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RÉdemption

RÉdemption

Nuire au mal et servir le bien, telle est la finalité du politique. La pandémie du Covid-19 aura permis aux sénégalais de retrouver leur président de la République, celui qui en 2011 parlait avec empathie à tous ses compatriotes. Dans son allocution du 23 mars, comme par hasard aussi fondatrice que le « 23 Juin » d’une certaine année, il nous aura enfin paru aux affaires, celles qui engagent ses compatriotes sur des générations. J’aime à dire que lorsque vous avez observé Barack Obama six mois après son accession à la Maison Blanche, il marquait 10 années de plus, les tempes grisonnantes. Sarkozy idem, jeune chef d’Etat vieilli un an après, je ne vous parle même pas d’Emmanuel Macron, qui à 40 ans, en paraît déjà 50. Ces stigmates expliquaient toutes les fois où ils avaient dû parapher de leurs plumes des décisions engageant avec gravité leurs responsabilités de chefs d’Etat. Nous avions tendance à voir les nôtres rayonnants de jeunesse et de bonhommie, teints frais, extrémités manucurées, ne s’occupant souvent que d’immédiateté politicienne.

Le président Macky Sall lundi soir était au diapason de l’inquiétude suscitée par ce virus qui s’impose à tous. C’est le visage marqué, qu’il a prononcé cette sentence définitive à destination des sénégalais : « L’heure est grave ». Il nous a appelés ave la gravité qui sied à ce genre d’invite, à faire preuve de civisme, de discipline, de responsabilité, de solidarité et de générosité. Il nous a donné l’impression d’être face à sa première épreuve du pouvoir. Solennel, grave, enfin chef, empathique, responsable, courageux et même parfois visionnaire s’agissant de ce que ce satané virus devra changer de nos mœurs et coutumes et parfois turpitudes, Macky Sall nous a néanmoins transmis le sentiment que son inquiétude évidente était liée au niveau d’informations que son rang lui commande d’avoir. C’est avoir de la responsabilité, que de dire aux sénégalais que le Covid-19 ne vous demande pas quand il se présente à vous, de quelle nationalité vous êtes, quel est votre rang social, quelle est votre religion, quelle est votre tarikha, ni quel est votre métier.

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A peine l’avait-il dit, que Moustapha Guirassy venait éclairer de son courage, de sa foi et de sa responsabilité, l’idée évidente que le coronavirus frappe sans discernement. A travers un émouvant spot vidéo, Moustapha Guirassy annonce qu’il a été testé positif au Covid-19. Et c’est le choc ! Non ? Mais Si ! Même lui ! Pourquoi pas lui ? Et ça se déchaîne sur les réseaux sociaux : 500 000 vues, 6 000 commentaires, reconnaissants, aussi tendres qu’affectueux et optimistes, des partages par milliers, ont fini de convaincre que justement « l’heure était grave ». Merci Monsieur Guirassy pour votre lucidité et votre courage, le Sénégal tout entier dans ses prières vous a recommandé à la grâce de Dieu.

Le chef de l’Etat nous a aussi demandé de la résilience et de l’intelligence, à nous rationaliser davantage. Lorsqu‘il évoquait les aides alimentaires à distribuer, il était simultanément envahi par les difficultés de leurs exécutions. On verra plus tard comment déposer des vivres au nom de quelqu’un qui a trois épouses et autant de domiciles. Mais je digresse…

Macky Sall nous a exhortés à être solidaires et généreux quand nous le pouvons. Mais de cette véritable générosité, pas celle qui va se faire devant les caméras de télévision, donnant souvent lieu à une compétition vulgaire et obscène, pour son quart d’heure de célébrité, ou pour un investissement qui ne dit pas son nom.

Il y a aussi la solidarité et la générosité de ceux qui tissent avec talents, courage, obstination et abnégation l’économie du Sénégal. Il a été fait appel à leur générosité. Certes. Mais il faudra les aider pour que cette crise ne détruise pas les outils qui leur permettent de pourvoir à des milliers d’emplois. Ils seront d’autant plus prêts à être solidaires si nos hommes politiques, d’hier et d’aujourd’hui, cotisaient aussi et versaient dans la cagnotte, une partie des fortunes personnelles acquises souvent du fait que notre nation leur avait fait honneur d’occuper certaines fonctions. Un petit geste de votre part messieurs et parfois dames, et les entrepreneurs seront entraînés par cet élan inédit et rédempteur.

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L’iconoclaste et malicieux Houphouët Boigny avait selon la petite histoire coutume en Conseil des ministres d’interroger l’un d’eux, qu’il savait peu exigeant avec l’orthodoxie administrative, et de lui demander combien coûtait la route qui allait vers son village. Quand le ministre, tremblant de honte et d’inquiétude, lui révélait le montant, il lui recommandait alors dans un sourire entendu, d’en financer ne serait-ce qu’une partie sur ses « propres » deniers.

Nous avons par le vote, validé la déclaration de patrimoine de notre président de la République, qu’il avait alors évalué à 8 milliards. Imaginez qu’il nous en offre juste un ! Même pas besoin de faire campagne en 2024 ! Cela vaut bien de faire exemple non ?

Courage monsieur le président ! N’oubliez pas aussi de dire à vos concitoyens lors de votre prochaine allocution, qu’il est certes recommandé de se laver les mains souvent, mais qu’il est aussi urgent qu’ils apprennent à ne plus cracher à tort et à travers.







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