De plus en plus, des voix s’élèvent pour demander l’inscription de la date du 7 mars dans le calendrier républicain. D’autres poussent le bouchon jusqu’à exiger qu’elle remplace le 8-Mars, l’une des journées internationales reconnues par l’ONU et qui est consacrée aux droits des femmes.
Le fait de préférer mettre en avant notre histoire plutôt que celle des autres est salutaire. Nous devons être fiers de ce que les femmes sénégalaises ont accompli. Nous devons davantage vulgariser les hauts faits de nos héroïnes. Cependant, le 7-Mars est une date parmi tant d’autres. Les femmes de Nder ont marqué l’histoire, cette fameuse journée du mardi 7 mars 1920, à travers leur bravoure et leur témérité face à l’injustice. Au Walo, elles avaient préféré la mort au déshonneur.
En Casamance, Aline Sitoé Diatta, avait appelé à la désobéissance civile face à l’oppression française. Elle avait été déportée à Tombouctou pour avoir demandé aux paysans de refuser de vider leur grenier comme exigé par la France au nom de l’effort de guerre.
Au nord du pays, Penda Moussa Sarr de Ngawlé peut être citée parmi celles qui ont résisté aux colonisateurs. Elle prônait la résistance contre les injonctions de l’envahisseur et utilisait ses pouvoirs mystiques au service de sa communauté. Au Baol, l’œuvre de Sokhna Mame Diarra Bousso retentit encore dans nos oreilles. Celle de Fawade Wellé au Cayor, Saïda Aïcha Diankha au Saloum, Sokhna Adama Aissé thiam au nord, Mame coumba Ndoye à l’ouest…, idem. Elles avaient porté les valeurs culturelles de la femme en Islam dans un contexte de colonisation.
La liste est loin d’être exhaustive.
Des autres mais personne n’a le droit de réduire l’histoire du Sénégal à une partie du pays. La nation sénégalaise est encore fragile. Elle gagnerait à être alimentée de réflexions inclusives qui prennent en compte le Sénégal dans sa diversité ethnique, religieuse, culturelle et historique. La femme sénégalaise pourrait être fêtée, en dehors du 8-Mars, journée internationale des droits des femmes, mais en nous inspirant des œuvres de toutes les femmes valeureuses qui ont appartenu aux terres que le colonisateur a fini par appeler Sénégal.
Thierno Bocoum
President du mouvement AGIR