Dans un contexte lié à une vive polémique entourant l’un des contrats liant Senelec et la société Akilee SA avec des relents juridiques, économiques et même politiques, nous nous permettons de nous inviter dans ce débat sous l’angle technique, très humblement.
Par une lecture simpliste du titre de , on nous dira que l’électricité est une chose sérieuse et ne laisse pas de place aux novices qui s’essaient à des preuves de concept. Cependant les promoteurs d’Akilee n’en sont pas à leur premier coup d’essai ; les dizaines d’entreprises ayant bénéficié de leur expertise pour voir leur facture énergétique diminuer ne ruent pas dans les brancards pour s’en plaindre. Les agents de Senelec ayant suivi de près le projet de supervision du réseau de distribution électrique non plus.
Cependant une attention particulière doit être accordée, si ce n’est déjà pris en compte dans le contrat déjà signé, au périmètre encadrant ce vaste projet.
Ce projet est typiquement un système d’Informatique Industrielle. Puisque nous nous nous adressons au grand public il y a dans ce projet l’ordinateur et ses périphériques pour le matériel, le système d’exploitation et les logiciels d’autre part. Dans ce projet l’ordinateur est certainement le Datacenter de Senelec, les périphériques sont les compteurs, le système d’exploitation est la plateforme que développe Akilee, enfin les logiciels sont les services énergétiques. Ces derniers, de notre point de vue, devraient être accessibles à toutes les entreprises du domaine et dont les solutions intéresseraient Senelec, au même titre qu’une autoroute empruntée par des véhicules de différentes natures avec des motifs de voyage différents.
Akilee doit selon nous continuer à gérer la plateforme centrale de même que les services liés la fiabilisation de la consommation de l’énergie, à la réduction des pertes non techniques, tout en permettant aux autres entreprises spécialisées dans un sous domaine particulier le soin d’installer leurs logiciels c’est-à-dire les services énergétiques, même s’il est sensé en proposer au même titre. Ceci passerait par la mise en place d’API accessibles par les prestataires qui contractent directement avec Senelec. Cet aspect du problème s’il n’est pas clair gagnerait à explicitement figurer dans le contrat qui nous le souhaitons sera renégocié aux bénéfices des usagers mais aussi de l’expertise local.
Pour étayer nos propos liés à cette ouverture à d’autres partenaires pour Senelec, deux exemples peuvent être cités, une société qui se spécialise dans la domotique devrait pouvoir utiliser l’infrastructure qui a en bout de chaine le fameux compteur objet de toutes les convoitises, pour rendre sa solution communicante, sans passer par les opérateurs téléphoniques, tout en bénéficiant de toute la puissance du compteur. Une autre société qui souhaite implanter une solution facilitant l’intégration à grande échelle de l’énergie renouvelable variable par la mise en place de technologies de réponse de la demande devrait aussi pouvoir « discuter » avec l’infrastructure mise en place par Akilee.
Cette demande peut ne pas être évidente aujourd’hui, mais dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication beaucoup de choses peuvent se passer en dix ans, durée du contrat, avec l’internet des objets qui est en plein boom.
Concernant les périphériques du système que sont les compteurs, sans avoir la prétention de trancher le débat, notre point de vue est qu’il serait judicieux de définir des spécifications techniques précises en terme de fonctionnalité, d’évolutivité du micrologiciel, de supports physiques et de protocoles d’échange, qui sont aujourd’hui tous normalisés, de même qu’en ce qui concerne le chiffrement relativement à la sécurité qui est aussi normalisé. Ceci pourrait permettre enfin de faire tomber la tension médiatique tout en sauvegardant l’esprit du projet, avec l’ouverture de ce marché à tous les fournisseurs locaux et internationaux qui devraient satisfaire ces exigences sur les compteurs proposés, pour une compatibilité parfaite avec le cœur du système.
Nous terminerons par un message d’espoir, il y a peut-être des insuffisances notées dans le montage du projet, ceci ne doit pas cependant vicier l’esprit de ce projet, qui à ce jour n’est pas encore remis en cause, d’après les informations que nous détenons, en ce qui concerne son utilité. Nous avons un potentiel capitaine d’industrie en la personne de M. LY et l’heure n’est pas à la démobilisation des troupes parmi lesquelles la formidable équipe qui entoure ce projet, mais aussi et surtout toutes les startups dirigées par des jeunes qui regardent avec circonspection l’issue de cette affaire qui marquera sans doute un indicateur tendant à les motiver dans la réalisation de leurs projets d’innovation ou anéantir définitivement leurs ambitions.
Dr Ousmane CISSE Spécialisé dans l’intégration des ERV dans les smart grids