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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Zone Interdite…

L’humoriste français Coluche avait, dans un de ces traits d’esprit dont il avait le secret, défini ainsi le paradoxe de certains régimes politiques qui nous gouvernent : « la démocratie c’est cause toujours. La dictature, c’est ferme ta gueule ! » Expéditif mais de plus en plus proche de la réalité de bien des « démocraties tropicales », dirons-nous…

Disons le franchement : le limogeage en série de hauts fonctionnaires, juste pour des propos tenus, est déjà limite sur le principe. Quelques propos doivent-ils entacher toute une carrière ? Et puis, lorsque l’on prend connaissance des propos en question, on se demande s’ils ne valaient pas, tout simplement, un léger recadrage. Cela aurait pu prendre, pour le cas de Monsieur Kaba qui, que je sache, ne s’exprimait pas en sa qualité de Directeur des sénégalais de l’extérieur, la forme d’un désaveu circonstancié par un de ses alter ego politique dans un premier temps. Non pas sur un ton polémique. Mais juste pour dégonfler l’effet ballon qui s’envole hors contrôle. Suivi, dans la foulée, par un message discret mais ferme d’un haut responsable de l’APR pour lui indiquer les nouvelles limites à ne pas franchir et lui donner la température ambiante au sommet à ce sujet. Si telle est la volonté du prince évidemment ! Garder de la finesse et du doigté même dans l’abus de pouvoir lui conserve une certaine aura. Or, tout pouvoir a davantage besoin d’être respecté que d’être  craint. Surtout par ses premiers serviteurs ! Les cimetières de l’Histoire regorgent de monarques injustes embastillés ou embrochés par des gueux… Il ne faut jamais insulter l’avenir.

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Mais enfin, la nervosité soudaine qui se fait sentir au sommet de l’Etat lorsque l’on prononce les mots « troisième » et « mandat » dans une même phrase a de quoi nous étonner. Nous avions cru comprendre que le référendum de 2016 avait pour objectif principal de décrisper définitivement l’atmosphère sur la question des mandats présidentiels en verrouillant le dispositif. C’est, du moins, ce qui nous avait été promis, pour faire passer la pilule déjà amère du dédit du quinquennat /septennat encore frais dans toutes les mémoires. En effet, en dépit des preuves irréfutables, visuelles et sonores, des engagements solennels et personnels du président Macky Sall, on nous avait sorti le grand jeu. Des juristes certainement habiles, si tel est d’honneur de leur métier, nous avaient alors embarqués dans la tenue d’un référendum coûteux qui nous aura laissé, entre autres une institution budgétivore, le HCCT, dont on a encore du mal à comprendre l’utilité. Encore plus depuis le rappel à Dieu de son premier président pour qui il semblait avoir été taillé sur mesure. La difficulté de le remplacer en atteste !

Quant aux deux braves magistrats qui, au Comité des droits de l’homme à Genève, n’ont fait que traduire dans des termes juridiques, et avec toute la prudence sémantique requise, l’atmosphère de détente politique qui semblait découler des retrouvailles chaleureuses entre les présidents Macky Sall et Abdoulaye Wade. On les aurait accusés de jeter de l’utile sur le feu s’ils avaient, à l’inverse, réitéré la position du contexte belliciste de l’ère triomphale de la CREI ! Ils auraient peut-être subi le même sort, d’ailleurs. Quand la politique s’en mêle, rien n’est impossible au Sénégal. A preuve, le parlementaire Yaya Sow qui a émis son opinion dissonante sur des décisions de nomination à l’Assemblée Nationale vient d’être déchu de son poste de vice-président de commission ! La démonstration est encore une fois faite que le pouvoir législatif dans notre pays est totalement inféodé à l’exécutif. Il a été exécuté pour avoir osé commenter, négativement, un acte du président de la République. Lii mooy bou mou niaar…

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Bref, et très clairement, il y a désormais une zone interdite au discours des membres de la coalition présidentielle : le troisième mandat. Lii moom leerna !

En vérité, toutes ces péripéties sont anecdotiques au vu des gros nuages sombres qui vont désormais s’amonceler dans le ciel de la démocratie sénégalaise. Un modèle, certes inachevé, mais qui avait le mérite d’être voulu, et servi, par des hommes et des femmes de bonne foi, de bonne volonté et de grande culture. Tant au pouvoir que dans l’opposition, des générations successives ont eu à cœur de jouer le jeu. Proprement. Sans tricheries excessives ni franchissement de certaines lignes rouges. L’apparition de nouvelles ressources semble changer la configuration mentale de la nouvelle vague… émergente (!) d’hommes politiques sénégalais. Et c’est comme si des agendas cachés, notamment financiers et miniers, nous dictaient leur loi au mépris des aspirations du peuple sénégalais à vivre mieux et à tirer profit de ses ressources pour améliorer ses conditions de vie. Par son labeur. La cause est donc plus sérieuse que l’on ne pourrait penser et ce ne sera pas avec quelques manifestations de rue et des post sur les réseaux sociaux que la bataille sera gagnée. Il va falloir aussi se lever tôt. Ne pas attendre l’année de l’élection pour dire «  Non à un troisième mandat », imprimer des tee-shirts et braver, en ordre dispersé, les interdits de manifester. Il faut ici et maintenant, un état-major de crise regroupant les principaux leaders de l’opposition et de la société civile pour élaborer une stratégie globale de défense de nos acquis démocratiques, avec des plans d’actions diverses et graduées. Car, c’est maintenant que des garanties puissantes et définitives doivent être obtenues, sur la question du troisième mandat notamment. Il faut en faire une exigence, sous la forme d’une question préjudicielle, avant l’entame d’un quelconque dialogue politique ou la signature d’un quelconque accord sur des sujets subséquents.

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Il reste quatre ans pour la prochaine élection présidentielle. C’est maintenant que tous les masques doivent tomber afin que l’on sache qui est de quel bord. Tout le reste nous distrait.

Lii mooy deugg !







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