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Culture Et Nature En Danger

Le Sénégal se trouve à un carrefour critique, où la préservation de son héritage culturel et de son environnement devient une urgence. Face à des menaces croissantes sur ses trésors naturels et artistiques, une coalition d’intellectuels, d’artistes et d’acteurs économiques lance un appel à l’action. Il est temps de réconcilier modernité et tradition, et de protéger un patrimoine unique qui pourrait disparaître si des mesures radicales ne sont pas prises. La survie de notre identité et de notre environnement est en jeu : il est impératif d’agir avant l’effacement irrémédiable.

Quand les feuilles tremblent, ce n’est pas l’affaire des racines – Wole Soyinka

L’Afrique, terre de mémoire et d’espérance, berceau de récits millénaires et d’horizons ouverts sur l’infini de l’univers, vacille aujourd’hui entre l’éclat d’un patrimoine inestimable et les ombres menaçantes de la modernité mal apprivoisée. Son âme culturelle, fragile écrin de vérités profondes, et son environnement, miroir de ses légendes et gardien de ses peuples, appellent à un sursaut. Car le temps presse, et le silence des actions pourrait bientôt laisser place au fracas de pertes irréparables.

Le Sénégal, emblème de cette Afrique résiliente, dépasse le simple territoire : il est notre histoire vivante, notre espace économique partagé, et un site culturel d’une richesse immense, trop souvent négligée. C’est sur cette terre que se forgent nos espoirs, nos luttes et nos rêves collectifs. Pourtant, dans ces terres sénégalaises, nous sommes témoins d’une dégradation alarmante de l’environnement et des œuvres d’art, menaçant notre patrimoine naturel et culturel, pilier de notre identité commune.

Ces préoccupations nous hantent. Elles rappellent que les débats sur l’Afrique ne sont pas l’apanage des politiques. Ils engagent chacun de nous, car l’avenir de notre continent est une responsabilité partagée.

Il existe une urgence, non de simples mots mais de sens profond : celle pour le Sénégal de se réapproprier une souveraineté culturelle vacillante sous le poids d’un monde uniformisé. Comment peut-il laisser le vent de la mondialisation effacer les traces indélébiles de ses ancêtres, leurs danses, leurs contes, leurs savoirs ? Pourtant, des lieux témoignent encore de la grandeur de son génie créatif.

Par exemple, la Maison Ousmane Sow, par sa majesté et son souffle intemporel, raconte ce qu’est le corps humain : une vérité incarnée, un temple de résilience, un pont entre l’art et la science. Ces sculptures, immobiles et pourtant si vibrantes, rappellent que le passé nourrit l’avenir, que le geste ancestral peut éclairer les enjeux technologiques d’aujourd’hui.

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Mais ce sanctuaire est menacé. Les dommages collatéraux de la boulimie foncière et de la désorganisation urbanistique ont des conséquences désastreuses sur la durabilité des œuvres. Autour de la Maison Ousmane Sow, la frénésie des constructions a entraîné l’apparition d’un dépôt de ciment, issu des chantiers environnants, qui attaque directement les sculptures. Ces œuvres, trésors d’une richesse inestimable, sont aujourd’hui en péril. À cela s’ajoute un problème crucial : l’urbanisation anarchique bloque l’accès à ce lieu d’art et de mémoire, érigeant des murs là où il faudrait des passerelles.

Quand les mots nous manquent face à ces défis, nous nous tournons encore  vers le poète et l’artiste, ces échos des émotions profondes et des vérités silencieuses. Comme l’affirmait Wole Soyinka, « quand les feuilles tremblent, ce n’est pas l’affaire des racines. » Pourtant, nos racines, nourries par un passé fertile, doivent irriguer notre avenir. Il nous faut faut donc retrouver le pacte brisé : une harmonie avec l’environnement.

L’environnement sénégalais, ce vaste poème de sable, de forêts et de mers, murmure un appel à l’écoute. Le désert qui avance, les mangroves qui s’effacent, les forêts sacrées qui tombent sous les coups des tronçonneuses, tout cela dépasse la simple perte matérielle. C’est une déchirure de l’âme collective, une rupture du pacte scellé avec la terre par nos ancêtres.

Dans la Casamance des mythes et des génies protecteurs, la forêt n’était pas seulement un lieu. Elle était un sanctuaire, une mémoire vivante, un pont entre le visible et l’invisible. Mais aujourd’hui, le bruit de la modernité semble plus fort que le murmure des arbres. Pourquoi le Sénégal tournerait-il le dos à cette sagesse ancienne ? Pourquoi laisserait-il les lois aveugles de l’économie réduire la nature à une simple ressource, alors qu’elle est avant tout une alliée ?

L’Afrique, ce continent fertile, a produit des arbres majestueux dont les racines s’étendent au-delà des frontières de ses États. Ces racines doivent nourrir nos peuples, faire fleurir nos espoirs et porter des fruits pour les générations futures. Renouer avec ces pratiques n’est pas une régression, mais un acte de lucidité, un retour à l’essentiel : construire un roman culturel collectif

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Pour que l’Afrique rayonne, il faut construire un roman culturel collectif, ancré dans nos mythes, nos légendes et nos récits. Toute civilisation survit par la force de ses histoires. Nos paysages, traditions, rites, littératures et mémoires forment un grand tissu culturel, précieux et fragile, qui porte notre continent, notre humanité et nos rêves partagés.

La Maison Ousmane Sow, tel un phare, peut guider ce renouveau. Elle est la preuve que la culture, loin d’être un luxe, est un moteur de transformation. Elle montre que l’art peut être à la fois ancrage et envol, qu’il peut inspirer des réponses aux défis contemporains. Mais elle ne pourra remplir ce rôle que si elle est préservée, si son accès est garanti, si elle devient le symbole d’une ville pensée pour ses habitants et non contre eux.

Notre cri de cœur est donc un appel à l’action et à l’espoir.

Ce n’est pas un adieu, mais une promesse que le Sénégal doit se faire à lui-même, une promesse que ses enfants doivent porter : celle de ne pas sombrer. Préserver sa souveraineté culturelle et retrouver son harmonie avec l’environnement ne sont pas des choix secondaires. Ce sont des nécessités vitales, des actes d’amour pour sa propre identité et pour les générations à venir.

Alors qu’il se relève. Qu’il protège ses trésors. Qu’il planifie ses villes avec sagesse. Qu’il réconcilie modernité et nature. Qu’il inspire sa jeunesse avec les exemples de ses géants, comme Ousmane Sow. Qu’il montre au monde qu’un Sénégal en harmonie avec lui-même peut devenir un modèle universel.

Le temps presse, mais il n’est pas trop tard. Qu’il agisse, avant que les échos de ses richesses ne deviennent de simples souvenirs.

Signataires de l’appel pour la souveraineté culturelle

Acogny, Germaine – Fondatrice École des Sables

Anne, Mama – Productrice Audiovisuelle, Suisse

Badiane, Alioune – Artiste, Sénégal

Ba, Babacar – Consultant

Ba, Fatimata Kiné Diallo – Écrivaine, Sénégal

Bocoum, Hamady – Directeur de recherche-Classe Exceptionnelle, UCAD

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Bounaffaa, Hicham – DG Phare des Mamelles

Celac, Catherine – Présentatrice/Journaliste

Dembele, Cheikh Raphaël – Ingénieur Économiste Logistique et Transports

Diagne, Amadou Lamine Sall – Poète, Lauréat des Grands Prix de l’Académie française

Diallo, Aïssatou – CEO La Maison BINAF SARL

Diallo, Maitre Boucounta – Avocat à la cour, Sénégal

Diokhane, Bara – Avocat, Sénégal

Diop, Aminata Johnson – Fondatrice de l’Agence Culturelle Africaine et du Pavillon Africain

Diop, Mamadou – Professeur, USA

Diop, Moustapha – DG

Daf, El Hadji Moctar – Inspecteur Principal Navigabilité des aéronefs, Enquêteur technique accidents et incidents d’avions

Dike, Ifeoma – Art Advisor

Dione, Boubakar – Directeur juridique de Bpifrance

Fall, Me Ousseynou – Avocat à la cour

Fall, Me Aly – Bâtonnier élu du Barreau du Sénégal

Fortes, Laura – Journaliste, RTS 1

Gueye, Ousmane – Artiste, Sénégal

Kane, Amadou – Ancien Ministre, Ancien PDG Banque BICIS

Kane, Amadou Elimane – Écrivain, France

Kane, Pape Samba – Journaliste, écrivain, Dakar

Kassé-Sarr, Fatou – DG Labell’Com et promotrice du Carnaval de Dakar Suñu Cosaan

Lamko, Koulsy – Écrivain, Directeur Hankili So Africa, Mexico

Loum, Moustapha – Ingénieur Agro-alimentaire

Mbaye, Malick – Expert supérieur en télécommunications et en informatique

Mboup, Fatou – Entrepreneure, Administratrice générale de la Fondation Amadou Mahtar Mbow pour les savoirs endogènes

Ndaw, Seyda Magatte – Opérateur économique

Ndiaye, Me Moustapha – Notaire, Président de la Biennale de Dakar

Ndiaye, Saïdou – Gérant, SND Consulting

Ngom, Pap’ Amadou – Entrepreneur, Paris

Niang, Alioune Badara – Consultant, Sénégal

Sagna, Mahamadou Lamine – Enseignant/Chercheur, USA

Samb Sall, Ghaël – Présidente du Fonds d’Archives Africain pour la Sauvegarde des Mémoires et directrice des Éditions Vives Voix

Sarr, Bousso – Chef d’entreprise

Sarr, Seynabou Dia – CEO Global Mind Consulting Group

Senac, Gerard – Président Honoraire d’Eiffage Sénégal

Sidibé, Papa Mady – Investisseur professionnel

Sougoufara, Mama – DG ICS

Sow, David – Logistique Canal+Sénégal

Thiam, Chef Pierre – Culinary Ambassador, Agriculture Durable, États-Unis

Top, Lhadj – Acteur culturel

Touré, Kémo Jr. – CEO Wutiko

Touré, Famory – Ingénieur Télécommunications

Vogt, Helmut – Fondateur École des Sables

Wane, Sawda – Informaticienne, USA

Wone, Amadou Tidiane – Conseiller du président







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