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Le Vrai Défi « civilisationnel ! »

Le Vrai Défi « civilisationnel ! »

La démocratie occidentale a, paraît-il, ses racines en Grèce antique. C’est ce que l’on nous apprend dans les livres qui racontent des histoires que nous n’avons pas écrites. Cette démocratie là, abreuvée aux sources de la pensée hellénique, serait donc l’unique (!) et le meilleur système pour apporter le bonheur aux humains. Vérité universelle? Comme toutes les valeurs dont on nous dit qu’elles sont universelles, on nous instruit de les gober sans chercher( O! Sacrilège!) à les remettre en cause. Et pourtant tout le système, dit « démocratique » , qui fait fonctionner le monde, à l’expérience, semble jouer contre nous! Nous autres africains, j’entends . L’Asie, par exemple, a déjà pris ses responsabilités.

Je veux parler ici de l’ensemble du système politique et économique qui organise la marche actuelle du Monde. Tant les institutions étatiques, dites modernes, que les institutions internationales multilatérales comme l’ONU, le FMI, la Banque Mondiale et autres. On en oublie que certaines parties de l’Afrique pré-coloniale s’étaient dotées d’Etats et d’Institutions fortes et efficientes bien avant la Révolution française de 1789… Je pense seulement à l’Empire du Mali (1230-1546) Ne suivez pas mon regard!

Mais alors à quoi assistons-nous nous de nos jours? Qu’advient-il au niveau de nos micros « États » dits démocratiques, copiés par force et si mal collés? En sus de la balkanisation, il s’y opère une parcellisation des forces politiques et sociales sous le prétexte de la « liberté d’expression »  et au nom de la « démocratie ». Cela confine l’activité politique et économique des africains à des bavardages sans fin qui engloutissent des énergies considérables. Au grand dam des vraies politiques de développement qui supposent une conjonction de toutes les forces vives d’une Nation autour d’une Vision globale à long terme. Sans compter les conséquences, plus pernicieuses dans la durée, sur le délitement du sentiment national.  Sans parler de l’exacerbation des tensions ethniques et de l’occurrence des replis identitaires.

Ce système qui, au niveau international et quant au fond, légalise la violence des Puissants et terrorise les ambitions des plus faibles. Au prix du mensonge s’il le faut. (On n’y a toujours pas trouvé des armes de destruction massive mais l’on a quand même détruit l’Irak. Pour mieux s’approprier de son pétrole? ) Que dire de la Libye? Et de l’assassinat en direct d’un chef d’état par  » la communauté » dite internationale »….  Sur tous ces fronts et bien d’autres encore, des résolutions votées à la hâte  par l’Organisation des Nations-Unies ont cautionné et légalisé des guerres illégitimes et cruelles. Il s’y ajoute, dans cet étrange cénacle, le droit de veto des plus forts qui consolide et perpétue un ordre du monde injuste. Pour dire le peu! Ce n’était qu’une parenthèse.

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Revenons chez nous. Le pire sous nos cieux, c’est qu’il y’a, parmi nous, des serviteurs zélés de ce système. Un zèle éhonté pour leurs comptes et avantages personnels. Ils laissent en effet piller, littéralement, les ressources des pays africains. Et ils se contentent de jouir des broutilles que veulent bien leur laisser leurs tuteurs occidentaux, pour s’offrir des signes extérieurs de richesse : voitures, villas et virements bancaires…. Avec comme vaine ambition de ressembler, fut-ce de manière caricaturale à leurs maîtres. David DIOP les a démasqués depuis longtemps, les pauvres, à travers les lignes impérissables de son poème intitulé:

LE RENEGAT

 » Mon frère aux dents qui brillent sous le compliment hypocrite

Mon frère aux lunettes d’or

Sur tes yeux rendus bleus par la parole du Maître

Mon pauvre frère au smoking à revers de soie

Piaillant et susurrant et plastronnant dans les salons de la condescendance

Tu nous fais pitié

Le soleil de ton pays n’est plus qu’une ombre

Sur ton front serein de civilisé

Et la case de ta grand-mère

Fait rougir un visage blanchi par les années d’humiliation et de Mea Culpa

Mais lorsque repu de mots sonores et vides

Comme la caisse qui surmonte tes épaules

Tu fouleras la terre amère et rouge d’Afrique

Ces mots angoissés rythmeront alors ta marche inquiète :

Je me sens seul si seul ici ! »

Que tous ceux qui se reconnaissent à travers ce portrait-robot se remettent en question! Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Disons-le  carrément : Les systèmes politiques dans lesquels les pays africains sont empêtrés depuis les « indépendances » ne sont pas le produit de notre génie, ni l’aboutissement normal de la maturation de nos institutions ante-coloniales. Ces institutions-là sont le fruit de l’ accident violent que constitue la colonisation et son cortège de malheurs depuis plus de trois siècles. Cet accident, dont nous n’avons toujours pas dressé le constat, est le pire des malentendus de l’Histoire de l’Humanité: une succession de crimes effroyables non jugés. Un viol continu de la conscience humaine. Et, tout se passe comme si l’occident avait le droit d’occuper, de tuer, de piller et de détruire notre Continent sans rendre de comptes. Et nos « élites » récitent les livres écrits à la gloire de cette Histoire sans penser à dénoncer sa tragique injustice.

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Il est temps que cela cesse! Heureusement qu’à la faveur du développement des nouvelles technologies de l’information et de la Communication, on ne peut plus rien nous cacher: les mensonges sont vite éventés. Les bassesses des « grands » de ce monde les mettent à nu. Nous n’avons même plus peur de leurs menaces ni de leurs jactances, ni de leurs bravades. Twitter les a banalisés. Facebook et WhatsApp partagent les images les plus inattendues de leurs petites tares humanoïdes. Les « grands » de ce monde sont d’une petitesse désormais visible à l’œil nu.

Par ailleurs, un africain du sud parle aisément à un africain de l’ouest ou des Amériques ou du pôle nord! Il n’y a plus de chaînes ni plus aucune possibilité d’entrave à la prise de parole. Nous sommes donc libres d’échanger puis de faire converger nos intelligences et nos énergies pour changer le destin de l’Afrique. Il s’agit désormais de le vouloir. Ardemment. Collectivement. Inventons des systèmes politiques et économiques qui nous ressemblent. Nous en avons assez appris de l’Occident pour ce qui est de  » l’art de vaincre sans avoir raison » comme l’a dit si merveilleusement l’auteur de l’Aventure ambiguë.  Il nous reste à mettre notre raison et nos savoirs acquis en avant et au service de notre propre devenir! Nous le devons à l’avenir de nos enfants. Nous le devons à la mémoire de nos martyrs et celle de nos Résistants.

Pour cela, les africains doivent promouvoir des élites politiques et économiques décomplexées. Des hommes et des femmes sachant lire l’Histoire dans le bon sens,  mais surtout capables d’opposer une résistance farouche au complot sous-jacent à l’ordre actuel du Monde. L’Occident ne fera pas le bonheur des africains. Ce n’est pas son projet. Ils poursuivent leurs intérêts et nous distraient des nôtres. À nous de nous retrousser les manches !

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Le panafricanisme doit sortir des salons, des conférences et des Universités. Il doit embraser les cœurs et diffuser dans la conscience des jeunes. Des projets socio-économiques d’envergure doivent enjamber les frontières et mettre en œuvre des synergies transnationales pour gommer les frontières de la Conférence de Berlin. L’Union Africaine ne doit pas rester une assemblée d’Etats minuscules qui flattent les égos de ceux qui les dirigent. L’Union Africaine doit être la matrice d’une Afrique nouvelle décomplexée et conquérante. Pour cela, elle doit s’élever des contingences géopolitiques d’une Afrique balkanisée. Arrêter de fonctionner comme l’ONU. Revenir sous l’arbre à palabre pour résoudre les conflits souvent téléguidés par les marchands d’armes et les pays qui les abritent. N’en tirent profit que les mercenaires et ceux qui font commerce de la mort.

Ayons le courage d’entreprendre une autre Vision du Monde ! Une Vision plus généreuse et qui émane de nos valeurs culturelles, spirituelles et sociales les meilleures. Celles qui mettent l’humain et son plein épanouissement au cœur du développement. Elles existent. Il faut les reconsidérer. Les dépoussiérer, au besoin, et en faire l’horizon et l’aiguillon de nos ambitions.

C’est cela, et seulement cela,  le vrai défi « civilisationnel! » Comme dirait l’autre… Relevons le!!!

 

Amadou Tidiane WONE

woneamadoutidiane@gmail.com

Amadou Tidiane WONE
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