La campagne des élections législatives du 17 novembre 2024 bat son plein depuis une semaine. Quarante et une listes concurrentes dont quatre à cinq attelages de bêtes politiques qui recueillent l’attention de l’électorat.
Le reste du lot est composé de candidats presque inconnus au bataillon, et qui semble t-il ont adopté la politique de leurs modestes moyens loin de l’armada logistique des caravanes et meetings budgétivores et de leur tintamarre en privilégiant l’approche de proximité ou le porte à porte.
Le numérique fait son effet dans la sphère libérale avec des têtes de liste battant campagne via WhatsApp pendant que le PROS, héros des temps modernes, ennemi juré de la nouvelle opposition et objet de ses rengaines mutualisées déroule son rouleau compresseur sans merci.
Les états-majors se sont mis en branle, la substance et le chiffrage des programmes sont à peine évoqués, les polémiques et les invectives font florès. C’est le jeu normal de la démocratie, nous dirait-on. Ce qui n’a pas encore commencé, en revanche, c’est la campagne des idées. Les candidats peinent à présenter leurs projets à terme pour le pays qui a soif de renouveau…
De nombreuses questions restent en suspens, des débats cruciaux sont tus ou oubliés.
Pour nourrir le débat, le seul sujet de la jeunesse et par-delà, la capture de la dividende démographique aurait largement suffit à abonder dans les sens des aspirations des 3/4 de la population.
Une jeunesse malade de sa relégation
Qui peut oublier qu’on est face à une jeunesse désenchantée mais riche de son pouvoir instituant? On déchante, comme on dit, et on ne peut déchanter qu’après avoir chanté. Paradoxalement notre jeune relève est revenue de tout sans avoir été nulle part…
Des décennies qu’on s’interrogeait sur les modalités d’insertion professionnelle d’une jeunesse qui grinçait fortement des dents sur sa non reconnaissance dans l’espace public, dans le champ politique et économique, et qui dénonçait déjà les réalités et la violence de sa relégation.
Déshéritée par des gouvernants cupides, dépourvus de vision et par excellence briseurs de rêves et d’espoir juvéniles.
Éliminons l’hypothèse naïve que seuls les bancs de l’école construisent une jeunesse.
Il y a, pour le meilleur et pour le pire, d’autres canaux et lieux qui participent à cette construction ou castration d’un désir d’accomplissement.
Il y a la rue qui constitue l’étape temporaire à l’issue incertaine d’un processus social d’apprentissage qui déconstruit les rapports entre espace privé et espace public.
Il y a les médias : aux mains tantôt des garants de la démocratisation de bêtises sur fond de «temps de cerveau disponible », tantôt à celles de la fabrique d’une politique-spectacle, pâle mise en scène d’égos aussi boursouflés qu’impuissants à proposer le réenchantement d’un avenir pour les plus jeunes, enkysté dans le calendrier électoral.
Il y a la magie des réseaux sociaux qui entretiennent la douce illusion d’une communauté de connivences générationnelles malheureusement pénétrées par les vautours conspirationnistes fournissant gracieusement la juste dose de paranoïa.
Et il y a désormais la peur, le carburant le plus néfaste de l’inscription au monde.
Le pire, c’est qu’il n’y a pas de révolte dans cette désillusion, même s’indigner est au-dessus des forces de cette jeunesse oubliée. Quand on ne trouve plus un sens à sa vie, chez soi, l’ailleurs quoi qu’incertain devient un horizon de survie. Il résulte de cette tragédie une tristesse infinie, et bien souvent une amertume. On est morose dans la façon dont on accepte une situation qu’on sent sans issue.
Si on devait évaluer l’indice du bonheur national sous nos cieux, il friserait le ras de pâquerettes… La faute à qui?
Pour un référentiel de compétences et d’idées neuves…
Un référentiel de transformation structurelle vient de voir le jour, sous la houlette du nouveau régime souverainiste dirigé par le tandem Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye et qui espérons le, guidant l’élaboration de l’action envers la jeunesse, est lisible, vulgarisable et appropriable par tous. Autrement dit, qui nous indiquera clairement ce qu’affiche une ville, une région où une collectivité locale, comme ambitions et moyens chiffrés et planifiés pour sa jeunesse en général, et pour celle de ses quartiers populaires en particulier…
Comment s’organise l’offre en direction des jeunes et comment est-elle perçue par les professionnels d’une part et les jeunes, d’autre part ? Quels peuvent être les freins à une politique de jeunesse et comment les juguler ?
Ce qui pose la question du pilotage et de la coordination, de même que de la construction et de la mise en débat de cette politique avec ses différents enjeux.
D’autres sujets ne sont pas moins brûlants, toujours est-il que la démocratie vit de débats, d’idées, de confrontations intellectuelles, de propositions concurrentes. Il serait regrettable que ces joutes délibératives se réduisent à des querelles de personnes et des jeux d’appareils.
Les sciences sociales, qui contribuent à produire des idées neuves, doivent nécessairement entrer en campagne !
Khady Gadiaga, 03 novembre 2024
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