L e Président Macky Sall vient de former son gouvernement pour entamer son second mandat. Il a osé débarquer 21 ministres et zapper les nombreux transhumants qui l’avaient rejoint plus ou moins tardivement à l’occasion du scrutin du 24 février 2019. Il a ainsi, volontairement ou non, recréé l’espoir à l’entame de son dernier mandat en renouvelant avec la manière son équipe gouvernementale mais également en laissant en rade les transhumants qui en réalité n’ont pas joué un rôle déterminant dans sa victoire le 24 février 2019.
Les populations sénégalaises ont apprécié la démarche du Chef de l’Etat qui a administré une leçon d’éthique à cette classe de politiciens. Le nouveau gouvernement mis en place le 7 avril 2019 est composé pour l’essentiel d’hommes et de femmes titulaires de curriculum vitae qui devraient leur valoir un préjugé favorable auprès des populations. Le Président de la République a snobé certains politiciens amortis, bavards et sans réalisations à leur actif. Il n’est que temps de privilégier l’action au bavardage futile. Pour prétendre occuper un poste de responsabilité étatique, la compétence devrait être le premier critère de sélection.
Le retard de l’émergence du Sénégal est essentiellement dû à l’incompétence de certains ministres et de DG. Ce gouvernement de Macky II pourrait enfin mettre le Sénégal sur la rampe de l’émergence avec une tolérance zéro pour les ministres incompétents. Avec ce nouvel attelage, l’espoir serait permis que les secteurs d’activités stratégiques ne seront plus pilotés à vue avec beaucoup de tapage médiatique : agriculture, élevage, environnement, Industries. Ces secteurs qui contribuent grandement au bien-être des sénégalais, doivent être conduits de façon pragmatique et programmatique, sans tambour ni trompette. Les ressources humaines capables de mener les réflexions préalables et de les mettre en œuvre sont là et n’attendent que d’être sollicitées et impliquées.
Concernant l’éducation nationale et l’enseignement supérieur ; ayons l’espoir que les titulaires de ces départements ministériels qui, en principe, connaissent les difficultés du système, sauront écouter et décrypter les messages et desiderata des élèves, des enseignants et des parents d’élèves. Ils doivent être des hommes de dialogue et de consensus pour ne pas décevoir les sénégalais. Ils ne doivent pas perdre de vue que ces secteurs clefs pour le développement du Sénégal sont en crise profonde et sont encadrés par des textes inadaptés à la situation du moment. La vigilance du Président de la République est sollicitée pour que les problèmes qui se posent et se poseront soient solutionnés en temps réel.
L’agriculture et l’élevage ont certes enregistré des progrès significatifs. Toutefois, ces secteurs ont besoin de réformes de fond pour intensifier et pérenniser leurs productions. Les milliards qui leur sont annuellement alloués n’ont pas amélioré les conditions de vie des agriculteurs et des éleveurs. Avec des chiffres fantaisistes, on a fait croire aux sénégalais que notre agriculture fait des records annuels de production. Il n’en est rien car la pauvreté augmente d’année en année dans le monde rural. La commercialisation de l’arachide est une autre illustration de l’échec de notre politique agriculture. Il est inacceptable et économiquement scandaleux que le Sénégal exporte de l’arachide brute, fortement subventionnée par l’Etat. Les états généraux de l’arachide, une culture vivrière et de rente, doivent être organisés le plus rapidement. Quant à l’élevage, il est toujours le parent pauvre des politiques publiques de l’Etat.
Sa modernisation et l’intensification de la production laitière et de viande n’ont jamais fait l’objet d’études approfondies avec des objectifs à courts et longs termes. Finalement il faut attendre la veille de la Tabaski pour sentir l’existence du Ministère de l’Elevage. Les Secteurs de l’agriculture et de l’élevage ont des ressources humaines de qualité. Des ingénieurs, des vétérinaires et des économistes sortis des meilleures écoles dans ces spécialités, se tournent les pouces dans leurs bureaux. Il est temps qu’on arrête le folklore et le saupoudrage dans le pilotage de ce secteur si important. Depuis le Président Diouf, l’Etat mise sur les financements de projets pour résoudre l’équation du chômage.
Les différentes expériences des Présidents Diouf, Wade et Sall ont révélé que l’Etat se trompe et continue à se tromper en jetant des milliards par la fenêtre. Dans tous les pays, c’est l’industrie qui donne des emplois aux jeunes par la création de richesses. L’Etat doit comprendre aussi que l’agriculture et l’élevage ne sont pas des secteurs grands pourvoyeurs d’emplois directs. C’est l’industrie agroalimentaire qui, en transformant les productions agricoles et animales, crée beaucoup d’emplois. A cet égard, il est impératif, pour l’émergence du Sénégal, que les industries agroalimentaires moribondes telles que la SONACOS et la SOCAS soient réhabilitées sans délai. Dans le même sillage, l’Etat devrait soutenir, plus qu’il ne le fait actuellement, la CSS qui emploie des milliers de sénégalais, toutes qualifications confondues.
La SONACOS, la SOCAS et la CSS sont de véritables patrimoines nationaux que l’Etat devrait avoir le devoir de protéger et de soutenir. Pour donner des emplois aux jeunes, l’Etat devra rapidement décliner sa politique industrielle pour le 5 prochaines années. Dans le domaine de l’environnement, le Sénégal est un scandale écologique. Notre pays sale, trop sale. Il doit être certainement l’un des pays les plus sales au monde. Il y a des ordures et des déchets divers partout. Quelle honte en faisant le tour du pays.
Les visiteurs du Sénégal et les sénégalais eux-mêmes ont l’impression que notre pays n’a pas de ministère en charge de l’Environnement, de la Protection de la nature et de l’Assainissement. De l’eau puante coule dans tous les quartiers des villes, des dépôts d’immondice ornent nos marchés et bords de routes, les espaces publics sont envahis par des vendeurs et des carcasses de voitures, les arbres sont abattus sauvagement dans les 14 régions. Tout semble indiquer que l’Etat est impuissant et laisse faire en conséquence. Le Président de la République a lui-même fait le constat. On peut accorder un préjugé favorable au nouveau Ministre de l’Environnement qui a fait ses preuves à l’ARMP. La création du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement est une innovation opportune pour la salubrité du Sénégal. Si le titulaire du département est à la hauteur, la maitrise de l’eau et l’assainissement des agglomérations devraient enregistrer des progrès. Wait and see.
Pour permettre à la nouvelle équipe du Premier Ministre Dione d’être performant, il est impératif qu’on délivre à tous les ministres et Secrétaires d’Etat des feuilles de routes claires avec des objectifs tout aussi clairs. Un séminaire gouvernemental de mise à niveau pour le pilotage d’un département ministériel et de rappels de quelques notions de management de la qualité devrait être organisé rapidement. Le séminaire pourrait être aussi un prétexte pour parler de la gouvernance vertueuse et sobre des deniers publics.