Cela commence toujours avec les meilleures intentions : au nom de la justice et de l’intérêt général, il est impératif de traquer tous ceux qui ont indûment profité de l’argent public. L’histoire récente du Sénégal ou celle d’autres pays nous apprend pourtant à être très exigeants dans cette quête de Justice, surtout quand l’agenda judiciaire se superpose au calendrier électoral.
Car pour satisfaire la vindicte populaire, on s’autorise souvent à malmener la liberté et à détourner le droit. C’est ainsi qu’au Sénégal, le régime actuel suit les traces du Tunisien Kaïs Saïed, piétinant la démocratie sans sourciller.
Des juges sont punis par des affectations arbitraires aux airs de vengeance ; l’Assemblée nationale est paralysée par la ruse et le mensonge ; une partie significative de la presse est diabolisée et accusée d’être alliée à l’opposition. Dans le même temps, des citoyens sont privés de leur liberté de mouvement, dans l’opacité la plus totale, en violation flagrante des principes fondamentaux du droit.
Pour reprendre les mots de Martin Luther King, ce dont nous nous souviendrons à la fin, ce ne sera pas tant des actes des partisans du nouvel ordre, mais du silence des défenseurs de la liberté. C’est pour cette raison que je ne saurais garder le silence devant le cri du cœur de Manar Sall, que je ne connais pas par ailleurs.
La force d’un État réside dans son respect du Droit, et non dans la soumission de ce dernier à la « sainte » volonté des tenants d’un « Projet » que personne ne peut définir. Notre histoire récente en témoigne.