Personne, sommes-nous assurément tentés de répondre tant la fibre patriotique s’est détendue en chacun de nous. La passion du ballon rond se fait déjà reine de l’unité des cœurs et des esprits. Nombreux ont suivi à distance au pays, certains ont fait le déplacement à l’empire des pharaons et bien d’autres ailleurs dans le monde, la fierté de la sénégalité a débordé en chacun de nous, le temps de célébrer cette victoire acquise presqu’à l’arrachée des griffes des « Aigles de Carthage ». Il fallait y croire pour y arriver et c’est fait. Le Sénégal est en finale.
Une réédition, 17 ans après l’aventure de 2002 à Bamako au Mali où les Lions de la « Téranga » s’étaient inclinés face aux « Lions indomptables » du Cameroun. Pourquoi donc ne pas se réjouir de cette splendide qualification historique avec de fortes propensions à se promener sur l’Algérie en finale et brandir enfin le titre continental de football. Ce ballon qui reste rond pour tous a réussi à mettre tout le monde autour de lui, mais au-delà de l’immense joie qui libère le trop plein d’énergie et de stress dans un contexte marqué par des clivages politico-judiciaires, d’aridité économique par endroit, de violences et de souffrances inouïes, il n’y a pas trop à faire avec le trophée, juste nourrir les racines du patriotisme fébrile sous l’emprise des enjeux et jeux politiques.
Autant croire avec l’autre qui pense que le foot est aussi l’opium de la nation, tant mieux donc si à l’unisson notre pays doit exhiber sa bannière au rendez-vous des prestiges et gage de son rayonnement dans le concert des nations. La destination Sénégal va bien se vendre et son expertise va s’exporter en tant qu’industrie lourde de football. De là aussi à deviner la délivrance une fois la finale remportée et la satisfaction générale qui en résultera. Ce sera sans doute une opportunité sans commune mesure de bâtir une union sacrée autour de l’idéal d’une vie paisible en communauté. Ce serait aussi peut-être et en dernier ressort un raccourci pour rappeler avec insistance l’impératif catégorique pour ce Sénégal-là de parler d’une seule et intelligible voix à l’Occident de ce que nous voudrions que ce soit fait de notre pétrole, de notre gaz, de nos forêts, de notre or, de notre zircon, de notre jeunesse et de notre intelligence avec diligence.