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Le Secteur Touristique Et Hôtelier Face Au Covid-19 : Les Différents Scénarios De Relance (babacar Camara)

Le Secteur Touristique Et Hôtelier Face Au Covid-19 : Les Différents Scénarios De Relance (babacar Camara)

Le tourisme est devenu la première activité économique mondiale et doit faire face aux mutations de la société. Plus que jamais, les entreprises hôtelières et touristiques doivent s’adapter aux évolutions profondes des environnements. La création d’espaces communautaires, la mondialisation de l’économie, l’essor des technologies informatiques et de la communication, l’évolution des formes et du temps de travail mais également le développement du temps libre et des loisirs sont autant de variables qui bouleversent les manières de vivre et de penser. Ces transformations ont une incidence capitale sur les entreprises et les activités liées au tourisme. Pour ces raisons, le tourisme mérite d’être placé au centre de recherches pluridisciplinaires permettant des regards croisés et des approches comparées. Il doit être soumis à l’analyse des processus de transformations sociales et à leurs répercussions dans un secteur particulièrement confronté à la compétitivité et à la modernisation. 

Dans un contexte de crise sanitaire majeure liée à la pandémie du COVID-19, notre activité s’est vue extrêmement impactée. Nous restons néanmoins optimistes quant à l’avenir du secteur hôtelier et de la restauration. En effet, notre secteur est d’un dynamisme tel qu’il se relève de tout facteur négatif à son développement. 

Ceci s’est vu dans un passé récent :

Si nous remontons en 1991, la guerre du Golf avait entraîné une baisse considérable des déplacements internationaux impactant ainsi le secteur de l’hôtellerie et du tourisme.

Dans les années 2000, l’industrie hôtelière était de nouveau frappée par le terrorisme avec les attentats du 11 Septembre.

La crise économique de 2008 a également été un frein au développement du secteur.

Tous ces évènements n’ont pas pu empêcher le développement du secteur touristique et de l’hôtellerie. L’industrie a toujours adapté son offre et a pu surmonter ces difficultés.

Aujourd’hui encore, le secteur est confronté à la pandémie du COVID-19. Chaque destination a mis en place des mesures pour combattre ce nouveau virus. Parmi lesquelles : 

  • L’arrêt des déplacements internationaux et inter régionaux, 
  • La fermeture des infrastructures aéroportuaires
  • L’interdiction des rassemblements de masse, tels que réunions, séminaires, …
  • La fermeture des établissements du secteur HORECA (hôtels, bar restaurants, casino)
  • Un confinement de population, …

Toutes ces mesures vont à l’encontre du développement du tourisme, mais sont « un mal nécessaire ».

COVID-19 : Vers une nouvelle réinvention de l’offre hôtelière et touristique

Selon Anne-Marie Mamontoff, Maître de Conférence en psychologie sociale à l’Université de Perpignan … « Le développement du tourisme, des destinations nouvelles, la bataille entre les destinations, les modifications des comportements d’achats conduisent les entreprises du secteur à un besoin de réactivité très important. S’adapter, adapter les structures, les effectifs et les services constituent autant d’impératifs. »

A l’heure actuelle, il est difficile d’avoir des prévisions précises sur la fin de cette pandémie. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la validation d’un vaccin pourrait prendre environ douze (12) mois. Sur cette base, nous pouvons prévoir une reprise des activités touristiques en mars 2021. Les entreprises opérantes dans le secteur sont en train d’être fermées, d’autres ont mis en place des plans d’économie en mettant leurs salariés en chômage partiel et ont réduit leur service au minimum.

Les gouvernements sont aussi conscients de l’impact du COVID-19 sur le secteur et ont mis en place des dispositifs pour assister les entreprises hôtelières et touristiques.

Les scénarios de relance

Les plus optimistes tablent sur le mois de juillet pour le tourisme de loisir. Pour redémarrer le moteur, il faut une série de mesures fiscales et créer le Fonds de développement touristique. Dans le meilleur des cas, les résultats de 2019 pourront être espérés en 2022. En effet, l’expérience des crises précédentes nous a montré qu’il fallait compter 24 à 36 mois pour retrouver une situation antérieure. Mais la crise actuelle est bien plus brutale encore. A ce stade, la chute de l’activité est bien plus forte qu’au moment de la crise de 2008.

Les scénarios pourraient être les suivants :

  • Une reprise en V qui serait l’idéal avec certainement la découverte immédiate d’un remède à la pandémie validé par les organismes compétents.
  • Une reprise en U avec une certaine période de stagnation puis un redémarrage des activités ;
  • Une reprise en W qui consisterait à lever les mesures de confinement sans totalement éradiquer la pandémie, mais en renforçant des gestes barrières, les mesures d’hygiène etc… et en recourant à des mesures de confinement périodiques, si nécessaire.

Il y a déjà des prémisses de confirmation pour le segment du tourisme d’affaires pour octobre et novembre. Ce sont, pour la plupart, des événements qui devaient se tenir en mars et avril et qui ont été reportés.  Mais est-il opportun de parler de plan de relance ?

Parler de reprise est certes trop tôt, mais il est l’heure – si ce n’est pas déjà trop tard – d’étudier les scenarios de relance. Nous devons suivre les tendances de nos marchés clients et les mouvements de frontières. A titre d’exemple, la France va contrôler les flux entrants au niveau sanitaire jusqu’au mois d’octobre et fermer l’accès aux pays non européens jusqu’à nouvel ordre.

De ce fait, la reprise dépendra de la capacité aérienne et de l’ouverture des frontières. Ce qui est sûr, c’est que nous ne retrouverons le rythme de 2019 que dans trois (3) à quatre (4) ans. Le scénario le plus optimiste est une reprise en juillet, août et septembre pour le tourisme des loisirs avec une estimation de 50% en moins par rapport à 2019. 

Le tourisme d’affaire reprendra à partir d’octobre et novembre. Cela dépendra aussi de la volonté des gouvernements à adapter certaines restrictions qui ont été prises pour lutter contre la propagation du COVID-19. Pour exemple au lieu de fermer les restaurants une mesure autour d’un nombre maximum d’occupation d’une salle pourrait être fixée, avec des mesures d’hygiène plus strictes.

Il faut rappeler que le secteur touristique est un grand employeur et qu’il contribue au rapatriement de devises. A mon avis, les mesures doivent être de quatre ordres :

  1. Un budget de soutien à la digitalisation, à la commercialisation et au marketing ;
  2. Une action sur la taxe de séjour, et ce dès le 1er juillet 2020 jusqu’au 31 décembre 2021. L’idée est de ne verser que 50% de ces taxes afin de mener des actions de Co-marketing avec les tour-opérateurs locaux et interrégionaux ;
  3. Une réduction de la TVA pour nous permettre en tant qu’entreprise touristique et hôtelière de proposer un produit avec un bon rapport qualité/prix et faire rapidement « redémarrer le moteur ». N’oublions pas que les frontières vont réouvrir et par conséquent, nous ne serons pas les seuls à défendre notre business ;
  4. Une réduction de l’Impôt sur le Revenu sur les salariés du secteur touristique et hôtelier, sachant que la majorité des rémunérations est précaire. Cette mesure nous permettra de stimuler nos salariés à travailler davantage, améliorer notre produit et soutenir l’économie solidaire. Pour un salarié, cela constituerait une source de motivation et, croyez-moi, l’impact social serait non négligeable et leur permettrait de rattraper les 3 à 6 mois de chômage technique subi.

Au niveau mondial, des chaînes hôtelières et des compagnies aériennes ont annoncé des catastrophes financières et des fermetures ! Air France vient de solliciter le gouvernement français pour recapitaliser la compagnie. C’est dire, les impacts de cette crise seront importants. 

L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) vient de publier ses recommandations pour soutenir le tourisme et atténuer l’impact de la crise. Les plus importantes concernent le maintien des emplois. Aussi, l’OMT recommande-t-elle de revoir les taxes et redevances, la réglementation des voyages et du tourisme, et de soutenir les trésoreries des entreprises. L’Organisation insiste sur, la nécessité de faire une place au tourisme dans les programmes de redressement nationaux, régionaux et internationaux et dans l’aide au développement et des incitations financières à l’investissement et à l’exploitation touristiques. Pour la relance du secteur et l’accélération du redressement, l’OMT suggère de lever les restrictions sur les voyages dès que la situation sanitaire le permettra, de faire progresser la facilitation des voyages, d’intensifier le marketing et investir dans les partenariats. Elles sont consultables sur son site.

Il est donc nécessaire de créer un budget dédier exclusivement aux PME qui sont en difficulté aujourd’hui et qui sont des partenaires incontournables du tourisme (restaurants, musées, transporteurs, agences…). Ce fond pourra fonctionner sous forme de cluster avec des prises de participation. Cela permettra, non seulement, d’aider financièrement les entreprises mais également d’être un appui en termes de gestion managériale. 

Le Maroc, La Turquie, la Tunisie et l’Egypte se préparent à l’après COVID-19 et nous devons faire de même pour ne pas rater ce tournant décisif. 

A cet effet, il faudrait travailler sur deux fronts :

  1. Le tourisme national qui reprendra, le plus rapidement possible, à condition de mettre en place une politique tarifaire adéquate et en mettant l’accent au niveau de la communication sur la solidarité envers les entreprises du pays. 
  2. A l’international, nous dépendons évidemment de l’ouverture des frontières, mais sachez que les « tour-operators » (agences « émetteur ») souhaitent redémarrer l’activité et que les low-costs, les compagnies régulières et même les charters attendent juste un signe des gouvernements pour reprendre les vols. 

 « La reprise mais avec des garanties de sécurité sanitaire »

Pour une vraie reprise, il faudra présenter aux clients des garanties en termes de sécurité sanitaire. Le point de redémarrage de l’activité sera le tourisme domestique et c’est une tendance générale dans tous les pays. Il faut également mener des actions de promotion et des offres incitatives. Pour le MICE (Meetings, Incentives, Conferences, Exhibitions), il n’y a pas encore de grande visibilité, puisque les choses évoluent au jour le jour. L’objectif est de « matérialiser le reste des carnets de commandes entre septembre et octobre ».

Pas de retour à la normale avant 2022 au mieux dans l’hôtellerie

L’hôtellerie ne devrait pas retrouver son niveau d’activité de 2019 avant 2022, selon le groupe d’études statistiques STR et le cabinet spécialisé In Extenso. La reprise profitera d’abord à l’hôtellerie économique.

Selon STR, Paris est l’une des grandes villes européennes où l’effondrement de l’activité hôtelière a été le plus fort courant mars, avec un recul de 75 % de la recette unitaire.

Alors que les premiers signes de redémarrage en Chine apparaissent, les hôteliers devront s’armer de patience, et les pouvoirs publics rester non loin de leur chevet. Selon le groupe d’études statistiques STR et le cabinet spécialisé In Extenso, l’hôtellerie, tant en France qu’en Europe, ne retrouvera pas son niveau d’activité de 2019 avant 2022 au mieux. Selon Aoife Roche, Directrice des comptes clients pour la zone Europe-Moyen-Orient-Afrique chez STR : « La reprise est attendue pour 2021. Le retour aux résultats de 2019 interviendra en 2022. Il faudra compter trois à quatre ans pour retrouver une situation d’avant crise ».  Quant à Olivier Petit, associé au sein du pôle « Tourisme, Culture & Hôtellerie » d’In Extenso ; il confirme qu’ « Un retour au niveau antérieur avant 18 mois est peu probable ». 

STR fait état pour le mois de mars d’une chute moyenne de la recette unitaire par chambre disponible (l’indicateur de rentabilité opérationnelle des hôteliers) de 44 % à Saint-Pétersbourg ou de 86 %, à Rome. Paris figure dans les villes européennes les plus affectées, avec un recul de 75 %. D’une manière générale, l’effondrement de l’activité s’est accéléré dès les premières semaines de mars. Pour la France, STR et In Extenso notent que « le plongeon commence le 12 mars », dans la foulée du premier discours fort du président Macron sur la pandémie.

En somme, c’est un état des lieux sombre mais sans surprise, indiquant que l’activité actuelle est réduite à quasi-néant par l’impact de la pandémie de COVID-19. D’après ces experts, la reprise ne se dessinera véritablement qu’à partir de 2021 pour les hôteliers. Il faudrait même compter une année de plus, au minimum, pour retrouver le marché et les résultats d’avant crise.

L’OMT, institution spécialisée de l’ONU, s’attend, quant à elle, à une baisse des arrivées de touristes internationaux de 20 % à 30 % en 2020, soit plus de cinq fois le recul historique de 2009. La pandémie effacerait cinq à sept ans de croissance du tourisme international.

Au vu de la situation actuelle, l’OMT estime que la reprise de l’hôtellerie dans plusieurs pays sera d’abord alimentée par la demande domestique et bénéficiera en premier lieu à l’hôtellerie économique. Le plus inquiétant, c’est le marché des séminaires et congrès, les entreprises coupant en premier lieu dans ce type de dépenses.

Au Sénégal, l’activité touristique et hôtelière a suivi la tendance mondiale et ne fait pas exception. La fermeture des frontières aériennes vient d’être prolongée jusqu’à fin mai.  De son côté, le gouvernement du Sénégal a très vite réagi et des mesures ont été prises pour accompagner le secteur touristique et hôtelier.

 L’ASPT s’attèle déjà à un plan de relance de l’activité touristique en termes de marketing communication avec notamment une stratégie de vente d’abord au sein du Sénégal puis dans la sous-région. Rappelons qu’au lendemain de la crise de Ébola de nombreuses actions ont été prise pour promouvoir le Tourisme interne et celui de la sous-région. Ainsi les réceptifs locaux, surtout ceux de la petite côte, ont pu attirer un nouveau segment local qui représente 50% de leur taux d’occupation. Selon l’ASPT le marché intérieur pourrait être une alternative non négligeable. Ainsi, axer les efforts sur les scenarios de relance cité plus haut est nécessaire afin d’attirer le plus rapidement possible le marché interne et sous régional.

Babacar Camara

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