La dissolution de l’Assemblée nationale n’était pas le coup d’éclat de la soirée d’hier. Car la décision n’a pas pris de court les observateurs de la vie politique nationale. En effet, au lendemain de l’élection du président Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour du scrutin du 24 mars dernier avec 54 % des voix, tout le monde savait que l’Assemblée nationale vivait ses derniers jours. D’ailleurs, les députés de cette piètre 14e législature doivent s’estimer heureux d’avoir été maintenus en coma artificiel sept mois durant en bénéficiant de leurs avantages et indemnités parlementaires.
Alors que le président de la République nouvellement élu avait toutes les armes constitutionnelles pour dissoudre l’Assemblée nationale dès le lendemain de sa prestation de serment. Donc selon la Constitution, le président de la République pouvait dissoudre l’Assemblée nationale immédiatement. Et il l’a fait tardivement ! Cependant pour deux réserves, politiquement parlant.
La première : pour prononcer la dissolution, il faut une raison politique et faire la preuve que l’Assemblée, telle qu’elle est, n’est pas en état de soutenir la politique du nouveau gouvernement. La deuxième considération, circonstancielle, est qu’il était juridiquement difficile de dissoudre avant le 12 septembre 2024 à minuit. Ce en vertu du délai constitutionnel des deux ans exigé dans l’article 87 de la Constitution. Hier, toutes ces conditions étaient réunies pour que le président Bassirou Diomaye Faye annonce la dissolution de l’Assemblée nationale ayant pris effet ce vendredi 13 septembre 2024 dès 00H 01.
Toujours est-il que cette dissolution a été accueillie avec allégresse par les Sénégalais. Une chambre basse qui ramait à contrecourant de la volonté populaire en rejetant tous les projets de loi visant à assainir les finances publiques comme la suppression des deux institutions budgétivores que sont le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Donc plusieurs raisons expliquent qu’au Sénégal, la dissolution de l’Assemblée nationale soit considérée comme prioritairement réservée au règlement de crises majeures dans l’hémicycle.
Dans ces conditions, tout ce qui est susceptible d’opérer comme un moyen de résoudre pacifiquement les tensions dans les votes de projet de loi est le bienvenu et la dissolution en fait partie ! Face à cette situation de veto « bloquant » que comptait toujours imposer la majorité sous manœuvre de l’ancien président Macky Sall, le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye est appelé à se donner une majorité écrasante à la prochaine législature.
Politiquement, le contexte était tellement épineux pour lui, avec un gouvernement minoritaire à l’Assemblée nationale où une motion de censure se faisait si pressante qu’il fallait prendre les devants pour décréter la mort de cette 14e législature. Ce qui a été fait hier assorti de la fixation de l’élection de la 15e législature pour le 17 novembre prochain. Tout cela pour renvoyer dos à dos le déni de démocratie auquel se livrent le pouvoir de Pastef et l’opposition Apr/Benno en l’absence de majorité absolue et devant l’incapacité de l’Assemblée nationale à trouver un large consensus.