Il y a un an, pratiquement à la même époque, la plage de Malibu de Guédiawaye était le
théâtre d’un véritable carnage humain, lorsqu’elle abrita la mort de 21 personnes, toutes
englouties par la mer.
Les statistiques sur les cas de noyades accidentelles suivies de décès subissent une courbe
exponentielle très alarmante à Guédiawaye (11 en 2016, 20 en 2017 et 21 en 2018).
Cette hausse des cas de noyades est corrélée par des conditions climatiques particulièrement
favorables à la baignade. Dans une enquête réalisée, le mouvement Urgence Banlieue a
recensé tous les facteurs favorisant les noyades et a formulé des recommandations pour lutter
contre ce fléau. Les autorités municipales interpellées au premier chef par ces alertes,
gagneraient à s’approprier de ce document, ne serait-ce que pour dégager des pistes pour la
prévention.
La plage de Malibu est assaillie par un nombre record de jeunes attirés par la fraicheur
marine, et compte déjà ses deux premiers cas de noyades en 2019.
Mais beaucoup de personnes, spectatrices de ces drames, préfèrent tirer la sonnette d’alarme,
au lieu de jouer leur partition dans la prévention. Et à ce grand jeu de la délation, tous s’y
perdent, faute d’actions concrètes. Les responsables municipaux, les maires en tête, préfèrent
le feu médiatique aux actions concrètes sur le terrain des enjeux.
Les discours de façade sonnent creux à l’heure où nos jeunes sont attirés par les pièges de la
mort.
Qui pour empêcher nos jeunes de s’approcher des plages interdites à la baignade ? Quelle est
la pertinence d’interdire le commerce alimentaire sur la plage, si les baigneurs eux-mêmes ne
sont pas inquiétés ? Il suffit de faire une sortie à Malibu pour s’apercevoir que les stratégies et
les plans mis en jeu n’atteignent pas leurs objectifs.
Les mesures d’interdiction à la baignade ne produisent aucun effet. L’idéal, c’est d’organiser
la plage comme cela se fait ailleurs, en période estivale. Les opportunités de création
d’emplois saisonniers sont nombreuses, l’amélioration des taxes municipales est une aubaine.
Aux maires de définir une politique commune pour apporter la réponse idoine aux cas de
noyades.
Qu’ils oublient les discours de cérémonies et endossent le problème afin de trouver des
solutions de sortie de crise.
Si l’on veut réellement lutter contre les noyades, il faut considérer la dimension du problème
dans tous ses angles. Cette dimension s’inscrit comme toujours dans la durée, et non dans
l’urgence.
Il existe aucune plage surveillée à Guédiawaye.
Si rien n’est fait, demain, il ne faudra pas s’étonner si les noyades s’installent durablement. Il
suffit juste de faire un tour à la plage et de remarquer comment les jeunes ont investi les lieux.
IBRAHIMA DIOUF DIT GAYE GAYE
HABITANT DE GUEDIAWAYE
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