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Affaire Petrotim, Un Casus Belli Entre Pouvoir Et Opposition

Affaire Petrotim, Un Casus Belli Entre Pouvoir Et Opposition

L’enquête de la BBC, qui met à nu toute l’ingénierie de prédation mise en place par Aliou Sall, Frank Timis et le ministre de l’énergie à l’époque des faits, Aly Ngouille Ndiaye, a créé des secousses telluriques au sein du pouvoir du président Macky Sall au point de troubler la communication gouvernementale. Une panique généralisée semble avoir atteint tous les segments de la majorité présidentielle qui, visiblement, semble dépassée par la situation. Pourtant à y regarder de près, Mayeni Jones, la journaliste enquêteuse, n’apporte pas beaucoup de révélations supplémentaires par rapport à ce que la presse nationale et quelques hommes politiques (notamment l’opposant Ousmane Sonko qui a produit un livre là-dessus) ont déjà publié sur cette affaire du pétrole et du gaz sénégalais.

Communication désordonnée

Une chose est claire, en tout cas : ça part dans tous les sens après la diffusion du documentaire de la Bbc. La communication très désordonnée du gouvernement atteste de l’état de panique dans laquelle pataugent le chef de l’état et son gouvernement.

La sortie président Macky Sall sur la question au sein même de la mosquée où il a sacrifié à la prière de l’Aïd el fitr suivie dans l’après-midi du même jour point de presse de la porte-parole du gouvernement, Mme Ndèye Tické Ndiaye Diop, tout cela trahit l’affolement gouvernemental subséquent à la diffusion de l’enquête de la chaine britannique. Une situation qui a mis à nu la carence de certains membres du gouvernement notamment la ministre chargée de la Communication. Son point de presse a été désastreux parce qu’elle n’avait pas par-devers elle tous les éléments et documents nécessaires pour défendre son gouvernement éclaboussé dans ce « Sallgate. » au moment où Macky Sall évoquait le sujet à la grande mosquée, d’autres de ses ministres dans d’autres lieux de culte s’exprimaient avec imprudence cette question brûlante comme le pétrole.

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De son côté, El Hadj Kassé, le conseiller en communication du président Macky Sall se faisait distinguer en nie que le rapport l’existence d’un rapport de l’Inspection Générale d’Etat sur les conditions dans lesquelles le sulfureux Frank Timis a pu obtenir deux blocs pétroliers dans notre pays. À en croire l’inénarrable Hamidou Kassé, le président Sall n’aurait jamais signé d’ordre de mission pour mener une telle enquête et n’aurait jamais reçu de rapport en ce sens. Ce qui est absolument faux si l’on se fie à ce qu’écrivent dans le rapport en question — amplement diffusé sur les réseaux sociaux — les inspecteurs enquêteurs en l’occurrence Gallo Sambe et Oumar Sarr. Toutes ces sorties officiellement présentées comme spontanées et dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles sont désordonnées — n’ont fait que donner du crédit aux accusations de corruption contenues dans le documentaire de la consoeur Mayeni Jones. Comme si cela ne suffisait pas, on a assisté aux prises de position successives des cadres apéristes, des sages de Benno, des jeunes de la Cojer, des femmes de Bennoo, des membres de Bennoo et de tierces personnes. Autant d’instances soucieuses d’allumer des contre-feux ou de contre-attaquer maladroitement.

Guerre entre opposition et majorité

L’intervention de deux opposants (Abdoul Mbaye et Mamadou Lamine Diallo) dans l’enquête de la journaliste de BBC laisse penser à tort ou à raison à une charge larvée de l’opposition contre le gouvernement par le biais d’un support médiatique étranger. C’est pourquoi, Aliou Sall, dans sa conférence de presse, a flétri ces deux membres du Congrès de la Renaissance sus-nommés tout en soupçonnant Ousmane Sonko et Thierno Alassane Sall, deux autres deux autres leaders de l’opposition, d’être derrière cette enquête. C’est ce qui explique cette sortie du proche du président rapportée par RFI qui assène : « Cette affaire n’est pas bouclée, mais nous avons dit ce que nous avions à dire. Nous mènerons uniquement la bataille sur le terrain politique, jusqu’au bout ». Ce qui veut dire que l’affaire Aliou Sall est un devenu un casus belli entre le pouvoir et l’opposition.

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Le front de résistance national (frn), pourtant partant pour le Dialogue politique réclame la démission du frère du président de son poste de directeur général la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Le PDS, qui avait adopté une position plus ou moins modérée vis-à-vis du président Macky Sall depuis la présidentielle de février dernier, ne s’est pas empêché, pour enfoncer Aliou Sall, de publier les décrets portant approbation du contrat de recherche et de partage de production entre l’Etat du Sénégal, Pétrosen et Pétrotim Limited pour les blocs Cayar offshore Profond et Saint-Louis offshore profond, signés le 5 juin 2012. On risque d’assister sous une autre forme à la prolongation de la bataille de la présidentielle avec cette affaire.

La société civile non plus n’est pas en reste dans cette guerre déclarée contre les prédateurs des ressources nationales. C’est ainsi que 13 organisations, partis politiques et mouvements de la société civile, personnalités indépendants ainsi que des associations et organisations communautaires (Cosm23, Legs Africa, Y en a marre, Pastef, Agir, Cajust, One Million March, Forces Démocratiques du Sénégal (FDS), Congrès pour la Renaissance Démocratique (CRD), Dafa Jott, Avenir Senegaal Bi Ñu Bëgg, Frapp France Dégage, Imam Ahmadou Kanté) se sont réunis à Dakar, le samedi 8 juin 2019, pour mettre en place un large front citoyen pour la sauvegarde des richesses pétrolières et gazières du Sénégal. Ce front exige la transparence dans la gouvernance des ressources naturelles, la transmission des dossiers liés aux contrats sur le pétrole et le gaz à la justice, la renégociation des contrats signés et le recouvrement des avoirs pétroliers et gaziers. Il entend d’ailleurs mener, dès les prochains jours, des actions décisives au Sénégal et dans la diaspora, pour mettre un terme à la spoliation des richesses de notre pays au profit des réseaux mafieux intérieurs et étrangers avec la complicité coupable du président de la République. Elimane Kane, président du Think tank Legs Africa, a ainsi déclaré lors de cette rencontre qu’« en tant que citoyens sénégalais, nous n’accepterons pas que nos représentants prennent des décisions qui soient contraires aux intérêts de notre peuple parce que ces ressources nous appartiennent. Il faut élargir l’espace de transparence de la gouvernance du secteur des hydrocarbures. Malheureusement, jusque-là, c’est concentré au niveau de l’exécutif, entre le Président et son ministre ». Et pourtant le président macky Sall, comme pour satisfaire cette demande de transparence, a décidé, lors du Conseil des ministres du 6 juin dernier, d’élargir le Comité d’orientation Stratégique du Pétrole et du Gaz (CoS-Petro-GaZ) aux représentants de la société civile et de l’opposition.

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Pour Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du forum social sénégalais (fSS), le président Macky Sall doit d’urgence prendre des décisions « courageuses en démettant son frère d’un poste de responsabilité que constitue la Caisse de Consignation. Tout cela pour montrer sa bonne foi, sa détermination à faire éclater la vérité et à appliquer sa déclaration de l’époque consistant à ne protéger personne, fût-il de son camp ». C’est donc dire qu’aujourd’hui, l’unité nationale tant prêchée pour éviter la guerre du pétrole semble être compromise. Dans un tel climat de tension, il est à craindre que le dialogue national ne soit mort-né. Il est à craindre que ceux qui doivent dialoguer pour trouver des plages de convergence sur des questions d’intérêt national soient contraints de se regarder en chiens de faïence car l’affaire Aliou Sall planera certainement sur les travaux dudit dialogue national à défaut d’en sonner l’hallali avant même son démarrage.







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