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DÉbat Public, La Rengaine

Décidément, au Sénégal, les hommes passent à la tête de l’État mais le débat public reste le même. En effet, malgré l’accession à la magistrature suprême du Président Bassirou Diomaye Faye et de son équipe, les débats politiciens et les querelles politico-religieuses sont toujours en vogue, d’autant qu’une élection législative se profile encore à l’horizon.

Le Sénégal a traversé des moments de troubles marqués par des adversités voire des animosités politiques qui ont failli amener le pays au bord du gouffre. Heureusement qu’avec l’élection présidentielle de 2024, tout le monde était revenu à de meilleurs sentiments, espérant un souffle nouveau avec le nouveau régime incarné par le tandem Diomaye-Sonko et le Pastef.

Toutefois, la première mesure à prendre dans une stratégie de croissance et dans une dynamique de changement, c’est de savoir à quoi il faut renoncer, sinon les mêmes causes donneront les mêmes effets. Indubitablement. Et s’il est vrai que l’espace public est un espace de confrontation, force est de dire qu’il est aussi, pour reprendre Dominique Wolton, un espace de négociation. «Même si on n’est d’accord sur rien, il faut qu’on apprenne à ne pas se tuer et à apprendre à respecter un minimum de codes», ajoute le sociologue français, spécialiste patenté de la communication. Mais au Sénégal, les acteurs du débat public refusent de se débarrasser de «l’obsolète» et de «l’improductif». C’est la même antienne, encore et toujours. Les acteurs refusent d’élever le discours en élevant le langage. Certains tenants du pouvoir actuel et leurs acolytes, au lieu d’engager et d’orienter le débat sur les grandes réformes du «Projet», continuent leurs passes d’armes avec ceux qu’ils appellent de manière sarcastique la nouvelle opposition, survivance indépassable visiblement de leur passé d’opposants radicaux. Au grand dam ainsi de la sérénité politique qui sied à une nouvelle dynamique de changement.

Les partisans de Diomaye Faye ont besoin d’inventer un nouveau récit au sein de l’espace public où on débat de manière contradictoire mais constructive des grandes orientations de la nation, surtout dans un contexte où le FMI fait un diagnostic tout sauf reluisant de l’économie sénégalaise et que l’immigration irrégulière a repris de manière inquiétante, ces dernières semaines. Il y a vraiment matière à débattre dans l’espace public. Même son de cloche pour l’actuelle opposition qui, pour la plupart, refuse d’être objective dans ses analyses et saisit la moindre occasion pour crier «l’incompétence» d’un régime qui n’a pas encore fait une année. Il faut croire que certains opposants ont décidé d’appliquer de manière délibérée et irréfléchie la loi du talion aux actuels tenants du pouvoir. Et avec les élections législatives qui se profitent à l’horizon, les sénégalais auront droit aux mêmes querelles politiques faites d’invectives et de règlements de comptes. À cela viennent se greffer toutes les polémiques politico-religieuses qui s’incrustent dans le débat public ces derniers jours comme l’affaire Cheikhou Omar Diagne. Et certaines sorties, lors du Gamou qui est censé être un moment d’introspection et de ferveur spirituelle, maintiennent toujours l’espace public dans le statu quo. Et comme à l’accoutumée, les propos pour le moins incongrus de l’iconoclaste marabout Ahmed Khalifa Niasse occupent les médias. L’habitude est une seconde nature…







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