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Qu’est-ce Qui Fait Courir Oumar Sarr ?

Qu’est-ce Qui Fait Courir Oumar Sarr ?

Oumar Sarr, ses lieutenants et ses alliés parlent, à longueur de journée, du cas de Karim Wade. Mais que savons-nous d’eux ? De leur projet politique, de leurs ambitions et motivations politiques tant ils ont confortablement évolué dans l’ombre de leur Maître jusqu’à maintenant ! Presque rien ! Attardons-nous alors sur cette personnalité politique de premier rang, devenue ces derniers mois l’ennemi n°1 de Me Abdoulaye Wade au sein du PDS, Oumar Sarr. Ses dernières frasques rebelles, à l’époque n°2 du PDS, sont très révélatrices d’un retournement de veste, en particulier lorsqu’il raccrocha au nez de Me Abdoulaye Wade sous prétexte qu’il était occupé avec son Ndogou !

Comment un homme si servile politiquement parlant, un homme apparemment sans histoire, a-t-il muté en un profil décomplexé à l’égard de son mentor ? Qu’est-ce qui, en réalité, anime l’ancien des plus fidèles parmi les fidèles de Me Abdoulaye Wade au point de paraître aujourd’hui comme le plus grand judas dans la longue vie politique de l’ex-président ? Les rares déclarations et interviews d’Oumar Sarr nous révèlent un homme canonique. Peut-être est-il plus secret, manipulateur, sournois, pilier d’antichambre qu’il n’y paraît ! A y regarder de près, il avance ses pions à visage masqué, à travers ses lieutenants pour déclencher ce que les frondeurs du PDS ont appelé la « bataille finale » : ils lorgnent sur le poste de Secrétaire général du parti.

Pour la journée du Dialogue national, Oumar Sarr n’a pas pu faire autrement que de s’y rendre à visage découvert ! Il était en situation de compétence liée. Lorsqu’il est aussi question de l’ancienne sénatrice Aïda Ndiongue, le natif de Dagana sort de ses gonds : à la suite de son incarcération, il l’a défendue bec et ongles. Après une analyse approfondie portant sur ces faits intrigants (Dialogue national et ancienne sénatrice), il ressort deux motifs intrinsèquement liés qui galvanisent Oumar Sarr : la prise de contrôle du PDS (1) pour mettre en balance ce parti et une amnistie générale à la clé (2). L’amnistie, s’appliquerait-elle à sa cousine Ndiongue avec laquelle il était en affaire lors du plan Jaxaay ? Faisons parler les faits, rien que les faits !

Voilà un homme politique qui, durant de longues années, a assuré l’intérim de Secrétaire général du PDS, en l’absence de Me Abdoulaye Wade à Dakar. Le pouvoir de ce parti était entre les mains d’Oumar Sarr et de son clan ! Il a eu largement le temps de l’influencer de l’intérieur, de le façonner comme personne n’en a eu l’opportunité dans l’histoire du PDS. Son obéissance et dévouement apparents, pouvaient aussi lui laisser espérer en retour une mise sous tutelle de Me Wade. A ce moment-là, Oumar Sarr n’avait pas l’intention de précipiter le cours des évènements pour devenir calife à la place du calife. Il comptait sur sa capacité d’endoctrinement, sur ses réseaux internes et sur une stratégie de prudence « step-by-step ». ! Le remplacement à l’hémicycle de Madické Niang par l’ancien directeur de cabinet d’Oumar Sarr, Abdou Aziz Diop, montre l’efficacité de son emprise au sein du PDS. L’élimination prévisible du candidat du PDS par le Conseil constitutionnel le 14 janvier était une aubaine pour Oumar Sarr ; il allait pouvoir enfin jouer sa carte maîtresse : plaider en faveur de l’amnistie de Karim Wade (c’est loin d’être le cadet de ses soucis ; c’était une monnaie d’échange pour convaincre le PDS à aller au Dialogue national) et se rapprocher ainsi du pouvoir pour ses propres intérêts, pour ses ambitions politiques.

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Seulement, un obstacle de taille se met en travers de son chemin : le retour de l’ex-président Me Wade au Sénégal courant février 2019, stimulé d’un esprit ragaillardi d’opposant à l’endroit du président Macky Sall ; et sa reprise d’une main de fer du PDS. Finis les combines derrière le dos du Secrétaire général, comme négocier avec le pouvoir ! Par ailleurs, l’intransigeance de Karim Wade surprend : l’amnistie est écartée au profit de la révision du procès recommandée par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies à Genève. Le plan échoue ! Pour dire qu’Oumar Sarr et son arrière-garde comptaient sur le Dialogue national : ils s’inquiétaient de la radicalisation de Karim Wade, en particulier du dépôt d’une plainte internationale contre Macky Sall ! Oumar Sarr a apporté la riposte : « Le Sénégal est au-dessus de tous les partis politiques », dixit le 28 mai 2019. La présence d’Oumar Sarr à la journée du Dialogue national, de toute façon, avait été programmée en complicité avec le pouvoir. Les dernières prises de position du PDS à travers ses communiqués n’y auraient rien changé ! S’il ne pouvait pas conduire le PDS à la table des négociations (pour un gouvernement élargi, pour une amnistie générale dans un but financier et pour peut-être un soutien en faveur d’un 3ème mandat de Macky Sall), il devait au moins faire acte de présence pour sauver les meubles devant le président.

Venons-en aux incohérences de la présence d’Oumar Sarr à la journée du Dialogue national qui tendent à démontrer une collusion avec le pouvoir, un dessein commun arrêté dans des réunions secrètes. Pour mettre en porte-à-faux Karim Wade, Oumar Sarr et les siens se remémorent leur refus en 2016 de participer à la journée de Dialogue national au motif de pratiques anti-démocratiques de Macky Sall, et en particulier de l’existence de 1213 bureaux de votes fictifs lors du référendum constitutionnel. Don’t acte ! Dans sa page officielle  Facebook, Oumar Sarr, ancien ingénieur informaticien, expert pour dénicher les fraudes dans les fichiers électoraux, y publie le 16 janvier 2019 un document fracassant. Il apporte la preuve que le logiciel du Conseil constitutionnel pour les parrainages a été conçu à l’avantage de la coalition présidentielle. Pourquoi les mêmes causes observées n’entrainent-elles pas les mêmes effets trois ans après ? Sans doute les intérêts ont-ils changé depuis !

Ce n’est plus l’heure de l’endoctrinement pour Oumar Sarr, c’est le temps de prendre définitivement le pouvoir pour manœuvrer le PDS à sa guise, selon ses propres intérêts ! Sans le PDS, l’action Oumar Sarr n’est pas cotée ! Oumar Sarr n’est donc pas sur le départ, malgré l’appel opportuniste de Madické Niang de construire un nouveau parti sur la base de l’héritage du PDS. Avec ses soutiens, il reste au PDS. Il échappe à la sanction disciplinaire d’exclusion. C’est pourtant lui qui claironnait que : « Me Madické Niang connaît bien les statuts du parti et le règlement intérieur du PDS. En posant publiquement sa candidature (…), il sait qu’il se met ipso facto en dehors du PDS ». Cette sentence aurait pu être mot pour mot réutilisée contre Oumar Sarr !

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Bref, il faut se débarrasser à la fois du père et du fils. Pour Me Abdoulaye Wade, les soutiens d’Oumar Sarr ne parlent plus de l’homme en tant que tel, mais du mouvement wadiste dont ils se revendiquent les seuls et légitimes héritiers : les « wadistes de souche », les authentiques. Ça sonne sectaire (un vocabulaire utilisé par l’extrême droite européenne contre les migrants) ! Quel est leur critère ? La durée sans doute ! Alors rappelons qu’Oumar Sarr est seulement entré au PDS en 1992, huit ans avant l’alternance de 2000 et surtout 24 ans après la création du PDS. Lorsque les proches d’Oumar Sarr évoquent la personne de Wade, c’est pour atteindre par ricochet son fils. L’ex-président serait affaibli, déjà en retraite politique (ses dernières réunions avec Sonko et les activistes l’attestent !). Tout est bon pour faire mouche ! Le populisme tourne à plein régime : la femme de Wade (l’autrichienne du Sénégal), la lâcheté de Karim Wade l’anti-héros sénégalais par excellence qui a pourtant passé plus de temps en prison que son père et qu’Oumar Sarr (les deux cumulés), la succession familiale.

Sur ce dernier point, les alliés d’Oumar Sarr réveillent le subconscient des sénégalais sur la dévolution monarchique. A cette heure, une seule dévolution s’est produite dans l’histoire politique du Sénégal, celle entre Senghor et Diouf. Là n’est pas la question pour eux, c’est de réanimer les pensées automatiques. Ils traitent les sénégalais comme des automates ! Un lieutenant d’Oumar Sarr a écrit que le nouveau secrétariat national du PDS constituait un « testament familial totalement illégal ». Premièrement, cette question n’a jamais été soulevée lorsqu’Oumar Sarr et Me Amadou Sall ont assuré la « régence » du PDS ! Quand le chat n’est pas là, les souris dansent ! Ils ont beaucoup agi sans l’aval de Me Abdoulaye Wade ! Il s’impose aussi de rappeler que Karim Wade n’a pas été désigné Secrétaire général du PDS ; seul le Congrès est habilité à le faire (article 15 des statuts du PDS) ! Par ailleurs, l’alinéa 1 de l’article 22 dispose que le Secrétaire général est assisté par un secrétariat national dont il nomme à sa discrétion les membres. Il s’agissait d’une opération de nettoyage des écuries d’Augias en direction des collaborateurs de Me Wade ! C’est un moindre mal pour Oumar Sarr !

La dernière trouvaille ? Karim Wade est choyé par son père ! Pourtant lui seul parmi les anciens pontifes du PDS a été jugé par la CREI ! Sa qualité de « fils de » n’a-t-il pas prévalu dans ce traitement de défaveur ? Oumar Sarr, sur la liste de la CREI, y a échappé ! A contrario, n’est-on pas en droit de nous interroger sur un traitement de faveur compte tenu à l’époque de l’identité de l’ancienne ministre de la justice et puis ancienne première ministre ? Abdoulaye Baldé dont sa femme a des liens avec la Première Dame n’a pas connu les foudres de la CREI ! Lorsqu’Oumar Sarr était au pouvoir, n’a-t-il pas bénéficié d’un ministère de l’Habitat élargi à l’hydraulique et à l’assainissement ? N’est-ce pas fort de ce grand Ministère « doré » qu’il a contracté avec sa cousine, Aïda Ndiongue (dont il prétend avoir des liens de sang) ?

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Macky Sall et Oumar Sarr, ne partagent-ils pas un point en commun ? Le fait d’avoir contracté dans l’exercice de leur pouvoir avec un membre de leur famille : Petro-Tim pour Aliou Sall, Plan Jaxaay pour Aïda Ndiongue. N’ont-ils pas tous les deux un intérêt pour une amnistie générale ? Oumar Sarr ne s’en cache pas : sa cousine, native aussi de Dagana, avait déjà obtenu des contrats avant son arrivée au ministère de l’Habitat. Devait-il poursuivre la relation d’affaires avec elle, étant donné les liens de sang, le fait qu’elle fût « La Ndieukké » de sa femme d’alors ? Apparemment oui si l’on se réfère aux propos du Procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye : « 47 milliards de francs CFA ! Le modus operandi : A chaque fois qu’on lui donnait un marché, elle (Aïda Ndongue) détournait les fonds qu’elle gardait chez elle dans des coffres-forts. Et elle donnait au ministre, qui lui a confié les travaux, sa part du butin. C’est comme ça qu’elle a fait durant tout le règne de Wade ». Une amnistie pour éviter la CREI (ou chantage pour diviser le PDS !), ou une amnistie pour récupérer les commissions dont semble parler en connaissance de cause le maître des poursuites ?  Rappelons que la Cour suprême a condamné l’ancienne cousine d’Oumar Sarr à payer à l’Etat sénégalais la somme de 20,6 milliards avec la confiscation de ses biens et avoirs. En vrais pirates de la République, il faut récupérer une partie de leur trésor !

Dans de nombreux héritages, les héritiers se déchirent (bien que l’heure de la succession n’ait pas encore sonné au PDS malgré les mauvais augures des frondeurs !). Rien d’anormal à première vue ! Chacun réclame sa part du gâteau ! Seulement, avec le PDS, nous ne sommes pas dans la même configuration. Ce n’est pas le partage d’un héritage dont on parle, c’est de l’avenir du PDS. Les « authentiques » (cette expression en dit long !) ont gouverné le PDS pendant de nombreuses années. C’est le Congrès qui décidera à son heure le courant majoritaire. Donc pas nécessaire de crier au loup avant l’heure ! Pendant ce temps-là, ne conviendrait-il pas de travailler les projets politiques autour d’un nouveau libéralisme ? De s’affairer à devenir la sentinelle des libertés publiques violées par le régime de Macky Sall ? L’article 2 des statuts du PDS aurait-il été oublié ? Oumar Sarr est aphone sur ces vrais sujets qui sont au cœur du projet libéral du PDS ! D’ici là, prenez garde aux éditorialistes moralisateurs-trotskistes-frustrés ! Prenez vos distances avec ceux qui parlent de favoritisme familial, avec ceux qui jettent les personnes en pâture sur fond de populisme, d’intolérance, voire de racisme ou de pureté politico-culturelle ! Car, en conclusion de cet édito, la vérité de ces gens-là n’existe pas ! 

edesfourneaux@seneplus.com







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