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Le Rendez-vous De L’afrique Dit Avec L’afrique

Le Rendez-vous De L’afrique Dit Avec L’afrique

Demain, entre en vigueur la Zone de libre-échange continentale (Zleca). L’accord créant ce marché unique a été ratifié par 22 pays, soit le nombre requis pour son application. L’Afrique se crée ainsi un vaste marché de 1,2 milliard d’habitants qui pourront commercer sans obstacles. Ce qui devrait porter son Pib à 2.500 milliards de dollars. Les personnes, les capitaux, les biens et services devraient circuler sans entraves. Ce sera le début d’une nouvelle ère commerciale.

L’Afrique commerce plus avec les autres qu’avec elle-même. En 2017, 16 % de ses échanges se sont faits avec le reste du monde. Un paradoxe qui a toujours entravé l’intégration économique d’un continent poids plume du commerce mondial (3 %). Le manque de volonté, mais aussi de petits intérêts égoïstes, le repli sur soi ont paralysé la plupart des organisations sous-régionales du continent. Les textes pour rendre le commerce fluide entre voisins ont toujours existé, mais la réalité montre souvent une profusion de barrières tarifaires et non-tarifaires un peu partout, parfois pour protéger, de la concurrence, d’industries peu compétitives, qui se complaisent alors dans cette situation, à l’heure de la mondialisation. Aujourd’hui, l’espoir est dans la Zleca, près de 50 ans après les indépendances. Si les Africains parviennent à se départir de ce repli sur soi, la Zleca pourrait ouvrir des perspectives très favorables. D’abord, en créant ce marché unique, la concurrence va s’imposer et mettre fin aux monopoles encore têtus dans certains pays.

Ensuite, du jeu de la concurrence, jaillira la croissance de la productivité à long terme. Selon une étude conjointe de l’Ua, de la Bad et de la Commission économique pour l’Afrique, la fin des barrières douanières sur le continent devrait générer, d’ici à 2022, une augmentation de 52,3 % des échanges commerciaux intra-africains, soit 34,6 milliards de dollars et créer beaucoup d’emplois. Les exportations industrielles devraient, elles aussi, bondir de 53,3 à 28 milliards de dollars. Pour tirer profit de cette nouvelle donne, il faudra absolument produire en qualité et en quantité, sinon on sera hors jeu. Il faudra surtout un secteur privé aux reins solides face à la concurrence. Et dans ce jeu où les entreprises ont une opportunité d’expansion sur tout un continent, seuls les mieux préparés s’imposeront. L’autre défi, c’est celui de la diversification et de l’industrialisation des économies pour augmenter sensiblement le taux de produits à valeur ajoutée dans les exportations, et réduire, au fur et à mesure, dans nos échanges, la place des matières premières aux cours volatils. Pour y parvenir, ne faudrait-il pas revoir nos modèles de tissus économiques constitués, à une écrasante majorité, de Pme plutôt tournées dans la satisfaction d’un marché national que dans les exportations ?

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En tout cas, un pays comme le Maroc part avec une longueur d’avance. L’autre mastodonte économique et démographique (près de 200 millions d’habitants), le Nigeria, freine toujours des quatre fers pour ratifier la Zleca, ses entrepreneurs craignant de laisser des plumes dans le jeu de la concurrence, comme ce fut le cas pour son industrie textile mal en point depuis l’arrivée du libre-échange à la sauce Omc. Mais s’il veut garder son rang de première économie du continent, le géant nigérian devra impérativement faire le grand saut et mettre de côté ses craintes injustifiées aux yeux de certains.

La Zleca, entre autres avantages, permettra à l’Afrique de parler d’une seule voix comme l’Union européenne dans les négociations commerciales internationales. « Ce n’est pas la même chose que 55 entités qui s’époumonent. La voix de l’Afrique à l’Omc sera égale à celle de l’Inde en importance et en taille. Et les négociateurs savent que l’Inde a donné du fil à retordre à tout le monde, quand les voix africaines, entendues séparément, sont tout simplement ignorées », déclarait dans une tribune (La Zlec, une chance historique pour l’Afrique) l’universitaire Carlos Lopes. Et dans son argumentaire, l’ex-secrétaire de la Cea, démontre comment une zone de libreéchange attrayante peut attirer les investisseurs. Ils manquent tant à l’Afrique.







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