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Macky Sall Se Cherche Un Homo Senegalensis Nouveau (pathé Mbodje)

Macky Sall Se Cherche Un Homo Senegalensis Nouveau (pathé Mbodje)

Macky Sall aura besoin de plus de dix mandats de cinq ans pour voir se réaliser ses vœux du 3 avril dernier : la naissance du Sénégalais nouveau, respectueux de l’autorité et du bien commun.

 

Devant les menaces de déstructuration de la société sénégalaise, Macky Sall a visité les pères fondateurs de la sociologie pour essayer de retrouver la paix perdue, sa paix intérieure qui devrait passer par la naissance d’un nouvel Homo Senegalensis, respectueux de l’ordre et du bien-être collectif.

 

 

Le thème choisi fort opportunément est ainsi une réponse à l’effritement observé depuis les années 80 et qui s’est exacerbé avec la dernière présidentielle du 24 février : à l’effondrement de quelques bastions s’est ajoutée une dévalorisation morale de l’homme, dans sa valeur générique, par la diffusion de fausses informations, pour accélérer volontairement la césure entre les populations. Dans un excès de désespoir, le président de la République a malencontreusement forcé la sauce militaire : « Forces de défenses et de sécurité  dans l’éducation à la citoyenneté et l’unité nationale » renvoie à une solution d’autant plus d’autorité que l’expérience se vérifie déjà dans la formation universitaire. L’éducation n’étant pas la socialisation, Macky Sall essaie de se rattraper par le noyau de base, la famille, oubliant l’enseignement de Michel Crozier : On ne change pas la société par décret.

 

Des majors comme Karl Marx (esclavage et colonialisme) à Rousseau (le contrat social) en passant par le solidariste Emile Durkheim pour l’entente favorable au développement (De la division du travail social), le président de la République a essayé, dans son discours à la Nation de 3 avril dernier, detrouver l’idéal-type wébérien : le rappel d’une citoyenneté faite de devoirs et de droits est consubstantiel à tous ses discours tenus à date, du 3 avril 2012, au dernier de ce mercredi ; il rejoint le civisme d’Abdou Diouf, dans des moments de troubles sérieux de fragile équilibre social. Dans un premier temps, c’est le clou de la négligence qui a été fatal au royaume de Ndoumbélane quand le forgeron, par négligence, cupidité ou paresse, a mal ferré la monture du roi qui perd ainsi son pays.

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Sans se soucier de la cause, Macky Sall déplore les effets d’une mauvaise citoyenneté qui se veut sans responsabilités ou ingratitude envers l’autorité et l’absence du souci de la collectivité.

Macky Sall invite à un retour aux sources à un moment où  l’autorité (parentale, politique) perd tout son poids quand elle n’a plus le pouvoir qui faisait sa force : l’argent ; la paupérisation continue de populations de plus en plus démunies a eu des effets jusque dans l’environnement physique, moral, mental avec un relâchement préjudiciable. D’habitude, la justesse d’une décision vise à assurer la sécurité du citoyen qui en reconnaît la nécessité et l’opportunité. L’évolution a démontré le délitement des sociétés sénégalaises depuis les années 80 et l’accélération de la pauvreté devenue arme de propagande électorale (Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, yoonu yokute, par exemple). Aujourd’hui que l’individuel prime sur le collectif, le regard sur le passé avec l’histoire du Sénégal traduit également une recherche désespérée de repères quand l’individu social refuse toute autorité.

 

Le président de la République n’en est pas la cause. Un certain empirisme renseigne sur les cycles d’entropie économique favorables aux troubles sociaux :1929 qui donnera Hitler des années 1939-45, les guerres de libération de peuples sous domination demandant plus de dignité culturelle, la crise pétrolière des années 70 et les difficultés de cohabitation actuelles ayant conduit à un extrémisme préjudiciable à la détente internationale ; ce cercle vicieux détériore les conditions économiques et les droits individuels et collectifs, comme depuis les attentats contre les Tours jumelles.

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Au Sénégal, les dures années Diouf ont fait la richesse de Wade et, conséquemment, le pays « Macky » du début des années 2010 : sous le conseil des institutions internationales, les pays du Tiers-Monde se sont lancés dans des plans d’ajustement qui ont accentué la déstructuration des populations africaines face à des élites montantes de plus en plus riches.

 

Macky Sall se propose ainsi d’inverser la tendance dans son discours du 3 avril d’autant mieux apprécié qu’il est sorti des sentiers politiques. Il lui faudrait plus de deux générations pour assister à la réalisation de son rêve : la naissance d’un homo senegalensis nouveau, respectueux de l’autorité et ayant le souci de son prochain et de la collectivité. Cinq ans d’y suffiraient pas.

 

Pathé MBODJE, M. Sc,

Journaliste, sociologue

Parcelles assainies, Unité 10, Villa N° 276, Dakar, Sénégal, tél (+ 221) 775952161

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