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Rapport Bloomberg Sur Les Obligations Du Senegal : Il N’y A Pas Le Feu !

Comme suite à différentes demandes reçues de plusieurs journalistes sollicitant notre modeste avis sur la position exprimée par Bloomberg sur les obligations du Sénégal et son éventuel impact sur l’économie du pays j’ai senti la nécessité de faire une réponse groupée. La voici.

Les obligations en dollars du Sénégal ont chuté après que le Fonds monétaire international ait déclaré que la situation budgétaire du pays africain risquait de se détériorer. Concrètement d’après Bloomberg, le rendement des obligations à échéance 2048 a grimpé de 14 points de base à 9,78 %. Pour rappel, une obligation représente une partie d’un emprunt émis par un État, une collectivité locale ou une entreprise. Souscrire des obligations revient à consentir un prêt à un taux d’intérêt et sur une durée (5 ans, 10 ans voire plus) connus dès le départ. Le souscripteur reçoit une rémunération annuelle, appelée coupon.

Si les taux montent comme ce que semble soutenir Bloomberg pour le Sénégal, le prix des obligations déjà émises diminue. Les investisseurs préfèrent en effet placer à des taux plus élevés et donc revendent les obligations qu’ils détiennent, ce qui pousse leur prix à la baisse. Ce n’est pas la première fois que Bloomberg annonce pour le Sénégal une baisse de ses obligations. Pour rappel, en mars 2024, sous l’ère de l’ancienne majorité, les obligations en dollars du Sénégal avaient connu une baisse de performance en raison de spéculations politiques. Ceux à échéance 2048 avaient connu une hausse significative de leur rendement à 9,93 %, plus que la hausse que vient d’annoncer Bloomberg (9,78%). Malgré cette chute des obligations en mars le Sénégal a continué d’accéder facilement aux marchés financiers aussi bien internationaux (eurobonds) que sous régionaux (emprunts obligataires et obligations assimilables du trésor (OAT) avec des taux corrects. Cette annonce de Bloomberg est pour moi un non événement pour deux raisons. D’abord, des baisses et remontées des obligations constituent des paramètres normaux sur les marchés financiers et n’empêchent pas un État de continuer sa politique d’endettement surtout pour le Sénégal qui entre dans une période d’exportation de pétrole et de gaz et qui jouit encore d’un statut respectable auprès de la communauté internationale. Ensuite, le rapport du FMI a souligné trois éléments assurément positifs pour l’économie sénégalaise à savoir une maîtrise attendue de l’inflation (1,5%), une amélioration de la balance courante (réduction du déficit à 12,7% du PIB). Sans oublier que le FMI s’est félicité des progrès réalisés par le Sénégal dans la mise en œuvre de l’ensemble des mesures recommandées par le Groupe d’action financière (GAFI) pour faciliter la sortie du pays de la «liste grise». Ce point est très important pour les investisseurs étrangers.

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Maintenant, ce qui me semble important, c’est que les nouvelles autorités du Sénégal communiquent au mieux sur la situation financière réelle qu’ils ont trouvé sur place en arrivant au pouvoir. Cela pourrait rassurer les marchés en montrant les efforts qui sont en train d’être mis en œuvre notamment en ce qui concerne la réduction du train de vie de l’État, la renégociation des contrats et cette volonté d’inscrire le Sénégal dans une nouvelle ère de rigueur économique éthique et financière.

Magaye GAYE

Économiste international

Ancien Cadre de la BOAD et du FAGACE







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