Si les bruits de couloirs dans les cercles financiers se confirment, le palais attendrait dans les prochains jours un rapport sur la nationalisation de la Sde. Le dossier est si explosif qu’il risque de provoquer une déflagration sociale et diplomatique entre la France et le Sénégal. Les Russes et les Américains apprécieront.
Lors de sa privatisation par le régime socialiste de Diouf, il a été retenu de scinder la Sones en deux entités. La Sones pour l’exploitation, et la Sde pour la distribution, la partie la plus juteuse. Des années après, le constat est sans appel. Les français n’ont pas respecté certains de leurs engagements.
« Depuis 1996, c’est sous la forme d’un contrat d’affermage entre l’État du Sénégal et la Sénégalaise des Eaux (SDE), dont le capital est détenu à 51% par la SAUR dénommée FINAGESTION depuis 2005 (une filiale du groupe Bouygues, 4ème entreprise mondiale du secteur de l’Eau). La gestion de l’Eau au Sénégal est souvent présentée comme un «partenariat public-privé» (PPP) exemplaire, notamment par la Banque mondiale qui, avec le Fonds monétaire international et les autres institutions financières internationales, s’efforce depuis plusieurs décennies de promouvoir diverses formes de privatisation de l’Eau. »
Dès lors, apparaît une lourde faute des socialistes qui, à l’époque, sous les pressions des institutions de Breton Wood, avaient privatisé les sociétés nationales. Ainsi, un patrimoine sénégalais a été cédé à vils prix pour les beaux yeux de la France. Et ce qui se passé, depuis trois années, la distribution de l’eau, surtout dans la capitale sénégalaise, est rationalisée entre minuit et six heures du matin.
Et pire, contre toute attente, les Sénégalais ont vécu, depuis leur indépendance, la pire période de Ramadan. Des cohortes de femmes, sous un soleil de plomb, squattaient quotidiennement les quartiers privilégiés à la recherche de la goutte précieuse pour couper le jeune. Que de manque de considération pour une ummah islamique en cette période de dévotion où la faim se la dispute avec la soif. Il ne l’aurait pas fait en terre française. Il apparaît aujourd’hui, selon les informations tirées de certains cercles du pouvoir, et mieux de cette prochaine organisation dans la banlieue où les consommateurs se préparent à une riposte, d’une possible renationalisation. Alors, cette probable décision du gouvernement serait bien accueillie par les populations. Une question de souveraineté.
Seule société au monde avec des frais de coupure de 9.000 frs
Mais ce ne sera pas sans grande conséquence. Pour l’histoire, le Président Wade avait pris sur lui la décision de renationaliser la gestion de l’électricité qui est retombée en 2001 dans le giron public, après la rupture avec le groupe franco-canadien Elyo Hydro-Québec. Wade avait dû éprouver le budget national, mais cela en valait la peine. Cependant, le mécontentement des populations en cette veille d’élection cruciale pour le Président Macky Sall, indispose le régime. Ajouté à cela le courroux des usagers qui casquent pour des frais de coupure qu’aucune société au monde n’applique à ses abonnées. Pour une facture de trois mille francs, la Sde encaisse 9000 francs de bon de coupure, sans autre forme d’explication. Une situation qui ne peut plus durer. A entendre ces associations de jeunes de la banlieue, la Sde a intérêt à revoir ses tarifs et la distribution de l’eau, même si ses jours semblent compter avec cette possibilité de reprendre la Sde des mains étrangères pour en refaire un patrimoine national. Qui ne se privatise pas.
Pape Amadou Gaye