Le Sénégal comme tout pays a besoin de sa vaillante jeunesse et tirer de celle-ci des dividendes démographiques pour construire durablement notre pays. L’immigration irrégulière et les tragédies qu’elles provoquent dans _le ventre de l’atlantique_ et dans la Méditerranée ont pris une ampleur inquiétante ces derniers mois et doivent interpeller toute la nation sénégalaise. Nous nous inclinons devant la mémoire des disparus. Nos condoléances à leurs familles, parents, époux, épouses, enfants, collègues et amies. Que Dieu les agrée au Paradis. Chacun de nous doit réfléchir sur comment apporter sa pierre pour coconstruire l’idéal d’une jeunesse qui recentre ses ambitions et son avenir dans son pays pour un Sénégal prospère.
Nous sommes tous interpellés ! D’abord un discours présidentiel engageant qui dessine les contours d’une stratégie nationale pour la jeunesse est nécessaire. Son Excellence le Président de la République du Sénégal devrait appeler cette jeunesse pour une conversation franche et directe car il a l’âge de ceux qui prennent les pirogues et donc comprend leur mindset. Il est en mesure de les convaincre de rester ici pour bâtir leur pays. Un discours fort et rassurant avec des propositions concrètes pour trouver des solutions d’employabilités sur le moyen terme. L’expertise de notre armée pourraient être également mise à contribution pour une formation en masse des jeunes aux métiers dont le marché sénégalais et sous-régional a besoin. Deux années de formation rémunérée dans l’armée avec au finish un métier et un financement après compétition de pas moins de 1000 entreprises de jeunes par la DER fj et autres structures affiliées. Refonder le Fonds National de Promotion de la Jeunesse (FNPJ) doit être une priorité. L’heure est également venue d’exploiter le réservoir de possibilités que nos foyers religieux peuvent offrir quant à l’emploi des jeunes et leur stabilité socio-économique. Des structures qui organisent les grandes actions et en lesquelles les sénégalais se reconnaissent et ont confiance comme Touba ci kanam, Coskas, l’église ou toute autre plateforme doivent aider à organiser les jeunes et contribuer à trouver un consensus fort et des solutions innovantes ancrées dans nos réalités socio-culturelles. En outre, inviter le privé national à participer à la réflexion sur la problématique de notre jeunesse avec des mesures fiscales incitatives pour des emplois, et autres stages en entreprises avec des résultats mesurables dans tous les domaines notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’agro-industrie, des Btp, de l’artisanat…
Le rôle de l’Etat est de créer les conditions d’employabilité avec une maîtrise du marché de l’emploi. Instaurer un dialogue permanent avec le secteur privé pour trouver les niches et anticiper l’évolution du marché de l’emploi. Par ailleurs, des projets visant l’équité territoriale peuvent aussi constituer un puissant levier pour fixer les populations dans leurs terroirs respectifs. Les travaux qui accompagnent sa mise en œuvre devraient faire appel à une forte main-d’œuvre. L’heure est à une responsabilité collective. Posons-nous chacun la question : qu’est-ce que nous pouvons faire pour stopper cette tragédie ?
Dr. Moussa Sow
Enseignant -chercheur Université Gaston Berger, Stlouis