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Lettre Ouverte À Mamadou Oumar Ndiaye

Lettre Ouverte À Mamadou Oumar Ndiaye

«Après moi, le déluge !» Voici l’épilogue de votre éditorial du 20/05/2020 dans le journal Le Témoin.Pareille conclusion d’une production journalistique sur les enseignants laisse percevoir sans aucun doute les mea culpa d’un intello démasqué. 

Mais avant d’envenir à la péroraison, parlons d’abord du titre de votre article : «Au travail, paresseux !» Aussi êtes-vous livrés à une laborieuse vitupération jalonnée d’invectives, d’insanités surtoute une corporation ! Vous les avez enrôlés dans le registre du « bataillon de la peur », les avez classés dans l’équipe des «vieilles dames » avant de les traiter de «contestataires» et «grévistes endiablé»….Quelle insolence !

Fort heureusement, votre stratégie de diabolisation des enseignants a mis à nu, au grand jour, les élucubrations comparatives d’un infortuné reporter sur des corporations. En voulant rabaisser les enseignants devant leurs compatriotes de la santé et de l’armée, vous les hissez à jamais au panthéon de la gloire : c’est eux, les enseignants, qui leur ont enseignés toutes les valeurs cardinales de vie et de profession ; vous l’ignorez, n’est-ce-pas? 

Monsieur le Doyen, il semblerait que vous auriez publié cette sarcastique éditoriale dans le cadre de la célébration du trentenaire de votre journal Le Témoin. Alors pour vibrer au rythme de vos sensations émotionnelles et de vos sentiments personnels vous commettez le sacrilège. C’est indubitablement la haine et la jalousie de toute la Corporation enseignante, nourries depuis la création de votre quotidien, que vous proclamez lâchement sous le sceau de la liberté de la presse. C’est aussi la confirmation de l’échec cinglant d’amateur journaliste connu pour ses carrences et son incompétence à s’attaquer aux vraies questions de développement qui interpellent notre société. Mais plus grave encore et c’est ce qui est le plus décevant puisqu’onvous appelle «doyen», c’est votre ignorance du rôle et de la mission de l’Enseignant dans la notre société. De quelle école êtes-vous sortis Monsieur Ndiaye ?Avez-vous des enfants écoliers, étudiants ? Avez-vous une famille ? Sinon avez-vous grandi dans une famille ? Puisse le ciel vous aider à comprendre le fabuleux travail des enseignants pour faire de vous ce que vous êtes aujourd’hui et de votre progéniture des Humains sublimes. 

A LIRE  ET MAINTENANT, ON FAIT QUOI?

Monsieur le Directeur, votre audace de ravaler les enseignants à une armée de peureux montre à suffisance la dénégation permanente de tant de sacrifices prônée par votre espèce dans la sphère des médias auSénégal.

C’est pourquoi, les jeunes qui ambitionnent faire carrière dans ce noble métier auront, obligatoirement, à se concevoir une autre vision, à inventer une démarche nouvelle et à se forger une personnalité originelle,aux antipodes de la vôtre, à l’image des grandes figures légendaires du journalisme. Oui Monsieur ; dans votre métier où vous régnez parmi les maîtres par le fait d’un système,il faut une révolution incarnée par de jeunes Sénégalais loyaux et audacieux, libérés du joug sensationnel, politique, corporatiste. Cette révolution-là, soyez en conscient, aura comme défi unique et majeur la considération du slogan du Chicago Daily News en1975 «No axes to grind, No friends to reward and No ennemies to punish» («Ne point prêcher pour son saint, pas d’amis à récompenser et pas d’ennemis à punir»). Cette volonté s’assumera aussi sur la base de la fameuse théorie de Charles Danaen1982: «When a dog bites a man, that is not news. But when a man bites a dog, that is news» (« Quand un chien mord un homme, ce n’est pas une information. Mais quand un homme mord un chien, c’est ça une information»). 

Qu’avez-vous appris Monsieur, de l’histoire de la genèse et de l’évolution du journalisme ? Et qu’avez-vous retenue de la légende des héros internationaux de la presse ?Je vous rappelle qu’aux États-Unis d’Amérique, berceaux même du journalisme professionnel, Carl Bernstein et Bob Woodward, tous deux jeunes reporters du WashingtonPost, ont vaillamment travaillé à servir leur peuple. Leur reportage sur le scandale du Watergate a conduit inéluctablement à la démission du président Richard Nixon en1974. Même chez nous au Sénégal, dans une histoire récente, l’année dernière, la jeune reporter de la BBC, Mayeni Jones, a fait la prouesse de révéler un autre scandale sur les contrats pétroliers aux Sénégal sous le regard absolument coupable de votre «Témoin». 

A LIRE  UN DIALOGUE TOUT EN RYTHMES ET SONS

Monsieur Ndiaye, voilà des exemples de pratique journalistique dont a besoin notre peuple pour faire face aux grands défis politiques, sociales et économiques qui nous interpellent tous. Les enseignants pour leur part, ne failliront jamais à leur mission de former des citoyens capables de comprendre les enjeux conspirationnistes d’une certaines presse à l’endroit de tant de patriotes. 

Modou Gueye est Professeur d’anglais au lycée de Keur Madiabe, Président de l’Association FAIR Education







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