tunis. Il régna pendant plus de 43 ans, de 1226 jusqu’à sa mort. Considéré comme un saint de son vivant, il fut canonisé par l’Eglise catholique en 1297.

Neuvième roi de France issu de la dynastie des Capétiens directs, il était le quatrième ou cinquième enfant et deuxième fils connu du roi Louis VIII, dit « Louis le Lion », et de la reine Blanche de Castille, de laquelle il reçut une éducation très stricte et très pieuse durant toute son enfance.

Aîné des membres survivants de sa fratrie, il hérita de la couronne à la mort de son père, alors qu’il n’était âgé que de douze ans. Il a été sacré le 29 novembre 1226 en la cathédrale de Reims, mais c’est la reine mère qui, conformément au testament de Louis VIII, exerçait la régence du royaume jusqu’à la majorité du nouveau monarque.

Devenu adulte, Saint Louis mit fin au conflit entre Capétiens et Plantagenets et se soucia de l’extension du domaine royal, auquel il rattacha notamment les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne, tout en consolidant sa souveraineté sur la Normandie, l’Anjou, la Touraine, le Maine et le Poitou.

Il mena un règne inspiré des valeurs du christianisme qui contribua à fonder l’idée que les pouvoirs spirituel et politique pouvaient être incarnés par un seul homme. Il atténua les excès de la féodalité au profit de la notion de bien commun et développa la justice royale, où le souverain apparaissait comme le grand justicier. De cette manière, il fit progressivement passer la France d’une monarchie féodale à une monarchie moderne, ne reposant plus seulement sur les rapports personnels du roi avec ses vassaux, mais sur ceux du roi en tant que chef de l’Etat avec ses « sujets ».

Saint Louis fut un roi réformateur qui voulait léguer un royaume dont les sujets seraient soumis à un pouvoir juste : il renouvela la « quarantaine-le-roi », ordonna la présomption d’innocence, atténua l’usage de la torture, interdit l’ordalie et la vengeance privée et institua la supplication consistant à pouvoir faire appel au roi pour l’amendement d’un jugement. Sa réputation dépassant les frontières du royaume, son arbitrage était parallèlement sollicité par les différentes monarchies d’Europe. Il établit également dans le royaume une monnaie unique et se fit l’instigateur des institutions qui devinrent le Parlement et la Cour des comptes. Très pieux, il fit d’autre part construire plusieurs églises, abbayes et hospices, vint en aide aux plus faibles, travailla à la conversion des princes mongols, soutint la fondation du collège de Sorbonne et se procura des reliques de la Passion pour lesquelles il fit construire la Sainte-Chapelle en 1242.

Conformément à son vœu prononcé à la suite d’une grave maladie, puis confirmé à la suite d’une guérison dite miraculeuse, Saint Louis partit se battre avec ses frères Robert d’ArtoisAlphonse de Poitiers et Charles d’Anjou, en Egypte, lors de la septième croisade. A son retour, alors qu’il était persuadé que son échec était dû à l’état d’immoralité du royaume, il travailla à renforcer son autorité et à rétablir la moralité chrétienne. Il décida ainsi de punir le blasphème, les jeux d’argent, les prêts à intérêts et la prostitution ; il tenta également de convertir au christianisme de gré ou de force les Juifs de France. A cette fin, il finit par leur imposer diverses mesures, dont le brûlement du Talmud et, vers la fin de son règne, le port de la rouelle.

Enfin, en 1270, il repartit en Tunisie pour la huitième croisade, au cours de laquelle il mourut de maladie. La peste, la dysenterie et le typhus eurent tour à tour été évoqués ; en 2019. Des analyses montrèrent cependant que le roi était gravement atteint de scorbut, et peut-être de bilharziose.

Sous l’impulsion de son petit-fils Philippe IV le Bel, il fut canonisé le 11 août 1297 sous le nom de saint Louis de France par le pape Boniface VIII. Sa fête liturgique est fixée au jour anniversaire de sa mort, c’est-à-dire le 25 août. Aujourd’hui considéré comme un monarque ayant offert à la France un renouveau économique, intellectuel et artistique, il est considéré comme l’un des trois grands Capétiens directs avec son grand-père Philippe II Auguste et son petit-fils Philippe IV le Bel.

Saint Louis était un roi Chrétien et avait, à ce titre dirigé, il est vrai, les septième et huitième croisades contre les Musulmans, respectivement de 1248 à 1254 (campagne militaire qui avait pour objectifs de conquérir l’Egypte et de s’emparer de Jérusalem), puis en 1270 consécutivement aux menaces que le sultan Mamelouk Baybars ferait peser sur les Etats latins d’Orient), période au cours de laquelle environ 15000 Croisés débarquèrent près de Carthage en Tunisie où ils ont été terrassés par la dysenterie et le typhus ; échec qui marqua la fin des grandes croisades.

Mais les Musulmans que nous sommes devons néanmoins reconnaître les nombreuses qualités chères et même sublimées en Islam, en particulier dans les domaines des mœurs, de la justice et de la bonne gouvernance (qualités qui font défaut à de nombreux musulmans d’hier comme d’aujourd’hui) dont était notamment pourvu le roi Saint Louis. Celui-là était Saint Louis dont l’ancienne capitale sénégalaise porte le nom !

Si malgré tout, Saint-Louis du Sénégal doit être rebaptisé, que ce soit alors du nom de son fondateur : NDERY (et non NDAR) SOW ! NDERY SOW est bien le nom du fondateur de la ville sénégalaise de Saint-Louis ! Oui, Monsieur l’Expert en communication, Directeur associé du Cabinet KNG Consulting, Chercheur en civilisation musulmane et en relations internationales, écrivain : NDERY SOW était le fondateur de NDAR (une déformation de NDERY peut-être) qui allait devenir Saint-Louis du Sénégal !

Si Saint-Louis doit malgré tout être débaptisé, que d’autres rues et places sénégalaises portant, à Dakar et ailleurs dans d’autres contrées du pays, des noms d’hommes sûrement moins valeureux et moins vertueux que le roi Louis IX, le soient aussi et d’abord. Nous voulons parler notamment des rues et places dénommées, rien que dans la capitale sénégalaise : Faidherbe,  Escarfait,  Pinet Laprade,  Maurice Delafosse,  Gambetta,  Blanchot,  Léon Delmas,  Carnot,  Adrian,   Alfred Goux ,  André Lebon ,  Aristide Le Dantec,  Armand ,  Berenger,  Berthe Maubert,  Bouflers,  Braconnier,  Belfort,  Emile Zola,  Franklin Roosevelt,  Charles de Gaulle ,  Jean Jaurès,  Jacques Bugnicourt,  Jules Ferry,  Jean XXIII,  Léo Frobenius,  Malenfant,  Mangin,  Monteil,  Noel Balley,  Petersen,  André Peytavin,  Washington,  Parchappe,  Parent,  Paul Holle,  Pierre Martin,  Rocade Fann Bel-Air,  René Caillé,  Robert Bru ,  Valmy,  Victor Hugo,  Félix Faure, etc..

Il faudra alors, pour la rebaptisation des rues, places, quartiers et villes, nommer une Commission absolument neutre, intègre et inclusive, radicalement différente de celle qui a rédigé la pseudo « HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL : DES ORIGINES A NOS JOURS ».

d)-« …Je le perçois aussi à travers les œuvres d’éminents écrivains tels que Boubacar Boris Diop et Cheikh Aliou Ndaw qui publient en wolof. Des auteurs qui font partie des rares intellectuels ayant compris les enjeux du futur. »

Mais combien de fois faudra-t-il répéter que la bibliothèque peule est riche d’au moins dix mille (10 000) ouvrages rédigés en pulaar rien que par des écrivains Fulɓe du Sénégal et de la Mauritanie ? Ou bien l’écrivain Mouhamadoul Mokhtar KANE hait-il lui également les Fulɓe au point d’être incapable d’admettre que ces derniers puissent publier en pulaar ? Quel problème a-t-il lui aussi avec ceux qui l’ont certainement vu naître et grandir ?

Ressaisissez-vous tous pendant qu’il est encore temps, au lieu d’être des complices de cette œuvre satanique de crucifixion de cette ethnie-que dis-je-de cette Nation peule dont vous êtes issus !

Fait à Dakar, le 20 août 2024

Le Président de Kawtal Pelle Fulɓe (Collectif d’Associations de Fulɓe)

El Hadj Boubou SENGHOTE







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