Pour la première fois depuis de longues années, un rapport de Transparency International classe le Sénégal parmi les pays où la corruption a connu une forte baisse. Le célèbre slogan « Deuk bi dafa Macky » traduisant les difficultés quotidiennes des populations et expliqué par une politique ardue du président de la République en est-il la cause ? Est-ce parce que, comme le chef de l’Etat lui-même le dit, c’est l’argent sale qui ne circule pas ? Ou c’est une simple coïncidence ? C’est un grand débat…
« People and corruption : Africa Survey 2015 » est le titre de cette étude réalisée entre mars 2014 et septembre 2015 par Transparency international en collaboration avec Afrobaromètre. Au registre des bons élèves du continent, on trouve le Botswana, le Burkina Faso, le Lesotho, outre le Sénégal.
Chez nous, 47% des sondés donnent un satisfécit au pouvoir actuel dans la lutte contre la corruption. Un combat dans lequel, il faut le dire, le président Macky Sall fait preuve d’un engagement réel et se veut particulièrement intransigeant. La Crei, Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite, pour des dignitaires de l’ancien régime, la déclaration de patrimoine exigée aux tenants actuels et la création de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption, Ofnac, pour plancher sur leur gestion, en sont les principaux instruments.
Certains n’ont cependant pas manqué d’y voir une des raisons fondamentales, voire la seule, qui fait que l’argent ne circule plus, du moins comparaison faite avec les années Wade précisément, de 2000 à 2012. Les temps sont ainsi, selon eux, devenus durs. Et l’expression Deuk bi dafa Macky, littéralement le pays ne marche pas à cause du président dont le nom est mis en relation. Un argument face auquel, le Chef de l’Etat, caustique à souhait, répond que c’est certainement l’argent sale qu’on ne voit plus.
Le rapport cité plus haut pourrait le conforter dans son explication, s’il ne lui donne pas simplement raison. Reste à choisir pour notre pays, entre deux options : être une société corrompue comme le sont de grands pays africains ou vivre une éthique qui sacre le culte du travail à la place de la richesse facile.
Les avis peuvent être divers ou divergences. Ils vont certainement l’être d’ailleurs. Reconnaissons qu’à travers le monde, il est presqu’impossible d’assurer l’origine licite de toutes les sommes en circulation. La corruption sévissant de diverses manières. Toutefois, apparaître comme une société épargnée de ce phénomène ou réussissant à le juguler est toujours bon à prendre. Pour convaincre les partenaires internationaux, attester de la relation travail-réussite, entre autres. Qu’en somme, il n’est pas toujours vrai de considérer que « khaliss daniou koy lijeunti, ken douko liguèye ».
Si les politiques du pouvoir ont conduit à ce résultat mis en exergue par le rapport, c’est tant mieux. Si c’est une prise de conscience des Sénégalais, le pouvoir a une bonne occasion de les y consolider. Car c’est la meilleure voix. Après, c’est sur, Deuk bi meune na moins Macky.
Souleymane Thiam
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