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La RÉpublique PiÉtinÉe

La RÉpublique PiÉtinÉe

L’an pire des enfants ! Enchaînés, marqués au fer ils ont presque subi le supplice du collier, rien que pour apprendre…. Même Samba Diallo, dans « l’Aventure ambiguë » n’a pas vécu pareilles atrocités. Et pourtant cette sordide histoire d’enfermement d’adolescents qui s’est produite l’autre semaine à Louga trouve ses défenseurs chez certains compatriotes qui, avantagés aujourd’hui par la nature, tentent de justifier ces traitements comme un « passage obligé de l’école de la vie ».

Ces mêmes, a-t-on appris ici et là, épargnent à leurs progénitures ces « univers clos », ces « enfers » qui cheminent malgré tout à la lisière du système formel d’éducation dont justement la République est dépositaire. L’indignation provoquée par ces pratiques d’un autre âge a vu se dresser en face et ce contre toute attente, une tout autre furie : celle des maîtres coraniques révulsés par la mise aux arrêts d’un des leurs.

Ce dernier a reconnu les faits. N’empêche, il a bénéficié du soutien aveugle et irréfléchi de ses collègues qui voient dans sa détention le procès d’un corps décrié et vilipendé. Ils étaient venus nombreux à l’audience. La plaidoirie du ministère public devant le juge répressif pour requérir une peine privative envers le prévenu, donc l’accusé, a suffi pour déclencher une violence inouïe infligée au …pauvre bâtiment du Tribunal de Louga.

Il s’agit rien moins que d’une meute, d’une horde. Bref des sans-culottes sortis d’une caverne introuvable qui ont osé défier la République en s’attaquant à un de ses symboles : la Justice. En soi, le fait est grave. Il met en péril les ressorts de notre équilibre institutionnel. Il remet en cause les fondements de notre « commun vouloir de vie commune ». Sans que cela soit une faiblesse coupable, notre démocratie a servi de prétexte à ces forces, pour s’y appuyer dans le but de l’affaiblir. Sans pitié.

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Ce tourbillon, quoique fougueux et fugace, n’en est pas moins une alerte sur le danger qui guette la République, autrement dit la nation sénégalaise dont la cohésion a été laborieusement tissée par des hommes et des femmes entrés dans l’histoire pour ce sublime legs aux générations à venir.

Une République forte reste intraitable, quoiqu’il advienne. Elles est défendue par les Républicains de tous bords. Or, les images insoutenables de la furie s’étant abattue sur le Palais de Justice de Louga nous interpellent. Il y a une urgence impérative à aplanir les divergences pour sauver le soldat.

L’attention ne doit pas être prise en défaut parce que le danger rôde. Il ralentit certes mais ne rompt pas. Certains manifestent une vive impatience d’en découdre avec le « système » qui est, à leurs yeux, l’incarnation du mal absolu. Cela fait beaucoup pour une société percluse de doutes, inhibée par ses peurs, incapable de surmonter ses propres phobies.

L’image du pays est déjà peu flamboyante, voilà qu’elle est encore écornée par ces hordes qui n’en demandaient pas tant pour tenter de l’anéantir. Rappelons-nous de la rocambolesque affaire de l’imam Alioune Ndao arrêté en 2015, longtemps détenu pour « apologie et financement du terrorisme et blanchiment de capitaux » puis acquitté pour n’être condamné en juillet 2018 qu’à un mois avec sursis pour « détention d’arme de deuxième catégorie ». Elargi de prison, il fut accueilli en triomphe à Kaolack, sa ville natale.

En libérant Alioune Ndao, le pouvoir ravive la colère des foules dont il gagne la sympathie débordante. Mis bout à bout, ces deux faits reflètent le glissement unilatéraliste de notables franges de la société sénégalaise presque en rupture de ban. Le procès de Louga met au jour une certaine crise des institutions se traduisant par un pouvoir immobile comme un avion sans ailes devant des actes répétitifs de défiance sans consistance réelle toutefois. Pour le moment tout au moins. L’indifférence nourrit le projet de ces acteurs atypiques.

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En revanche, ces forces, dont il ne faut pas exclure l’agrégation un jour, délégitiment l’action publique. Dores et déjà la furie de Louga après la colère de Kaolack laisseront des traces profondes dans une société en pleine recomposition. Non sans raison, des craintes de dislocation fusent des conversations. Dans quel esprit a germé l’idée de défiance à l’égard de la République ?

Ce qui reste constant c’est que les zones de « non droit » épousent souvent la géographie de la pauvreté. Elle prend racine dans le pourtour des grandes villes. Ecoles, lieux de cultes, mode d’organisation sociale et économique y fleurissent et s’épanouissent. En clair, une habile mais discrète stratégie d’évitement se met en place au nez et à la barde des citoyens attachés aux valeurs de la République. En d’autres termes, il s’agit d’un entêtement social à finalité politique qui, en grossissant ou en s’amplifiant, favorise la défiance à l’égard des institutions et les rangs des protestations s’allongent. L’indifférence nourrit le projet des « exclus du système » sensibles à tous les discours de rupture. La parole du régime est-elle devenue à ce point inaudible.

La République se bat pour survivre. Elle doit se donner les moyens et les arguments de remplir sa mission. Ceux qui la combattent le font au nom d’un idéal de vie excluant tout compromis social. On le voit, les demi-mesures sont inopérantes face à de telles motivations au demeurant inavouables si, en face, la vigueur est absente.

« Le Mali est en guerre », a prévenu, le Président Ibrahima Boubacar Keïta. Sans doute a-t-il raison. Mais quelle guerre livre-t-il ? Contre qui précisément ?

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Les Nigériens, eux, s’apprêtent à changer… leur hymne national en procédant à un référendum. Pourquoi ?

L’arc de crises se traduit par un cercle de feu entourant un Sénégal sommé d’accroître la vigilance. Autrement, réagir trop tard c’est déjà concéder davantage avec le risque de tout perdre.







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