C’est un véritable cri du cœur, en réponse aux agissements, messages et pratiques peu orthodoxes et pas du tout catholiques de ceux qui prétendent être des sentinelles ou serviteurs de notre République. Le dialogue national, le cas Aliou Sall, avec les déclarations et agissements annexes, les ravages routiers sont autant de faits qui nous interpellent et nous invitent à nous poser la question «qu’est-ce que la République».
Notre République dont je ferai l’économie de sa définition est sous tendue par des normes, des lois et des principes, des permis et des interdits. Outrepasser un des éléments de son contenu constitue une défiance qui, atteignant une certaine échelle, peut engendrer une catastrophe qui l’éloigne de ses véritables desseins.
L’élégance verbale, la retenue dans les gestes, le tempérament pacifique sont autant d’attributs qui font la particularité de notre pays, de tels attributs sont en train de s’émousser pour faire place à des clichés pas rassurants et même hideux.
Ceux qui sont acteurs aujourd’hui du jeu politique sont les héritiers de leurs devanciers dont la bonne posture a permis d’avoir ce qu’on appelle aujourd’hui le Sénégal.
Senghor, Diouf, Abdoulaye Wade et leurs équipes respectives ont fait de leur mieux pour préserver la paix et les atouts du pays. Les deux premiers avaient une certaine compréhension de l’Etat et cela a épargné le pays de certaines dérives. Hommes d’équilibre et d’Etat, Diouf et son prédécesseur ont grandement contribué à la stabilité et à la belle image du pays même si des reproches peuvent leur être servis du point de vue de leur gouvernance.
Le pays est dans une situation où couvent des conflits, des incompréhensions et même des animosités qui, au jour de leur éclatement, peuvent créer des désagréments ou même des désastres non souhaités ayant occasionné des dégâts sous d’autres cieux. Le manque de respect à nos institutions et aux décisions qu’elles prennent constituent un sacrilège qui fait la tache noire de notre modèle démocratique qui, pourtant, permet à notre opposition de s’opposer librement et à tout citoyen d’exercer sa liberté de penser et d’expression.
Ne faussons pas
le débat citoyen !
Le débat citoyen est l’énergie qui alimente véritablement le débat démocratique, le prisme à travers lequel il est exercé, le vide de son contenu. Au lieu de mettre le doigt sur ce qui ne va pas et faire la proposition alternative avec responsabilité, il se réduit parfois à de la démagogie exponentielle et à des insanités de mauvais aloi, indignes d’une République âgée de plus d’un demi-siècle.
Des Sénégalais mal préparés au devoir citoyen, qui exige une certaine lucidité et un certain discernement, travestissent le discours qui doit le porter et l’alimentent avec des mensonges ou des grossièretés indignes de ceux qui prétendent être des sentinelles de la République, des objecteurs de conscience ou même des présidentiables.
Animée pour l’essentiel par les membres de la société civile, le débat citoyen est mal posé par ses propres acteurs qui, parfois, manquent de neutralité dans l’approche des problèmes qui secouent la marche de la République. Cette ambiguïté dans la démarche et cette proximité avec les formations politiques avec qui elle a parfois des accointances en sourdine font dire à certains et à juste raison que beaucoup parmi eux et pas des moindres sont des politiciens encagoulés.
Dans des cas, cette société civile au service de lobbies internes et externes s’agite au moral de ces derniers qui sont leurs bailleurs.
Cette société civile est timide dans la défense des droits du citoyen ordinaire (prévenu torturé à mort, terres spoliées, maisons détruites etc.) et pourtant loquasse et hargneuse quand il s’agit d’un citoyen d’un haut rang (Karim, Khalifa) ; d’où une discrimination dans la défense des uns et des autres. Il est difficile de démentir que certains acteurs de la société civile (surtout rappeurs) sont téléguidés par des lobbies argentiers qui cherchent à influencer les décisions du pouvoir en leur faveur. Manquant de finesse, de discipline et de courtoisie, ces pseudos musiciens qui tardent à percer dans la scène musicale s’érigent en piètres et insolents insulteurs de nos institutions et de ceux qui les incarnent. Le Président qu’ils insultent leur donne pourtant cette faculté de dire et d’écrire impunément ce qu’ils veulent. Quelle indulgence ! Notre société civile gagnerait à être équidistante du pouvoir et de l’opposition si elle veut gagner en crédibilité, et cela n’est pas pour demain parce que beaucoup d’entre eux tirent des dividendes de ce faux jeu.
Une opposition peu républicaine
Comme le débat citoyen, le débat politique est balafré par celle allure-posture belliqueuse et injustifiée de ses acteurs qui refusent d’admettre que la conquête du pouvoir passe par les urnes, comme le rappelle Marine Le Pen au plus fort moment du mouvement des gilets jeunes.
Quand une opposition ne reconnaît pas le résultat des urnes et choisit de gagner la rue, elle s’écarte de sa vocation. En général, la rue est le recours des perdants d’un scrutin torpillé et émaillé de fraudes. L’élection présidentielle dont le pays sort n’illustre pas ce cas de figure. Une élection dont la transparence a imposé l’économie de tout recours, a anobli l’image du pays qui reste un modèle démocratique, participant pour beaucoup à l’influence du Sénégal dans le monde.
Le résultat du scrutin les ayant privés d’un second tour, notre opposition cherche toute occasion pour l’imposer. Ce deuxième tour semble être pour eux le supposé «scandale du pétrole» dans lequel le frère du Président est cité. Les appels cachés à l’insurrection, diffus ou sonores, voilés ou apparents dans les plateaux de télévision, dans les antennes de radio et à travers quelques lignes de la presse écrite, renseignent sur l’élan machiavélique de ces opposants qui sont plutôt fossoyeurs de la démocratie dont ils ont pourtant participé à la restauration. Le discours est sulfureux, infantile et saugrenue pour des leaders politiques et d’opinion.
Nos braves opposants oublient que la malédiction du pétrole qu’ils théorisent jusqu’à en faire le refrain de tous leurs discours trouve son lit dans le discours incendiaire, commandité par des géants du pétrole éconduits. Je rappelle à nos opposants la célèbre mise en garde de ce brillant historien et ancien ministre de François Mitterrand, Max Gallo. Ce politicien français et écrivain de son état (paix à son âme, car décédé en juillet 2017) disait que «la responsabilité de celui qui a accès à la parole publique est de mettre en garde contre l’irruption de la violence». Le Président Macky a mis un long temps et de sérieux efforts pour amener le pays là où il est ; il n’est pas question qu’on laisse des égarés déconstruire et abimer tout ce travail. Au lieu d’être des adversaires politiques, nos opposants se montrent plus ennemis, cela n’indispose pas outre mesure le Président Sall, car Georges Clémenceau professait de ne pas craindre à avoir des ennemis car, disait-il, si vous n’en avez pas c’est que vous n’avez rien fait. Le débat, déplacé des urnes à la rue ne connaîtra pas de succès que les urnes n’auraient assuré, la rue est le dernier recours des aigris et recalés politiques.
L’opposition a exigé que la lumière soit faite sur l’affaire Alioune Sall, requête à laquelle le pouvoir a librement accédé avec l’invite du procureur Bassirou Guèye qui donne libre cours à tout citoyen de venir témoigner.
Dans toute démocratie digne, c’est la justice qui règle les supposés litiges et non la rue à laquelle les Sénégalais dans leur majorité écrasante ne croient plus, et si les Sénégalais ayant une position contraire à celle des opposants étaient autorisés à se rassembler, la Place de la Nation serait très étroite pour recevoir leurs cortèges.
En réalité, c’est le grand frère qui est visé, celui qui est élu par 58% des Sénégalais, un grand esprit qui a le pays au cœur. Le spectacle du moment donne raison au scientifique et savant Albert Einstein qui disait que «les grands esprits ont toujours rencontré une farouche opposition des médiocres». Rien dans les agissements de l’opposition n’entame le capital de sympathie qui lie le Président Macky Sall à ceux qui l’ont élu.
Nos opposants oublient que leur premier devoir est de respecter les institutions de la République tout en sachant, comme le fait remarquer Auguste Comte, que nul ne possède d’autre droit que celui de toujours faire son devoir. Prompt à réclamer ses droits, mais rebelle à faire ses devoirs, l’opposition se prête à un jeu assez puéril d’occupation de la rue. Le temps de l’action n’est pas celui de la parole, et le Président qui l’a vite compris a toujours répandu le bon grain. Et à force de le faire, sa semence a fini par tomber dans un sillon fertile qui lui a remis les destinés du pays une deuxième fois et pour cinq ans.
Le nihilisme dont certains créditent nos opposants est difficilement récusable, ils sont dans une dynamique de tout détruire et chaque fois qu’il est question de détruire les ambitions et les forces s’allient aisément.
Silence messieurs !
Certains sont mal placés pour donner des leçons de morale à qui que ce soit et ne méritent pas non plus d’être acteurs à porter la lutte pour le changement.
Demandez aux Tchadiens qui a aidé Hissein Habré à blanchir l’argent volé de son pays, c’est celui-là qui crie au voleur, n’est-il pas lui receleur ?
Des criminels aux mains tachetées de sang s’érigent en porte-étendard de la lutte pour une éthique, cela dégoûte la famille de maître Sèye qui pleure encore leur père.
Il est pénible de le dire, mais le Président garde dans ses rangs ses propres opposants qui, oubliés du casting d’après élection, se montrent rebelles et cela n’est pas loyal. Tous ne peuvent pas être ministres ou directeurs généraux ou directeurs.
De grâce, chers opposants, cessez de prendre le Président comme l’homme à abattre, à nos alliés et militants républicains, comprenez que le Président ne doit pas être pris pour la vache à traire ! Que surtout les 58% qui l’ont élu voient en lui un cheval qui tire le char !
Quand le cheval tire le cheval, il demande à être engraissé, ménagé, entretenu et épargné.
Le Président appelle au dialogue national, l’opposition répond par le mépris pour la simple raison que Karim est absent du pays, Khalifa en prison. Tant pis pour eux, le dialogue se poursuivra et la chaise vide n’a jamais payé. Que nos opposants sachent que le mépris est la dernière richesse d’un cœur vulgaire et qu’il est bon de se rappeler parfois mutuellement ce qu’est la République !
Ibrahima KA
Administrateur adjoint
de la RAMPE, membre de la CCR
ibrahimaka56@gmail.com