Blanchiment, corruption et faillite de l’Etat. Les manchettes des journaux nous en apprennent tous les jours sur le niveau de décrépitude moral des « serviteurs » de nos institutions. Celles chargées d’administrer notre justice notamment, mais aussi de larges pans des services relevant de nos forces de défense et de sécurité. Les « serviteurs », semble-t-il, se servent plus qu’ils ne servent ! La porosité de nos services de fiscalité intérieure, ou de porte, est un secret de polichinelle. Le train de vie de la plupart des agents de ces corps est tellement tape à l’œil que cela ressemble à une foire d’impunité. La métastase de ce cancer qu’est la corruption a contaminé tous les centres névralgiques de l’Etat. Les nombreux cas de collusion, de conflits d’intérêts, d’enrichissement illicite, de « Tong-tong » foncier, qui se noient dans les sables mouvants du temple de Thémis sont trop nombreux pour être listés ici. Les procédures entamées, et suspendues au bon vouloir d’auxiliaires de justice véreux, pour dire le moins, sont inénarrables. Un réseau dense de complicités, parfois tissées sur les bancs de l’ENA semble avoir pris les centres névralgiques de la République en otage au profit d’intérêts privés insatiables. Au grand dam des élus incapables de reformer l’appareil d’État si tant est que la volonté de le faire existe vraiment. Certains hauts fonctionnaires sont parfois plus puissants que leur ministre de tutelle ! Surtout ceux qui sont accommodants avec tous les régimes, experts en cirage de bottes et en génuflexions intéressées. Les régies financières piégées, la Justice en coupe réglée, le cœur de l’Etat est malade. Ce qui est désespérant, c’est que la gangrène touche désormais des personnalités qui auraient dû être au dessus de certaines rumeurs… Il se dit que des « chefs religieux » seraient parmi les attributaires réguliers et itératifs de parcelles qu’ils s’empresseraient de transformer, en espèces sonnantes et trébuchantes, avec une chaîne de complicités qui ressemble à un état dans l’Etat ! Ils sont tenus en laisse par l’octroi ou non de passeports diplomatiques, de soutiens financiers et autres passe-droits. Ils en oublient leur mission de veille et d’alerte, leur rôle de vigie. Une fois ferrés dans des pratiques peu orthodoxes, ils deviennent des objets entre les mains de ceux qui, dans l’ombre, tirent les ficelles de notre déchéance. Sous d’autres tropiques, ce type d’organisations criminelles ( ?) s’appelle tout simplement : mafia… Que Dieu nous préserve de la cupidité et de l’appât du gain !
Au demeurant, n’est-il pas légitime de se demander, au vu des milliers de tonnes de drogue saisis avec un fort renfort de publicité, combien de milliers de tonnes sont passées à travers les mailles du filet ? Au bénéfice de qui ? Et qui blanchit les sommes colossales ainsi récoltées ? A quelles fins ?
Notre pays ne peut plus continuer sur le registre du « masla » et des discours sans lendemain. Il y a trop d’abcès purulents à crever. Sans langue de bois ni détours grandiloquents. Certains « hommes d’affaires » sénégalais ont développé des relations coupables avec l’administration du Sénégal. Ils contournent allègrement les lois et les règlements moyennant achat des consciences de ceux qui sont sensés servir la nation. La corruption industrielle qui sévit dans notre pays a des acteurs connus, identifiables. Il est important que les hommes politiques aux mains propres, les acteurs de la société civile et la presse sortent des discours aériens pour coller à la réalité et dénoncer, en temps réel, les outrances faites à notre pays par ces bandits de grands chemins. Mais il se dit que la presse, quatrième pouvoir, serait largement contaminée ! On dit même que certains de ses animateurs, et non des moindres, seraient au cœur de plusieurs transactions inavouables. A qui se fier dès lors ?
Disons-le sans fioritures, la corruption quasi institutionnelle qui règne dans ce pays mérite que l’on s’y arrête pour diagnostiquer le mal et l’éradiquer définitivement. Sinon, aucun développement n’est envisageable ! Et nous serons tous et chacun, à plus ou moins grande échelle, coupables de non-assistance à peuple en danger. Aussi simple et…compliqué que cela !
Macaronis ! Ma corona ! N’eût été le contexte dramatique de famine voilée qui sévit dans notre pays, les explications alambiquées servies pour expliquer le retard apporté à la distribution des vivres par celui apporté à la livraison des macaronis, ce jeu de mots aurait prêté à sourire. Imaginez l’effet sur un fond musical lambada. Mais…les sénégalais ne sourient plus ! Car, les limites de la décence sont franchies avec une telle allégresse par ceux qui nous dirigent que l’on peut, légitimement, se demander si nous vivons dans le même pays. Le peuple réel est au bord de l’asphyxie. Les entreprises sont, majoritairement, à l’article de la mort. La classe moyenne est au seuil de la pauvreté. Et pendant ce temps, avec les mêmes tours de passe-passe éculés, certains trouvent le moyen de s’enrichir à la faveur de la pandémie ! Sans honte ni pudeur. Des moyens de l’État et ses ressources sont dilapidés. Les restes du gâteau étatique sont honteusement partagés entre ceux qui juraient sur leur…déshonneur que jamais ils n’iraient à Canossa. On connaît tellement la musique au Sénégal que personne n’est plus surpris par ces retournements de vestes impudiques. La seule question désormais étant : à qui le tour ? Heureusement que la honte ne tue plus. Ses victimes seraient plus nombreuses que celles du Covid-19. Parlons-en d’ailleurs !
Les notes discordantes des spécialistes. Alors même qu’au début de la pandémie, il était question de bâtir une union sacrée autour de la lutte contre le Covid-19, des lignes de fractures de plus en plus béantes se font jour. Celles qui nous préoccupent le plus étant les divergences qui s’expriment, de plus en plus ouvertement, au sein de la communauté scientifique, et notamment médicale, quant à la pertinence des choix stratégiques des autorités sanitaires du pays. On évoque également des castings discutables de profils non pertinents au plan opérationnel. En plus du leadership contesté d’autorités investies de pouvoirs qui, manifestement, vont au-delà de leurs qualités humaines et professionnelles intrinsèques. On ne peut pas exclure l’hypothèse de jalousies ou de malveillances qui s’expriment sous le couvert de « critiques constructives », mais l’on peut souhaiter une reprise en main forte de tout ce beau monde afin que la concentration sur l’objectif : éradiquer la pandémie, soit la seule règle. Retrouvons le sérieux et la gravité de rigueur en de pareilles circonstances et corrigeons tout ce qui doit l’être. À temps.
Pour ne pas conclure, notre pays a besoin de retrouver du sérieux dans la gestion de la chose publique. Sanctionner de manière exemplaire les contrevenants. Promouvoir la rigueur et les bonnes vertus. Et d’abord en faire une référence suprême dans le choix de ceux qui doivent nous servir. A tous les niveaux.