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Mamadou Dia, L’homme Au Grand CŒur

Mamadou Dia, L’homme Au Grand CŒur

Anti-impérialiste, le président Dia était contre l’ordre qui était établi par d’autres dans le but de nous dominer. Sénateur puis Député avant de devenir président du Conseil de 1957 à 1962. Il sera emprisonné de 1962 à 1974 pour tentative de coup d’Etat que le Général Alfred Diallo niera trois décennies plus tard. Si Sankara et Lumumba parmi tant d’autres panafricanistes ont été assassinés avec l’aide de leurs pays colonisateurs, le président Dia lui a été liquidé par ses propres frères et sœurs sénégalais.

Président Dia

Durant ses premiers pas en tant que fonctionnaire, le président Dia fut sanctionné pour ne pas se conformer à l’habillement à l’Européenne qui leur était imposé. Il jeta le casque colonial dont le port était obligatoire pour tout fonctionnaire, au large du fleuve Sénégal. Dauphin du président Senghor, le président Dia disait qu’il se considérait comme baye fall du président Senghor prêt à tout pour lui. En voulant développer le Sénégal, il était conscient qu’il fallait des transformations structurelles et le président Dia était prêt pour les mettre en œuvre pour le décollage de l’économie sénégalaise. Il avait un plan, un modèle économique, qui n’arrangeait pas les Français pour leurs intérêts ni les politiciens qui ne remboursaient pas leurs dettes ni les marabouts qui ne voulaient pas être de simples citoyens. Le plan n’arrangeait que le Sénégal. L’égoïsme et les intérêts personnels primeront et le Sénégal perdra un de ses plus illustres fils. Ils ont sacrifié le président Dia. Le président Senghor fut convaincu par les malfrats que le président Dia, son ami de longue date préparait un coup d’état. Le président Dia sera illégalement destitué avant d’être condamné à perpétuité avec d’autres ministres. La prison de Kédougou sera leur nouvelle résidence pendant douze années. Les conditions de détention feront perdre au président Dia la vue, n’étant pas autorisé à se soigner. 

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Président Senghor

Le président Senghor arrangeait la France, car étant très francophone et soumis à la France et il l’a fait savoir durant son fameux discours de 1957 quand il disait que « quand les enfants ont grandi, du moins en Afrique noire, ils quittent la case des parents et construisent à côté une case, leur case, mais dans le même carré. Le carré France, croyez-nous, nous ne voulons pas le quitter. Nous y avons grandi et il y fait bon vivre. Nous voulons simplement, Monsieur le Ministre, mes chers collègues, y bâtir nos propres cases, qui élargiront et fortifieront en même temps le carré familial, ou plutôt l’hexagone France ». Le président Senghor était peu sûr de soi et cela s’est fait sentir avant l’arrestation du président Dia. Le PAI de Majemout Diop disparaitra en 1960, car il était accusé d’être à l’origine des troubles lors des élections municipales de la même année. Le parti de Cheikh Anta Diop est aussi interdit de toute activité en 1962. La même année, le président Dia est arrêté. Ne faisant plus confiance à son entourage, le président Senghor fait voter une nouvelle constitution le 3 mars 1963 qui fait de lui chef de l’Etat et du gouvernement. Il va plus loin et fait voter une autre loi constitutionnelle le 20 juin 1967 lui donnant le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale quand il veut. De quoi le président Senghor avait peur ? Son conseiller Michel Aurillac, l’un des plus grands défenseurs des intérêts français, a joué un grand rôle dans la destitution du président Dia. Il fera savoir au président Senghor que l’armée française viendra à sa rescousse si jamais l’armée sénégalaise s’inclinait du côté du président Dia.

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La consolidation de l’indépendance

Une fois l’indépendance acquise, le président Dia savait qu’il fallait devenir une nation souveraine. C’est ainsi qu’il entamera les négociations pour une monnaie régionale. Il savait qu’il était impossible de développer le Sénégal avec le FCFA. D’ailleurs, c’est l’une des principales raisons de notre pauvreté malgré les milliards de notre budget, de l’aide publique au développement et des milliards du FMI et de la Banque mondiale. La monnaie est signe de souveraineté nationale selon le président Dia et elle permet d’avoir une autonomie économique totale. Pour être une nation indépendante, il faut être en mesure d’assurer son auto-suffisance alimentaire et sa sécurité nationale. C’est ainsi que le président Dia commence à négocier avec la France pour une décolonisation achevée, concernant entre autres à une indépendance économique, politique et militaire.

Quel pays indépendant ne choisit pas ses partenaires économiques ? Le Sénégal n’était pas libre de choisir ses partenaires économiques, la France était tout le temps impliquée dans notre politique économique. Le président Dia a voulu opter pour une liberté totale. Étant séduit par la politique de non-alignement, le président Dia nouera des partenariats avec les pays de l’Est et les pays arabes. La France fera tout son possible pour que le partenariat avec les pays arabes ne se développe pas en détournant les étudiants sénégalais dans d’autres pays autres que les pays arabes. Le président Dia avait en tête de son programme de développement le privé national. Sans un privé national en bonne santé, il est impossible de créer une croissance inclusive. C’est ainsi qu’il présentera un projet de loi à l’Assemblée nationale pour la création de chambres de commerce pour les différents secteurs de notre économie nationale. Il favorisera nos artisans pour les équipements des bureaux du gouvernement…

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Le pouvoir de pardonner

Le président Dia, en tant que fervent musulman avait compris le verset descendu à cause d’Abu Bakr : Surate 24 Verset 22 : (..) Qu’ils pardonnent et absolvent. N’aimez-vous pas qu’Allah vous pardonne ? Le président Senghor se sentait un peu coupable de l’incarcération du président Dia. On dit souvent que la prise de conscience est le premier pas de la sagesse. Certes, Senghor demanda à plusieurs reprises au président Dia de renoncer à la politique contre sa libération, mais ce dernier lui fit savoir que la politique était un devoir et que nul ne pouvait renoncer à son devoir. Quand le président Senghor apprit que le président Dia était quasiment aveugle, sa libération devint imminente. Après douze ans de détentions dans de conditions très difficiles et la perte de sa vue, le président Dia a su pardonner au président Senghor et demanda même une audience pour le rencontrer. Senghor restait figer devant le président Dia et ce dernier lui demanda : « Tu ne m’embrasses plus Senghor » ? 

Et si c’était vous, seriez-vous capable de pardonner ?







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