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Amadou Ba Entre Le Marteau Et L’enclume

Amadou Ba Entre Le Marteau Et L’enclume

Je suis naïve peut-être, romantique sûrement, avec une vision de mon pays à l’eau de rose et idéaliste, mais quand je lis sous la plume d’un éditorialiste que nous subissons « un banditisme d’Etat sans nom qui met à nu des pratiques policières infâmes », bien loin de pavoiser, je me dis que ce n’est pas la justice sénégalaise qui est désormais à terre, mais bien une certaine presse qui est tombée plus bas que terre.

Dans une contribution publiée sur YerimPost, voilà ce que l’on a pu y lire ces derniers jours : Justice sénégalaise : le déshonneur, le Sénégal serait un « Etat délinquant, et récidiviste, dont les procès ne sont pas équitables ».

Je ne crois pas en « la délinquance ou le banditisme » de nos dirigeants et me méfie de l’intoxication par de fausses nouvelles ou annonces truquées relayées sur les réseaux sociaux et par certains médias. Ce en quoi je crois, en revanche, c’est dans l’information, quand elle est vraie, dans la communication, quand elle juste et dans la considération pour les gens, si elle est sincère.

Le grand problème des dirigeants néo-libéraux du monde entier, c’est de ne pas entendre quand les gens se plaignent et de se montrer méprisants à l’égard des peuples.

Emmanuel Macron vient de l’avouer pour la France, il dit ne pas avoir « réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants », ajoutant que le pouvoir ne leur a « sans doute » pas assez apporté de « considération ».

À défaut de trouver toujours les bonnes solutions, nos concitoyens aujourd’hui attendent des personnels politiques qu’ils aillent au plus près du terrain, pour décider d’une manière différente, en s’engageant davantage.

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C’est comme cela que l’on verra s’ils sont courageux ou s’ils ne le sont pas. Le courage en politique n’a jamais servi les sondages, mais il est un bon un outil de gouvernance.

Le courage, c’est aussi de lever les rideaux de fumée destinés à cacher que le pouvoir est en difficulté.

C’est ce qu’a fait Amadou Bâ avec sa déclaration sur la dette intérieure et les moins-values fiscales de notre pays. Certes, sa sortie n’a pas plu en haut lieu et selon le journal « Les echos », a été jugée maladroite et malheureuse «en haut», mais n’est-ce pas cela le courage en politique ?

Le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, a cru bien faire en nommant les choses et surtout en tentant de les expliquer auprès de l’opinion pour mieux les combattre. Il ne fut guidé en cela que par la volonté d’œuvrer à l’intérêt général et à l’apaisement d’une société sénégalaise profondément divisée.

Ne devrions-nous pas tous ensemble travailler à retrouver le ressort du courage dans notre société ?

Libérer la parole, ouvrir les conversations, protéger les voix discordantes, n’est-ce pas là la démocratie ? Ces voix peuvent parfois donner l’impression d’empêcher la bonne marche de l’État mais leur apport contribue au contraire à stimuler l’action et à restaurer la confiance entre politiques et citoyens.

Si le vrai problème de nos finances publiques, c’est qu’il subsiste de nombreuses niches d’impunité fiscale, alors pourquoi ne pas le dire ?

Et ce, même si ces tensions de trésorerie, ne doivent pas empêcher le grand argentier de l’Etat de trouver d’autres moyens de financement afin de compenser les recettes perdues.

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On cite souvent, cet extrait du « discours à la jeunesse » de Jean Jaurès en 1903: « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ».

C’est ce qu’a eu le courage de faire Amadou Ba, dire la vérité. Est-ce une raison pour lui en vouloir à mort et en faire l’homme à abattre, en lui prêtant toutes les ambitions, y compris celle de lorgner le fauteuil du chef de l’Etat ?

À quelques encablures de l’élection présidentielle, ceux qui ont vu dans la déclaration de Amadou Ba un sabotage ignorent la réalité économique du pays et la pression du ministre des finances sur les bailleurs pour empêcher les prix de s’envoler…

Cette position entre le marteau et l’enclume n’est pas confortable pour notre ministre et si on y ajoute que la communication n’est pas le fort de nos gouvernants on comprend bien pourquoi en voulant défendre l’année sociale décrétée par le président Macky Sall, il se retrouve sous le feu nourri de la critique. Et ne comptez pas sur ses pairs de l’APR pour la faire taire !

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