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Face à La Douleur Du Mali, Le Silence N’est Pas Une Option (par Adama Sow, Journaliste)

Face à La Douleur Du Mali, Le Silence N’est Pas Une Option (par Adama Sow, Journaliste)

Je pense au Mali comme on pense à un frère malade. Pas un pays lointain, pas une actualité étrangère, mais un être cher, abîmé, qui souffre en silence, dont les cris se perdent dans le vacarme du monde.

 

Quand j’ai lu ce message de l’ambassade américaine demandant à ses ressortissants de quitter le pays, j’ai ressenti un pincement au cœur. Parce qu’au-delà de la prudence diplomatique, c’est le signe d’un pays à genoux. D’une nation encerclée par la peur, privée d’essence, privée de souffle, privée de son propre rythme. Le Mali étouffe, et c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui retient son souffle.

 

Je pense à Bamako, que j’ai tant aimée. Je pense à mes confrères venus nombreux répondre à notre invitation au Salon des médias d’Afrique (SIMA) avec qui nous passons les journées et les nuits depuis samedi dernier.

 

Je pense à mes amis à Bamako, pris en tenaille entre les jihadistes et la dureté de vie. Je pense aussi au Mali aux marchés grouillants, à ses musiques de griots qui racontent l’Afrique dans toute sa grandeur.

 

Je pense, enfin, à ce peuple digne, fier, courageux, qui affronte aujourd’hui l’ombre de l’extrémisme et la morsure de la pénurie. Et je me dis : comment ne pas être atteint, quand celui avec qui on partage l’histoire vacille ?

 

Le Mali n’est pas une frontière sur une carte. Le Mali, c’est une part de notre sang. Nos ancêtres ont prié sur la même terre, bu à la même rivière, porté la même mémoire. Les familles, les peuples, les langues se confondent entre nos deux rives. Quand Tombouctou brillait, Dakar n’existait pas encore, mais déjà nos destins s’écrivaient dans la même encre.

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Ne soyons pas naïfs. Aujourd’hui, le feu qui ravage le Mali n’est pas qu’un feu étranger : c’est un feu qui court sous nos pieds. Si nous ne tendons pas la main, si nous ne parlons pas, si nous ne nous engageons pas, ce feu franchira la frontière invisible qui nous sépare à peine.

 

Les extrémistes, les trafics, la haine, la désinformation, tout cela voyage plus vite qu’un convoi de camions, plus loin qu’un discours officiel. Nous devons dire haut et fort : le Mali ne doit pas tomber.

 

Et si le Mali tombe, c’est le Sénégal, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, tout notre espace commun qui chancelle.

 

Nous devons veiller, nous préparer, protéger nos jeunes, renforcer nos valeurs, tenir debout. Mais avant tout, nous devons aimer. Aimer assez pour ne pas détourner le regard. Aimer assez pour offrir un mot, une main, une solidarité. Aimer assez pour rappeler au monde que le Mali n’est pas seul.

 

Je prie  pour le peuple malien. Je prie pour que la pluie éteigne le feu, que la paix revienne au Sahel, que nos enfants puissent encore rêver d’une Afrique debout. Parce que le Mali, c’est nous. Et si nous l’oublions, c’est nous qui finirons par nous perdre.

 


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