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De La Non-conformité Des Tests De Parrainages (par Oumar Sarr)

De La Non-conformité Des Tests De Parrainages (par Oumar Sarr)

CONTRIBUTION

Le Conseil constitutionnel a publié la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle et les différentes réclamations sur les parrainages ne sont pas, pour le moment, retenues et il est fort probable qu’elles ne le seront pas. Cette élection du 24 février 2019 n’a aucun sens si elle est organisée comme prévu avec une liste des candidats confectionnée par Macky Sall, candidat sortant. On ne saurait être juge et partie.

Démontrons

Mon programme informatique ne se fixe pas pour objectif de trouver les doublons dits externes, c’est-à-dire la liste des personnes qui ont parrainé ou qu’on a fait parrainer à leur insu des listes qui ont été déposées avant la nôtre. Il pourrait le faire s’il dispose de ces autres listes de parrains, mais tel n’est pas le sujet. Notre programme peut donner automatiquement : – la liste des doublons internes, c’est-à-dire des personnes que nous avons inscrites plusieurs fois dans nos listes pour des raisons diverses (par exemple celles qui ont signé avec plusieurs collecteurs pour notre candidat). – la liste des «non-électeurs», c’est-à-dire des parrains du candidat qui ne sont pas présents dans le fichier des électeurs de la région. – la liste des Cni non conformes, c’est-à-dire ayant au moins un chiffre erroné sur les 17 chiffres qui caractérisent la carte nationale biométrique. – la liste des électeurs des régions non conformes, c’est-à-dire des électeurs domiciliés dans une autre région que celle qui a été saisie. Le quatrième critère concerne principalement les Sénégalais de l’extérieur et il y a eu, dans les «départements de l’extérieur », une confusion entre la juridiction et la représentation diplomatique. Cent quinze des parrains par exemple de Karim Meissa Wade, votant dans les pays limitrophes de la Côte d’Ivoire, ont été rayés parce qu’au lieu de marquer le nom de leur représentation diplomatique, on a saisi, à leur place, la juridiction de Côte d’Ivoire. Ce critère ne concernant pas les régions de l’intérieur, nous l’écartons dans cette présentation. Pour une meilleure efficacité pédagogique, je limite ma démonstration aux listes de parrainages déposées par le candidat Karim Meissa Wade sur une région (Matam).

Nous présentons les résultats de notre étude sous forme de trois tableaux.

Tableau 1 : Doublons internes Karim Meissa Wade pour la région de Matam

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1.1 Logiciel Conseil constitutionnel : Nombre doublons : 4 ; Liste des doublons : S. I. Diop, A. T. Mbow, M. P. Daff, M. Konaté.

1.2 Notre programme informatique : Nombre doublons : 8 ; Liste des doublons : I. Diop, A. T. Mbow, M. P. Daff, M. Konaté, M. A. Guèye (positions 292 et 874 sur la liste de 2 000 déposée), B. Gadio (positions 631 et 1944 sur la liste de 2 000 déposée), P. A. Ndiaye (positions 35 et 1226 sur liste de 2 000 parrainages déposée). Que constate-t-on ? Les résultats obtenus dans les 2 applications informatiques sont différents et quand je vérifie dans la feuille Excel déposée, c’est bien moi qui ai raison. Toutes les personnes mentionnées qui se trouvent sur ma liste s’y trouvent 2 fois et constituent par conséquent des doublons. J’ai même précisé leurs différentes positions sur la liste des parrainages déposée.

Pourquoi y a-t-il cette différence ? En fait, il s’agit d’une différence organisée. En définissant et en appliquant correctement la règle à tous, la feuille fournie par Benno Bokk Yaakaar serait concernée et ce seul fait aurait amené «au second tour des parrainages » le candidat de Benno Bokk Yaakaar. C’est pourquoi, la règle a été modifiée pour les compétiteurs : ne sont considérés comme doublons que ceux qui ont le même numéro d’électeur, le même numéro de Cni et les mêmes prénoms et noms, ce qui a eu comme avantage de diminuer le nombre de doublons internes pour tous, et par conséquent, pour Benno Bokk Yaakaar qui pourra, par ce subterfuge, éviter le passage par la présentation de parrainages complémentaires d’autant plus qu’en tant que premier candidat à déposer, Benno Bokk Yaakaar ne pouvait pas déposer de dossiers régularisables (doublons externes). Deux parrains ayant le même numéro électeur ne sont pas considérés quelquefois comme des doublons internes. Comprenne qui pourra !

Tableau 2 : Electeurs inexistants Karim Meissa Wade pour la région de Matam

2.1 Logiciel Conseil constitutionnel : Nombre électeurs inexistants : 3 ; Liste des électeurs inexistants : M. S., M. A. Barry, D. Sow.

2.2 Notre programme informatique : Nombre électeurs inexistants : 0 ; Liste des électeurs inexistants : Là aussi, les résultats du logiciel du Conseil constitutionnel et le nôtre sont différents. La raison est simple. Ont été considérés comme électeurs inexistants ceux qui ont un bon numéro d’électeur et une erreur, même infinitésimale, sur le nom saisi dans la feuille Excel. Le nom ne se trouvant pas dans la bonne zone de saisie, l’électeur est déclaré inexistant. Dans notre liste des électeurs inexistants et le nom et le prénom de M. S. ont été saisis dans la partie réservée aux prénoms, mais toutes les autres informations ont été correctement saisies. Sur le 2ème électeur inexistant de notre liste, les prénoms sont corrects, et le nom saisi sur la feuille Excel est Barry au lieu de Ba. Un simple coup d’oeil sur la feuille Excel aurait montré qu’il s’agit d’une banale erreur de frappe. Pourquoi ont-ils testé le nom de famille et uniquement le nom de famille ?

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Les informations en notre disposition montrent que s’ils avaient ajouté le test sur les prénoms non concordants à la règle ou même les circonscriptions électorales non concordantes, la liste Benno Bokk Yaakaar serait éliminée d’office. C’est la raison pour laquelle, il était indispensable d’avoir la liste Benno Bokk Yaakaar en premier et de définir les règles à partir de cette liste. La société civile et l’opposition doivent les confondre et exiger l’accès à la liste Benno Bokk Yaakaar. Macky Sall, pris dans son propre piège, devait être éliminé par les tests de parrainage. Je reconnais que notre liste de Matam aurait elle-même, sur les prénoms, 15 erreurs supplémentaires. Les règles sont les règles. On ne doit pas les définir pour favoriser une personne donnée. Qui les a d’ailleurs définies ? Dans quels documents légaux ou règlementaires ont-elles été définies? Dans quel cahier de charges ont-elles été proposées à la société de services ? Une société de services informatiques ne peut pas se donner le droit de définir les règles pour choisir ou éliminer un candidat à l’élection présidentielle. Qui leur a dit ce qu’est un non inscrit ? Qui a défini les règles et où ? Je le dis et je le répète. Dès le moment où l’administration (partisane) s’est arrogée, secrètement ou en relation avec l’Apr, le droit de définir ses propres règles pour analyser les parrainages, il y a une escroquerie. Les militants et les citoyens sénégalais doivent envoyer une sommation interpellative à la société de services, identifier et poursuivre les auteurs et les complices de cette forfaiture.

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Tableau 3 : Numéro Cni non conformes de Karim Meissa Wade pour la région de Matam

3.1 Logiciel Conseil constitutionnel : Nombre Cni non conformes : 149

3.2 Notre programme informatique : Nombre Cni non vraisemblables : 107

Dans notre démonstration, nous avons calculé la vraisemblabilité des numéros de cartes d’identité Cedeao en supposant que si les 11 premiers caractères sont corrects, le numéro est «vraisemblablement» correct. Les critères de conformité et de vraisemblabilité n’étant pas les mêmes, il est impossible de les comparer, sauf à dire toute Cni non vraisemblable est forcément non conforme. Une analyse sérieuse de ce tableau montre que l’erreur se situe généralement sur un chiffre sur les 17 et une vérification sur le papier aurait permis de déceler l’erreur de saisie. Il est vrai que le numéro Cni était leur «discriminant». C’est ce test qui a plombé beaucoup de listes alors que le candidat de Benno Bokk Yaakaar était, lui, en possession de ces numéros. Deux poids. Deux mesures.

De toute façon, en refusant, dès la conception du logiciel, de lier feuille sur papier et feuille Excel, les dés étaient pipés. La vérification des parrainages ne pouvait se faire au sens de la loi. Elle allait être électronique et le logiciel était le faire-valoir. Il fut imaginé et bâti pour cet objectif.

Pour conclure, l’étude montre de manière claire que le logiciel fabriqué pour le Conseil constitutionnel était au service exclusif de Benno Bokk Yaakaar et de son candidat. Le logiciel a surprotégé la liste de parrainages déposée par Benno Bokk Yaakaar, défini les règles en fonction de cette liste et pénalisé celles de l’opposition. Si les experts de Benno Bokk Yaakaar réfutent nos propos ou notre démonstration, nous demandons qu’un jury d’honneur nous départage, que chacun vienne avec son logiciel et qu’on nous délivre toutes les listes déposées au Conseil constitutionnel et on verra qui a raison. Ces parrainages citoyens sont assurément un mauvais message pour notre démocratie qui doit assurer la libre compétition des candidats à toute élection, et en particulier à l’élection présidentielle.

 

 

Oumar SARR

Mandataire coalition Karim Président 2019

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