Sans prétendre incarner le Nouriel Roubini du Sénégal, j’avais accordé une interview le 26 juin dernier où j’alertais sur les risques budgétaires qui planaient sur le Sénégal. Fausse modestie ni vanité feinte mises à part, le rapport de la dernière mission du FMI au Sénégal a confirmé nos analyses.
Mieux, l’exploitation du dernier Rapport d’Exécution budgétaire du Trimestre T21 renforce avec gravité nos analyses par :
La baisse globale de recettes près de 800 Mds de FCFA (T2/2023 Vs T2/2024)
La baisse des recettes issues de l’impôt sur les salaires et la main d’œuvre de près de 50%, passant de 21 Mds FCFA à 11 Mds.
Une chute des recettes sur le commerce extérieur de près de 100 Mds FCFA.
En un mot, malgré l’Eurobond de 450 Mds FCFA de juin dernier – qui n’a pas permis de repousser le mur de la dette, au contraire l’aggrave, 8125 Mds2 à payer d’ici 2027, force est de reconnaitre que la machine économique est grippée. Cela reste tributaire, me semble-t-il, à la pression fiscale combinée à une certaine raideur macroéconomique – désinvestissements (cf. usine de dessalement d’eau), climat des affaires tendu (renégociation des contrats oil & gas), remous sociaux (drame de l’émigration clandestine), bourrasque politique (année électorale et haute tension politique).
A cela s’ajoute un besoin pressant d’une feuille de route claire, lisible et articulée. Sans être Cassandre, je crains une croissance du PIB atone, voire molle cette année 2024, autour de 5% malgré l’entrée en production des hydrocarbures. Et mon honnêteté intellectuelle m’oblige à exprimer mon sentiment que les nouvelles autorités semblent au mieux attentistes, voire déboussolées face à l’ampleur des défis ; au pis se réfugiant dans du ponce-pilatisme (pas de LFR, ni de DOB.) Il est bien possible de redresser la barre de la conduite macroéconomique du pays, en sortant de la spirale de la dette extérieure, du keynésianisme infrastructurel et du saupoudrage actuel.
J’ai suffisamment développé mes arguments sur ce changement épistémologique qu’il faut apporter au modèle économique du Sénégal, qui se trouve dans un piège structurel. Il urge de l’en sortir rapidement.