Oui, encore bravo peuple sénégalais, même si tes adversaires de vingt-quatre longues, trop longues années, sentant que pour eux/elles l’heure politique a définitivement sonné, ont tenté de relativiser la remarquable cohérence dont tu as fait preuve ce 17 novembre 2024, avec comme seul maigre argument ce qu’ils/elles considèrent comme le faible taux de participation. Argument qui ne tient naturellement pas la route, si on sait que les élections législatives ont rarement connu des taux de participation qui dépassent les 50%. Les plus de 49% du 17 novembre dépassent ceux des élections législatives de 2012 (36,67) comme du 22 juillet 2022 (46,60). Qu’ils aillent donc chercher d’autres arguments, qu’ils ne trouveront d’ailleurs nulle part !
C’est donc la razzia pour Ousmane Sonko et sa liste, qui se retrouveront avec 130 députés, ne laissant à leurs pauvres concurrents que sont Amadou Ba, Barthélémy Diaz et, en particulier l’ancien président-politicien qui devrait traverser des moments difficiles, s’il lui reste un peu de ngor. Par cette majorité confortable, le peuple a donc choisi en toute connaissance de cause, et malgré les fausses alertes qui fusaient çà et là, de donner à l’inséparable duo Ousmane Sonko-Diomaye Faye, les moyens de gouverner, de réaliser les différents projets qui constituent leur vision du Sénégal d’ici à 2050, et que la tête de la liste de Pastef a largement présentée au pays, lors de la campagne électorale. Le peuple et, en particulier, l’opposition comme la société civile – la vraie – la presse, ont désormais les yeux rivés sur eux et ils n’ont d’autres choix que de travailler. Ces trois contre-pouvoirs sont nécessaires dans toute démocratie qui se respecte. Cependant, ils doivent jouer leur rôle en toute objectivité, n’ayant pour seule préoccupation que l’intérêt général du pays.
Par rapport à cette gouvernance de cinq ans qui ne devrait laisser personne indifférent, Monsieur Alioune Tine a donné son point de vue. Il pense notamment que « pour servir le Sénégal et contribuer à l’équilibre des pouvoirs, il doit occuper la présidence du Parlement ». Il, c’est le président Ousmane Sonko, à qui je laisse le soin d’apprécier, s’il en a vraiment le temps. Du point de vue de M. Tine, je retiens aussi et surtout ceci : « Il faut réconcilier, apaiser, rassembler en reconnaissant l’opposition comme une institution, en prenant en compte son avis. Aller vers la démocratie avec toute la vitalité, toute l’énergie et toute la substance dans le respect des droits de la personne et de la dignité humaine. » Ici, je suis tout à fait d’accord avec lui, comme tout démocrate d’ailleurs. Cependant, il devrait poursuivre en demandant qu’on lui facilite la tâche, à lui Sonko, en cessant de le couvrir au quotidien d’injures et parfois des plus indécentes, par des gens bien connus comme – il faut en nommer quelques-uns – Moustapha Diakhaté, Madiambal Diagne, Cheikh Yérim Seck, Barthélémy Diaz, Bougane Guèye Dany et ses « chroniqueurs » venus d’on ne sait où. Il faut qu’on arrête sans hésiter certains insolents qui s’abritent trop facilement derrière la liberté d’expression pour traiter de tous les noms d’oiseaux le président Ousmane Sonko qui est quand même Premier ministre et père de famille. La liberté d’expression ne signifie point dire ce que l’on veut, sur qui l’on veut.
Si tout le monde respecte tout le monde, on n’entendra plus d’injures et les nouveaux gouvernants se mettront tranquillement au travail, sous l’œil vigilant du peuple et des contre-pouvoirs. Et du travail, ils en ont vraiment, à commencer par la nécessaire reddition des comptes, où l’écrasante majorité des Sénégalais les attend, et parfois avec impatience. Il faudra désormais accélérer la cadence, naturellement dans le respect de la loi. Des audits sont en cours mais, en attendant leurs résultats, de nombreux dossiers sont disponibles, dont certains sont déjà, semble-t-il, entre les mains des juges du Pôle judiciaire financier. La prochaine mise en place de la Haute Cour de Justice facilitera encore le travail, elle qui doit juger le président de la République en cas de haute trahison, et les ministres épinglés par des rapports des différents corps de contrôle. Naturellement, cette reddition des comptes n’arrange pas tout le monde, empêche même certains de dormir. Ce sont ces gens-là et leurs proches qui parlent trop facilement de chasse aux sorcières ou de règlement de comptes. La meilleure manière de les faire taire, c’est de rendre publics tous les rapports et dossiers disponibles. Et rien ne s’y oppose, surtout pas la loi du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques qui insiste, comme la Constitution, sur la nécessaire information des citoyens et des citoyennes.
Les nouveaux gouvernants sont attendus aussi sur la réduction du train de vie de l’État. Il y a eu trop, trop de gaspillages au cours des douze années catastrophiques de l’ancien président-politicien, comme au cours de celles de son successeur et sosie. Gaspillages sans état d’âme de nos maigres ressources, aussi bien financières, foncières, minières, halieutiques, etc. Il faudra carrément y mettre un terme. Dans cette perspective, il ne faut point avoir peur de toucher aux salaires et aux nombreuses indemnités. La masse salariale gonfle, gonfle à un rythme qui menace sérieusement les recettes fiscales. Les agents de l’État sont au nombre de 160.000 environ, soit moins de 1% de la population. Leurs salaires et autres avantages ne devraient pas consommer la moitié du budget et nous n’en sommes pas loin. Et ce gonflement s’explique par des raisons bien identifiées. Des milliers d’agents publics sont pratiquement payés à ne rien faire. On peut s’en rendre compte facilement en auditant la fonction publique. Déjà, dans des ministères, on constate, après un audit interne, que des centaines et des centaines d’agents fictifs sont payés depuis plus de dix ans. De nombreux autres, bien existants, n’y sont d’aucune utilité.
Il faudrait s’attaquer rapidement aux indemnités et aux différentes agences qui expliquent, pour une large part, le gonflement de la masse salariale. Des indemnités, les deux anciens président-politiciens en ont distribué à tort et à travers, presque toujours à la tête du client, en ne les appuyant sur un aucun texte en vigueur. Les agences ne sont pas en reste, loin de là. Du 1er avril 2000 au 2 avril 2024, elles nous ont coûté des milliers de milliards pour presque rien. Je n’exagère rien : des milliers de milliards. Au moment où les socialistes quittaient le pouvoir, on n’en comptait pas plus de quatre. Aujourd’hui, ce sont des dizaines et des dizaines qui sont conservées. Il faudrait donc en supprimer le maximum, après une profonde réforme administrative sur laquelle je reviendrai.
Le président-politicien nous avait habitués à des iniquités parfois des plus insupportables. Pour donner un exemple parmi de nombreux autres, les généraux de l’armée nationale comme de la gendarmerie vont à la retraite en conservant l’intégralité de leurs salaires et autres avantages, notamment une indemnité de logement de 500.000 francs. C’est, en tout cas, l’information que j’aie eue d’une source qui me semble sûre. Pourquoi ne pas donner les mêmes avantages exorbitants aux professeurs d’université à la retraite et à bien d’autres compatriotes qui ont servi le pays comme les généraux ?
Il m’est difficile de ne pas penser aussi à différents fonds, en particulier à ces fonds dits communs. C’est par ces fonds que le journaliste Bachir Fofana explique les supposés milliards de l’ancien Premier ministre Amadou Ba. Ces mêmes fonds expliquent que de nombreux agents publics venus d’ailleurs courent après une affectation au Ministère de l’Économie et des Finances pour en bénéficier. Pour des raisons seulement d’équité, ces fonds communs devraient être sérieusement repensés, notamment au cours des réformes sur lesquelles les nouveaux gouvernants sont attendus. Leur tâche en serait facilitée si eux-mêmes donnaient l’exemple en diminuant notablement les fonds politiques ou spéciaux selon le cas, ainsi que les différentes caisses noires et, pourquoi pas, les salaires. Dans un pays qui fait partie des vingt-deux les plus pauvres et les plus endettés du monde, il est difficile de comprendre des salaires mensuels qui dépassent parfois les cinq millions.
Dans plusieurs de mes contributions publiées quelques mois avant l’élection présidentielle du 24 février 2024, j’ai donné mon modeste point de vue sur ces nécessaires réformes. Le directeur de publication d’un quotidien me les a toujours aimablement publiées dans leur intégralité, et malgré leur longueur. Il suffisait que je les lui envoie pour qu’il les publie dès le lendemain. Je vais lui demander de m’en rediffuser quelques-unes pour rappel, à lui comme à un autre de ses confrères d’un autre quotidien. Ils m’éviteraient ainsi d’en publier de nouvelles pour me répéter. Qu’ils trouvent ici, avec d’autres confrères, mes remerciements les plus sincères pour la même compréhension dont ils ont toujours fait montre à mon endroit. En Attendant, je vais me prononcer rapidement sur les prochaines réformes rendues maintenant possibles par la victoire éclatante et sans bavure de ce 17 novembre 2024 qui restera gravée, comme celle du 24 mars précédent, en lettres d’or dans l’histoire politique du Sénégal.
Quand il est question de réformes, nombre de compatriotes qui suivent l’actualité politique pensent à l’administration que le vieux président-politicien et son successeur et sosie nous ont laissée sens dessus dessous. Il faut l’alléger en la réformant profondément en commençant par le niveau central. Elle comporte parfois trop de directions générales, de directions, d’agences et de conseils de toutes sortes qui coûtent cher à l’État et souvent sans aucune utilité prouvée. Il convient aussi de la dépolitiser totalement. Certains postes ne doivent pas avoir à leur tête des politiciens qui descendent sur le terrain tous les vendredis pour travailler à massifier le parti. Je vois mal le Directeur général des Impôts et Domaines, celui du Trésor et de la Comptabilité publique, pour ne prendre que ces deux exemples, être membres actifs du parti au pouvoir et d’y avoir des responsabilités. De même, n’importe qui ne devrait être nommé à n’importe quel poste. Je pense notamment à ceux de directeur de l’Administration générale et de l’Équipement (DAGE) et de secrétaire général de ministère.
La réforme devrait se faire aussi au niveau territorial. Quatorze (14) régions, quarante-six (46) départements et un nombre impressionnant d’arrondissements, c’est trop pour un pays qui a une superficie de moins de 200.000 kilomètres carrés. L’une des conséquences, entre autres, c’est la nomination comme sous-préfets et leurs adjoints d’enseignants (instituteurs et professeurs d’enseignement moyen), agents techniques de l’agriculture ou de la santé et de bien d’autres qui n’ont vraiment rien à voir avec cette fonction. La réforme ne devrait pas épargner le nombre des communes, plus de cent-cinquante (150) dont des dizaines sont loin d’être viables.
Le système de rémunération des agents publics et d’octroi d’indemnités diverses devrait aussi retenir l’attention des nouveaux gouvernants. Il a besoin d’être profondément réformé. Il ne devrait être laissé comme tel pour aucune raison. Je me suis largement exprimé sur cette question comme sur bien d’autres rapidement évoquées ici, dans mes précédentes contributions notamment celles-ci :
La rédaction de WalfQuotidien avait donc aimablement accepté de me publier le texte en trois jets successifs, et malgré leur longueur. Les idées développées dans ces contributions restant actuelles et exactement miennes plusieurs années après, je vais demander à ces deux quotidiens de me les rediffuser, même si mes relations avec le patron du premier se sont détériorées, pour des raisons que mes compatriotes qui suivent l’actualité imaginent aisément.
Dakar, le 20 novembre 2024
Mody Niang