Nous marchons sur des œufs. L’autre écrivain listait : ”la raison est Hélène et l’émotion est nègre”. Ce qui est parfois irritant c’est que nos pires adversaires sont en fait membres de la grande famille. Nous vivons une sorte de crise des mémoires. La mémoire historique s’est déconnectée de nos prismes contemporains. Devant la complicité des élites, nous devons chercher à nous réinventer. L’émotion ne doit pas remplacer la raison. Les deux constituent la partie prismatique d’un renouveau…
Mémoire des figures emblématiques de l’Histoire Coloniale
Il y a près de quatre-vingts ans, en décembre 1944, les massacres de Thiaroye ont marqué l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire coloniale française. Des centaines de tirailleurs africains, qui avaient courageusement combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, furent exécutés par l’armée française dans le camp de Thiaroye, simplement parce qu’ils réclamaient justice et reconnaissance pour leurs sacrifices.
Ces âmes brisées attendaient qu’un digne fils de l’Afrique exige enfin la vérité et la reconnaissance de cette tragédie. Ce fils est arrivé sur le sol béni du Sénégal : le Premier ministre prodige, M. Ousmane Sonko, sous la présidence du téméraire fils de Ndiaganiao, le Président Bassirou Diomaye D. Faye.
Je tiens à souligner le courage et la dignité exemplaires du valeureux Premier ministre sénégalais, Monsieur Ousmane Sonko, qui, avec une lucidité admirable, a affirmé : « Ce n’est pas à [la France] de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent ».
Cette déclaration puissante résonne non seulement à Thiaroye, mais aussi à Brazzaville, à Antananarivo, à Alger, à Tunis, à Bordeaux, à Casablanca, à Constantinople, à l’île d’Elbe, à Điện Biên Phủ, à Yaoundé où Ruben Um Nyobè demande à être réhabilité, et à Moramanga, où les fusillés du 5 mai 1947 attendent toujours la vérité. Elle incarne un appel à la justice et à la reconnaissance des sacrifices inestimables consentis par tant de nos ancêtres. Elle témoigne de la volonté inébranlable du Premier ministre M. Ousmane Sonko de défendre la mémoire de ceux qui ont été injustement oubliés et de revendiquer leur droit légitime à la dignité et à la réparation.
Ce texte rend un hommage appuyé à la déclaration historique de M. Ousmane Sonko, tout en reconnaissant son courage et son engagement inébranlable pour la justice. Nous sommes bien loin des amateurs de compromis.
Réhabilitations de l’histoire et enjeux de pouvoir
Cette contribution fait échos à un autre massacre perpétré le 20 juin 1940 par les hommes du III Reich à Chasselay Neuville (Rhône, France) ou reposent 188 soldats africains. Ils étaient originaires du Sénégal, du Tchad, du Mali, de la Cote d’ivoire, de la Guinée ou encore de la Mauritanie. Pour beaucoup de militaires allemands, ces combattants noirs n’étaient pas des soldats, pas même des hommes.
Dans un contexte d’après-guerre marqué par l’amnésie coloniale et la hiérarchie raciale de l’époque, la France ne réclamera jamais justice pour les crimes de guerre perpétrés contre les soldats africains, sacrifiant ainsi la mémoire de ceux qui avaient combattu pour elle. Contrairement au Royaume Uni, qui a engagé des poursuites pour les exactions commises par les soldats allemands.
Un précieux vestige : la restitution de la tête de notre héros Diery Dior Della
Cette figure emblématique de la résistance sénégalaise contre l’oppression coloniale française au début du XXe siècle, demeure un symbole de courage et de détermination dans la quête de liberté. Sa tête, emmenée en France après son exécution en 1905, demeure à ce jour hors de notre sol, privant notre nation de la possibilité d’honorer pleinement sa mémoire.
Aujourd’hui, Diery Dior Della est commémoré comme un héros national au Sénégal. Son histoire incarne la résistance contre l’injustice coloniale et le sacrifice ultime pour la liberté et la dignité du peuple sénégalais. Il reste une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures dans la lutte pour l’indépendance, la souveraineté et la justice.
A l’instar du massacre de Thiaroye en décembre 1944, de celui de Chasselay Neuville dans le Rhône et/ou l’entame de négociations nécessaires avec l’ancienne puissance coloniale pour obtenir la restitution de la tête de Diery Dior Della. Ces symboles sacrés revêtent une portée historique immense pour le Sénégal et l’Afrique. Un tel geste renforcerait les liens de respect mutuel entre nos deux nations et constituerait une reconnaissance symbolique de nos héros oubliés.
La prise de conscience récente met en lumière l’importance de la reconnaissance historique des massacres tout en soulignant le rôle déterminant du Premier ministre sénégalais M. Ousmane Sonko dans cette quête de justice.
Abdu Dialy,
Riverain du Saint Laurent
Canada