Ainsi donc l’ONU, « Le machin » comme aimait à l’appeler le Général de Gaulle, vient une nouvelle fois d’honorer le Sénégal au niveau international, en élisant notre compatriote Coly Seck, président du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, à l’unanimité.
Bien que très heureuse et fière pour Monsieur Coly Seck, Ambassadeur du Sénégal en Suisse, qui prendra ses fonctions à la tête du Conseil des droits de l’homme au mois de janvier 2019 pour un mandat d’un an, je n’en vois pas moins dans cette décision, une contradiction.
Comment voulez-vous que l’on s’y retrouve, la psychologie humaine étant parfois ingénue, quand ce même Comité des droits de l’homme de l’ONU considérait il y a peu que le droit à un procès équitable d’un autre de nos compatriotes, en la personne de Monsieur Karim Wade, avait été violé par la justice sénégalaise. Une décision qui ne manqua pas à l’époque d’embarrasser nos autorités et qui avait fait dire à notre président : « Le Sénégal est une démocratie qui ne date pas de ma présence à la tête de l’État. Nous avons une justice qui est, certes, perfectible, comme toutes les justices du monde, mais responsable ».
Enfin, admettons que de tout temps, les pouvoirs en place, autant que les organisations et les systèmes politiques ont toujours su faire évoluer leurs positions dans le sens de leurs intérêts.
Félicitons-nous cependant, les occasions de se réjouir sont si rares. Cette nomination illumine une vitrine prestigieuse pour notre pays qui endosse une responsabilité historique, un an après que le Sénégal, le 16 octobre 2017, a été élu avec 188 voix au Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations-unies pour la période 2018-2020, à New York. Monsieur Coly Seck devient ainsi aujourd’hui le troisième Africain à être élu Président du Conseil des droits de l’homme après le Gabonais Baudelaire Ndong Ella et le Nigérian Martin Ihoeghian Uhomoibhi.
Qui sait, si ce monsieur est communicant, ce sera peut-être l’opportunité avec nos dirigeants d’expliquer aux enfants sénégalais et aux plus grands le rôle de la diplomatie d’un pays et l’impact de sa politique étrangère. L’occasion de nous faire adhérer aux grandes causes, comme la paix dans le monde ou la protection de la planète, en commençant par nous traduire le jargon impénétrable qui entoure ces réunions mondiales, ce qui n’est pas sans effet sur l’indifférence des opinions publiques.
Oui je l’ai souvent dit, mais on l’oublie tout le temps, la bataille de la communication est la mère des batailles. Autrement dit, avec un Sénégalais à la présidence des Nations Unies, le « Machin » ne devrait pas rester pour nous autres une affaire d’experts de haut niveau engagés dans des discussions scientifiques extrêmement complexes.
L’ONU demeure une plate-forme incontournable dans la conduite des affaires mondiales. Dans un monde de terribles contradictions, où la famine demeure en Afrique et ailleurs, où les combats en Syrie et partout se multiplient, où les inégalités économiques sont croissantes, entre riches et pauvres, posons-nous la question : de quelle genre de planète voulons-nous pour nos enfants à l’avenir ?
Aujourd’hui le Sénégal participe à des opérations de paix dans de nombreux points chauds de la planète, avec plus de 3 000 soldats et policiers dans six missions. Au fil des ans, 79 membres du personnel sénégalais ont perdu la vie au service de la paix.
79 raisons majeures et supplémentaires d’encourager Monsieur Coly Seck dans sa mission, pour l’exécution des principes fondamentaux de la société universelle, à la paix mondiale et au respect des Droits des peuples à vivre libres.