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Amnistie Contre TroisiÈme Mandat

Macky Sall continue de dérouler son agenda politique qui est loin d’obéir uniquement à sa volonté et à ses désirs. En attendant de recevoir le prix de « l’homme de l’année » qui lui sera décerné au Cap, en Afrique du Sud, lors de la « conférence et exposition Africa Oil & Power 2019 » prévue du 9 au 11 octobre prochain, il a remporté, ce samedi, nous indique-t-on, le Prix Sunhak 2020 pour la Paix. Des distinctions, qui sont censées redorer son blason troué par le scandale Pétro Tim, qu’il aurait du mal à justifier en gardant l’ancien maire de Dakar en prison et en affichant une adversité avec son prédécesseur. Seulement, pendant que le leader de l’APR est félicité et peint comme un homme de paix, ses députés sont en train d’ourdir un complot qui pourrait être fatal à l’autre ténor politique qu’il reste à ligoter.

Il y a probablement quelque chose qui cloche dans la tête des Sénégalais. Après avoir balafré la démocratie, en interdisant systématiquement les marches, en emprisonnant de nombreux responsables politiques avant d’aboutir au forcing du parrainage  qui a mené au hold-up électoral à la dernière présidentielle, Macky SALL se serait, soudain, métamorphosé. Pour de nombreux observateurs et analystes, il aurait changé de fusil d’épaule pour avoir scellé les retrouvailles publiques avec son mentor et gracié Khalifa Sall. Seulement, ce qui est présenté comme une décrispation arrive à son heure pour ce régime éclaboussé notamment par le scandale Petro Tim dont personne ne parle plus et qui peine à résoudre les nombreuses difficultés qui assaillent les Sénégalais. Incapable de juguler la crise économique qui se manifeste par l’augmentation du prix de nombreux produits (carburants, pain) et par une dette publique exponentielle qui a dépassé la barre des 7100 milliards de F CFA, Macky Sall, qui s’est rendu à l’évidence que le musèlement national ne peut marcher au Sénégal, a juste offert des sujets à palabres autres que ses carences. En attendant que les Sénégalais les épuisent, lui aura le temps de glaner quelques médailles à l’étranger pour restaurer son image écornée par les scandales à répétition. Il n’a rien à perdre d’autant que ce qui est appelé conciliation est opérée avec des camps dont la carrière politique des leaders est assujettie à une loi que seuls ses députés peuvent faire passer.

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Relâché dimanche dernier, l’ancien maire de Dakar a refusé de rentrer chez lui en catimini. En se payant une procession à travers les artères de la capitale, Khalifa Sall a voulu que le tumulte qui l’a accompagné en prison s’accentue à sa libération. Une façon de renseigner que ses ambitions, qu’il n’a explicitement dévoilées qu’une fois arrêté, sont toujours d’actualité. Seulement, c’est un cadavre politique qui se déambule. Car, à l’instar de Karim Wade, l’ancien maire de Dakar est sorti de prison pour s’engouffrer dans un tunnel dont l’issue est bloquée par les députés de Macky Sall.  En effet, sans amnistie, il est politiquement mort. En lui collant le chef d’accusation « d’escroquerie portant sur des deniers publics », le régime de Macky l’a extirpé du jeu politique.

La grande prouesse de Macky Sall, c’est d’avoir réussi à loger Khalifa Sall et Karim Wade à la même enseigne. Reconnus coupables, condamnés et écartés de la dernière présidentielle, les deux responsables politiques, dont la convergence était impensable il y a quelques années, ont trouvé toutes les raisons de se liguer. Pourtant, au-delà des apparences, les déboires judiciaires, qui sont en passe d’enterrer l’un, ont totalement régénéré l’autre. Khalifa Sall et Karim Wade ne sont pas entrés en prison avec le même statut. Maire de Dakar en 2009, réélu en 2014, l’ancien responsable socialiste avait déjà fait ses preuves et s’érigeait avant d’être embastillé comme un ténor politique accompli. Tout le contraire de Karim Wade que la prison a grandement propulsé dans le cœur des Sénégalais. Avant, le fils d’Abdoulaye Wade, perçu comme un arriviste profitant de la position de son père, peinait à se faire accepter par ses concitoyens. Avec la CREI, Macky Sall en a fait une victime et à force de défiance feinte et de manœuvres ostentatoires, Wade-père en a fait un ténor politique en organisant sa désignation comme candidat du PDS à 24 heures du verdit de la CREI. En les rendant tous les deux dépendant d’une loi d’amnistie, Macky Sall dont la coalition est grandement majoritaire à l’Assemblée nationale, Macky Sall, en grand dealer, pourrait démarrer les enchères par : amnistie contre troisième mandat. Et c’est là qu’intervient Ousmane Sonko. Les fiches qui parviennent à Macky Sall le placent parmi les grands mobilisateurs à craindre. En plus d’être, avec Khalifa Sall, l’un des ténors politiques non issu de la famille libérale et qui pourrait annihiler les plans de Macky Sall et de son mentor. Les députés qui se sont réunis, jeudi dernier, ont reporté l’examen des conclusions du rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 94 milliards de F CFA opposant le leader de Pastef à Mamour Diallo pour, sans doute, laisser libre cours au vent de décrispation. Mais quand l’agenda de Macky Sall le recommandera, les députés mettront sur la table le dossier pour désavouer leur collègue  en rejetant ses accusations, comme l’a déjà fait ladite Commission. Et s’ils jugent qu’Ousmane Sonko a accusé à tort l’ancien directeur des Impôts et Domaines, comme ils s’apprêtent à le faire, quel tribunal, sous Macky, dira le contraire ?

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