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Greta Thunberg

J’avoue que je suis fasciné par Greta Thunberg.

Elle n’a pas encore 17 ans.

Elle était pourtant au centre de l’attention du monde lors de la COP 25, le sommet des Nations unies sur les changements climatiques tenu du  2 au 14 décembre 2019 à Madrid, en Espagne

Elle est depuis 2018 l’incarnation de la lutte citoyenne en faveur du changement climatique.

Elle a initié la « grève de l’école pour le climat » qui fera des émules dans tout le monde occidental, de son pays, de la Suède, à l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse jusqu’au Japon.

Elle vient de recevoir le tire de Personne de l’Année (on disait jusqu’en 1998 Homme de l’Année) décerné par l’hebdomadaire américain Time Magazine à la personne qui a « marqué le plus l’année écoulée, pour le meilleur ou pour le pire ». Il s’agit là de la reconnaissance de l’influence politique et du leadership de cette jeune personne au niveau mondial.

Ceci est extraordinaire car si les jeunes, les enfants même ont de tout temps joué des rôles déterminants dans l’histoire de l’humanité, de Toutankhamon à Alexandre le Grand par exemple, ils ont rarement été promus en modèles aux sociétés. Ils ont rarement été promus comme guides ou « éclaireurs » au niveau d’une nation encore moins au niveau du monde. Le monde est donc en train de changer.

Car voilà une ado ordinaire, avec baskets et sweatshirt, qui se fait citoyenne du monde en portant le plaidoyer en faveur de la prise en compte par les nations du réchauffement climatique, avec des mots simples, sans référence idéologique ou messianique. Et la parole de cette ado est portée par les médias, discutée partout, par des universitaires, des scientifiques et des décideurs politiques à travers le monde.

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On me dira qu’elle bénéficie du « privilège de la peau blanche » qui fait que dans le monde actuel, c’est le Blanc, l’Occidental qui à priori, incarne le Beau, le Bon, le Progrès et le Bien et que l’on donne en modèle au monde, sur tous les plans. Que Greta Thunberg est Suédoise, qu’elle aurait pu être Française ou Américaine ou Australienne. Pas sûr qu’elle ait pu être Indienne ou Inuit.  Qu’elle n’aurait en tout cas pas pu être Africaine.

Oui Greta Thunberg n’aurait pas pu être Africaine. Pas seulement à cause du « privilège de la peau blanche » mais aussi et d’abord parce que nous continuons à considérer en Afrique qu’un enfant ou même un adolescent n’est pas tout à fait une personne pleine et entière.

Qu’il faut encore la faire murir et cela à coup de brimades, de vexations et de violences verbales, psychologiques et physiques. Nous l’avons vu encore récemment avec ces talibés enchainés comme des esclaves et condamnés à errer toute la journée et à mendier pour se nourrir et nourrir leur « marabout ».

L’enfant en Afrique n’a encore pas droit à la parole et surtout pas à la parole publique et politique. On continue encore à croire en Afrique que le savoir et la sagesse, la parole publique et le pouvoir donc sont l’apanage de l’âge.

Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brule dit-on pour justifier la tyrannie gérontocratique sur les familles, les villages et les Etats.

Or il s’agit bien souvent de vieillards qui ont tout oublié de l’Afrique traditionnelle et rien appris de la modernité.

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Au moment où le monde, dans sa partie développée en tout cas, a révolutionné ses systèmes scolaires depuis longtemps par une pédagogie qui recherche l’éveil de l’enfant dès sa naissance pratiquement, encourage sa participation à l’école et le place au centre de la société, soutient et encourage le développement de sa personnalité propre, sans aucune contrainte, dans le respect de la spécificité de chaque individu.

Et  écoute sa parole et met même désormais au pouvoir des jeunes. C’est même devenu un impératif politique. L’Afrique devra s’y soumettre d’autant que sa population est jeune. Et qu’elle augmente vertigineusement.

Le rapport Perspectives économiques en Afrique établi en 2012 par la Banque Afrique de Développement (BAD), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Commission Economique pour l’Afrique et l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) indiquait déjà que la population de jeunes âgés de 15 à 24 ans s’élevait à 200 millions d’habitants. Qu’elle doublerait à l’horizon 2045.

A cette échéance, la population de l’Afrique sera de 2.500 milliards dont plus de la moitié aura moins de 25 ans. Quelle sera la situation de l’Afrique à cette échéance ?  Aura-t-elle enfin pris en main son destin et avancé dans la voie de son émancipation politique et de son développement économique et social ?

Ceci dépendra en grande partie de la manière dont les générations montantes actuelles, les générations Z et Alpha (celles qui sont nées avec le numérique et après le numérique) seront éduquées.

Continuerons-nous, sous le prétexte de les éduquer et de les instruire, à leur denier tout droit, même celui de penser par eux même ou mettrons fin au plus tôt à ces systèmes archaïques qui briment la créativité et l’originalité indispensables à l’individu au 21eme siècle ?

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Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily

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