Depuis sa première sortie le 28 avril dernier pour apporter une autre stratégie de lutte contre le Covdi-19, Dr Pape Moussa Thior, expert en santé publique, multiplie les interviews-chocs qui peuvent choquer. A l’image du Pr Didier Raoult de Marseille, il casse les codes, assume des positions «controversées» pour anéantir la méthode uniformisée par la plupart des pays pour endiguer le coronavirus.
On l’avait connu au Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) avec des avis de scientifique tranchés, mais modérés. On le retrouve avec le Covid-19 avec un style incisif, des positions controversées. Lui c’est le Dr Pape Moussa Thior, l’homme qui rame à contre-courant des décisions classiques prises par le Comité de gestion de la pandémie à Covid-19. Il déconstruit le plan de riposte calqué sur le modèle occidental. Il construit son argumentaire avec des idées iconoclastes. Dr Thior est une sorte de Didier Raoult sénégalais. Mais loin de la prise en charge des patients. Contrairement au Marseillais. Seul contre tous, le natif de Dakar avait dû affronter une campagne de diabolisation menée par certains de ses pairs dans les médias. Face à la tempête, il avait tenu pour son protocole pour soigner les malades du Covid-19. Un traitement fait par l’association de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine, à laquelle ont recours plusieurs pays comme le Sénégal.
Meilleur des juges, le temps lui donna raison. En Europe, aux Etats-Unis, en Chine d’où est parti le coronavirus, en Afrique, tout le monde applique ce protocole. Au Sénégal, après avoir administré ce traitement aux patients malades du Covid-19, le chef du Service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann, Pr Moussa Seydi, admet que l’utilisation du protocole Raoult a donné des résultats positifs.
Dans son pays natal, il y a aussi un homme qui casse les codes qui ont fait consensus jusque-là. Dr Thior dit qu’il ne va pas «répéter» tout ce que tout le monde dit. Il n’est pas pavlovien et livre une autre perception de la maladie qui a pourtant mis le monde à genoux. «Le Covid-19 n’est pas une maladie très contagieuse. Ce sont les chiffres qui le disent. Pourquoi on continue à dire qu’elle est très contagieuse ? Lorsqu’une personne est testée positive, on identifie toutes les personnes qui ont eu à être en contact avec elle. Sur un test de 100 contacts, 7 à 12 deviennent positifs. Alors, ce n’est pas une maladie très contagieuse», a fulminé l’expert en santé publique, dimanche devant le «Grand jury» de la Rfm.
Comme l’autre, il n’est pas un adepte du confinement. Il plaide même une immunité collective, ravivant le sentiment d’incompréhension de certains experts. Mieux ou pis, il plaide la levée de l’Etat d’urgence, l’interdiction de circulation des personnes entre région. Alors qu’il y a encore des gens qui tremblent de peur, après la levée des mesures de restriction prise par le chef de l’Etat qui semble conforter sa thèse. «L’Etat d’urgence et les mesures restrictives qui l’accompagnent ont créé un drame souterrain dans notre pays», analyse l’ex-coordonnateur du Pnlp, qui a une liberté de parole retrouvée loin du ministère de la Santé. «J’estime qu’on ne peut pas empêcher les gens de circuler entre les régions. Dakar a la particularité de concentrer l’essentiel des structures de santé du pays. Les malades qui sont pris en charge dans les centres anticancéreux et les centres chirurgicaux ne viennent pas de Dakar. Ils viennent de Matam, de Podor, de Ziguinchor etc. Et pour venir à un rendez-vous médical, ils rencontrent des difficultés parce que les transports publics ne marchent pas. On est en train de vivre un drame souterrain causé par ces mesures. Pourquoi continuer à faire l’Etat d’urgence», dit le médecin. Aura-t-il raison sur les autres comme Didier Raoult qui a réussi à imposer ses idées contre vents et marées ? Wait and see !