Je traiterai cette semaine les menaces en série et, tout aussi inéluctablement, l’intimidation du président Macky Sall qui déclare, urbi et orbi, son rejet doctrinal de la démocratie à travers cette expression que ces fedayins chantent en coryphée : « Force restera à la loi ».
Il faut oser le dire sans crainte aucune : Macky est en train d’écrire la plus noire des pages de l’histoire politique du Sénégal. Depuis son accession au pouvoir en 2012, le Sénégal traîne comme un boulet cette image d’un président Machiavel manœuvrant constamment pour défendre ses intérêts au détriment de ceux de l’opposition.
Mais soyons clair : « le coup de force » de Macky Sall, qui s’inscrit dans le cadre d’une manipulation de la justice visant à écarter les adversaires potentiels par tous les moyens – dont on ne sait pas très bien où elle commence ni où elle s’arrête -, est la moins mauvaise des solutions.
A son arrivée au pouvoir, le président Macky Sall s’est évertué à rompre avec l’héritage de maître Wade aussi bien sur le plan des acquis démocratiques que sur le plan de la conduite à adopter vis-à-vis des partis politiques de l’opposition. Le président Wade est grand ; il l’est par sa conception de la démocratie. Le 23 juin reste vivace dans le mémoire des sénégalais. Mais ce qu’il ne faut pas perdre de vue est que n’eût été l’autorisation du président Wade, le 23 juin n’aurait pas existé dans les annales de l’histoire politique sénégalaise.
Mieux, lorsque le candidat Macky Sall avait demandé à ce qu’on récuse Ousmane Ngom, qui était à l’époque ministre de l’Intérieur, Wade a accepté. Il a retiré l’organisation des élections à Ousmane Ngom. Et pourtant, il pouvait dire : « doumako def, doumako def, doumako def ». Mais, en vrai démocrate, il a toujours écouté la voix du peuple parce qu’il a compris le sens de ce précepte de Rousseau : « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ».
Manipuler la justice, user de son pouvoir pour arrêter Karim Wade sur une accusation fallacieuse, le traîner en justice, le gracier puis le contraindre en exil et, par ricochet, le menacer de ne pas retourner au Sénégal, est un acte scandaleux. Traduire Khalifa Sall en justice parce qu’il a refusé de rejoindre l’APR, le radier de ses fonctions de maire de Dakar, coller une peine de 5 ans sur son dos et le relever de ses fonctions de député, est un acte odieux. Macky doit s’attendre à « un retour de bâton ». Il ne peut pas se tirer d’affaire aussi facilement…
Pire, depuis quelque temps, des jeunes et responsables Karimistes et Khalifistes sont arrêtés sans motifs valables. Une façon d’intimider les jeunes à ne pas rouspéter. On atteint le summum du cynisme avec les intenses pressions exercées sur les responsables de l’opposition. Mais ce que le président ignore est que la Révolution s’infiltrera chez nous par simple et double osmose…
Les menaces proférées en cas de manifestation sont du même acabit. Le président de la République et son gouvernement ne cessent de bomber le torse en menaçant : « Force restera à la loi ». Ils ignorent totalement les changements profonds de l’Histoire. Il n’y a de force que celle du peuple.
Nous avons encore le souvenir du cas Gbagbo qui, devant le refus de la volonté du peuple, a écrit la page la plus regrettable de son pedigree personnel. Gbagbo a été capturé, humilié, cloué au pilori, filmé avec son épouse dans une tenue de nuit, ridiculisé… Il est aujourd’hui traîné dans la boue devant la CPI. Pour vous dire combien de fois le pouvoir est éphémère. Rarement parcours aura été aussi contrasté et dichotomique que celui-ci. Et pourtant, il arguait aussi que « force restera à la loi »…
Il est aujourd’hui nécessaire pour le président Macky Sall de comprendre que le peuple est souverain. Les faits évoqués en convoquant le cas Gbagbo me donnent raison d’affirmer, à juste titre, que « force restera au peuple ». Le président Sall doit intégrer cette maxime dans son parangon de vertu. La jeunesse consciente de l’opposition ne va pas reculer devant l’intimidation. Le réveil sera brutal…
El hadji Omar Massaly
Secrétaire adjoint chargé de la communication
et de la presse du MEEL National
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