«Quand on perd une élection, on accepte. Cela distingue la démocratie de la monarchie ». Ainsi s’est exprimé Kamala Harris hier mercredi, depuis la Howard University à Washington, pour concéder sa défaite à la présidentielle américaine , au lendemain de la victoire du républicain Donald Trump. Toutefois a-t-elle précisé : « …Mais si je concède cette élection, je ne concède pas le combat qui a alimenté cette campagne. » A l’endroit de son camp elle a affirmé que « les lumières des promesses des États-Unis vont continuer à briller tant que nous n’abandonnons pas et que nous continuons à nous battre ».
Une manière de se démarquer de Donald Trump qui a refusé en 2020 de reconnaître sa défaite contre Joe Biden. Et ce n’est pas tout, pataugeant dans toutes les outrances, sous le coup de 34 chefs d’accusation de falsification de documents, le vainqueur de la présidentielle interroge en effet tant tout glisse sur lui, jusqu’à lui faire penser que Dieu lui a confié une mission de rédemption pour rendre « America Great Again ».
En attestent selon ses dires, les deux tentatives d’assassinat auxquelles il a échappé. Tout ceci a un relent d’irrationalité puisqu’il est difficile de comprendre encore moins d’admettre qu’un potentiel président de la République ait pu être adoubé alors même qu’il n’a eu de cesse de piétiner allégrement tous les codes de bienséance. Ne se gênant même pas de mimer une scène à forte connotation sexuelle lors d’un meeting. Faut-il d’ailleurs continuer de s’interroger sur Donald Trump en le déconnectant de celles et ceux de ses militants qui s’avèrent plutôt être des groupies c’est-à- dire des gens qui contre vents et marées font montre d’un attachement sidéral à sa personne. La réflexion mise en quarantaine, toute distanciation piétinée, il ne restait plus que la fascination qui rend possible l’adhésion totale. Ne faudrait-il pas plutôt s’interroger sur l’Amérique qui a rendu possible une telle actualité ?
Hormis quelques gens lettrées il a surtout été question de l’Amérique profonde, celle des déclassés, des laissés-pour compte, en prise avec la pauvreté qui nous rappellent selon l’adage que quand le ventre crie la faim, point de réflexion. L’ignorance et la pauvreté feraient-elles le lit de toutes ces bizarreries qui se donnent à cœur joie dans le complotisme, la xénophobie, la stratégie du mensonge et de la désinformation ? Trump a ainsi remporté le vote populaire et celui des grands électeurs. Sans conteste , il a été bien élu et ce deuxième mandat qu’il va entamer le 20 janvier prochain à 78 ans devenant ainsi le plus vieux président de la République que l’Amérique ait jamais eu sera plus légitime que le premier. Plus puissant que jamais avec un Sénat à majorité républicaine et une Chambre des Représentants en possibilité de l’être, il pourra dérouler en roue libre avec la dose d’imprévisibilité qui le caractérise. Les relations ne seront au beau fixe ni avec l’Europe ni avec la Chine. Guerre commerciale , complotisme, climato-scepticisme seront de nouvelles postures qui vont revenir en force. Le risque que ça tangue est donc bien réel.