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Les Profondes Mutations D’apres Crises

Les Profondes Mutations D’apres Crises

La COVID 19 et l’odieux meurtre public de Georges Floyd. Deux évènements pour lesquels, différentes voix d’experts se sont élevées de tous bords pour, entre autres, prévenir des mutations profondes et inéluctables qu’ils vont entrainer. Ma voix est celle d’une indignée de première heure qui lance un grand cri du cœur, un appel à l’Afrique et aux panafricanistes afin qu’ils anticipent sur les grands changements prédits au lieu de les subir et ainsi trainer encore les peuples noirs d’Afrique et d’ailleurs dans des situations de discrimination, d’exclusion, de ségrégation, d’exposition aux maladies, de lynchage, de meurtres organisés, en somme des effets et impacts du racisme systémique qui règne dans la grande majorité des sociétés humaines.

 

L’assassinat de Georges Floyd à Minneapolis (USA), le 25 Mai 2020, est un crime de trop contre l’humanité, un meurtre de trop contre la peau noire. Afro-Américain ou Afro descendants versus Euro-Américains ou Euro descendants, tous deux des immigrés en Amérique, sont en conflit de l’esclavage à l’institutionnalisation du racisme.
D’une seule voix l’Afrique a parlé en demandant aux instances des Nations Unies habilitées, d’inscrire un débat profond sur le racisme et ses manifestations violentes et sournoises.

Ensemble l’Afrique devra agir, parce qu’elle sait que la dignité de ses enfants, celle de l’Homme noir, est étroitement liée à la place qu’elle occupe dans le concert des Nations. Ce n’est pas hasard si le panafricanisme est né et a été porté surtout par les Afro descendants de la diaspora. Cependant, l’- heure est venue pour que le continent, d’une seule voix et à travers un programme d’action consensuel, s’unisse et porte le combat contre toutes formes de discrimination, d’exclusion, un combat contre l’ignorance qui divise la race humaine en plusieurs catégories selon la couleur de la peau.

La crise sanitaire et économique en cours a déjà sonné une alarme d’urgence en interpellant des postures que l’Afrique et ses décideurs ont adopté depuis des décennies sans mesurer leur impact sur le non-développement des pays subsahariens, en particulier.

La bagarre autour des masques, livrée entre certains pays « développés » et le fait que le premier partenaire de notre « sous développement », la France, ait déclaré ne plus alimenter nos réserves pharmaceutiques, constituent des signes annonciateurs de la grande mue sociale, économique et politique qui se prépare ou plutôt qui se déroule avec la persistance de cette pandémie. Ne pas se préparer à cette mue nous obligerait à la subir. Et nous ne pouvons nous permettre dans ce climat de déliquescence généralisée ou toutes les faiblesses sont mises à nu, de survivre à la pandémie en subissant toutes les mutations qu’elle aura entrainées.

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L’Afrique devra, parler d’une seule voix et agir en tant que entité(s) pour s’indigner et dénoncer, mais surtout pour anticiper sur les profonds changements annoncés et plus encore, provoquer ces changements sous l’angle des intérêts de ses peuples. En somme, l’Afrique devra faire de la pandémie et de cette crise raciale exacerbée par les assassinats et meurtres publics, une série d’opportunités.

Quelles sont les postures à changer pour anticiper sur ces mutations ?

L’Afrique devra fondamentalement repenser son développement.

En tant que continent certes, mais en passant par ses entités sous régionales. Une sous-région comme l’Afrique de l’Ouest réunie autour de la CEDEAO devrait mobiliser toutes ses matières grises aussi bien dans le continent qu’au niveau de la diaspora pour revisiter le listing des priorités et gouverner son développement inclusif dans le cadre d’une intégration régionale effective.

Une des raisons qui interpelle l’approche sous régionale a été révélé notamment par une des leçons à tirer de la fermeture des frontières étatiques, comme mesure phare de prévention et de lutte contre la pandémie. En effet, la fermeture des frontières administratives ne peut être effective et productive que si une autosuffisance autant alimentaire que sanitaire et une performance du système éducatif sont assurées. Si les limites frontalières sont repoussées pour englober la sous région, alors les effets d’une récession économique d’une insuffisance alimentaire et nutritionnelle seront amoindris. Par ailleurs, la possibilité de gérer de façon souveraine les flux monétaires permet de mieux envisager autant le secteur de la santé que celui de l’Action sociale. Aussi, la région de l’UEMOA devra vivement se concerter afin que la survenu de l’ECO soit celle de la CEDEAO et non un simple remplacement du FCFA au sein de l’UEMOA.

En ce qui concerne l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle, le moment a sonné pour l’Afrique de mutualiser ses plans, stratégies et programmes dans leurs aspects qui ont le mieux marché. Au niveau de la production, la Grande Offensive Agricole pourla Nourriture et l’Abondance (GOANA) reste à biens des égards, figure d’exemple. En amont, au niveau, et de la gestion foncière et de la recherche, la sous région devrait créer des cadres de collaboration des services, d’autonomie assurée quant à leur financement. D’une part, la mutualisation des cadres et services de recherches permettra de juguler les coûts de cette activité à haut rendement, mais à financement de base difficile pour chaque pays pris individuellement. D’autre part, la mutualisation des réflexions sur le foncier, pourra certainement sauvegarder les terres des accaparements de tout acabit.

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En somme, au niveau de la CEDEAO, les leaders des 8 pays qui la constituent, devraient aisément comprendre que leur leadership s’évaluera dans leur capacité de transformer les défis mis à nu par la pandémie en opportunités de développement de leur « pays » qui désormais ne peut s’entendre que dans celui plus global de la sous région.

La deuxième posture de l’Afrique consiste à tirer profit de ces lendemains qui chamboulent tous les équilibres géopolitiques pour sortir de son paradoxe de continent le plus Riche du Monde où vivent des Peuples parmi les plus Pauvres de l’Humanité. Pour relever ce paradoxe, les contrats d’exploitation des ressources naturelles devront être revisités et renégociés, une opportunité permise par la crise à ne pas rater. Ce n’est que par le biais de ces renégociations qu’un système endogène et durable de financements et d’investissements de l’Agriculture sera établi. C’est aussi par ce biais que des avenues de refondation de la coopération internationale seront érigées pour prendre en compte les intérêts de l’Afrique.

Enfin, la pandémie a permis de mieux nous imprégner des innombrables réserves médicinales naturelles de l’Afrique. L’Afrique, à travers le Congo et le Cameroun, a toujours secondé l’Indonésie dans la fourniture d’écorces d’où est extrait la quinine naturelle, une substance sans impact négatif sur l’- Homme contrairement aux synthèses chimiques alimentaires et médicinales qui ont largement remplacé tous les produits naturels. C’est le moment de bâtir et développer la « Souveraineté Sanitaire Africain (SSA) » à partir des connaissances traditionnelles et des ressources naturelles ; il s’agit bien de SSA et non de « Médicine Traditionnelle », une appellation à connotation souvent négligée, dérisoire ou même rendue méprisante par rapport à la médecine dite « moderne ». La SSA est plus une question de volonté politique qu’un problème de moyens quelconques. Cette SSA constitue un des piliers de notre fierté identitaire et notre désir commun d’appartenir à une entité qui fonctionne et occupe une place respectable et respectée dans le concert des nations.

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Au niveau des individus et des organisations panafricanistes, l’histoire nous enseigne que le mouvement panafricaniste englobe déjà plusieurs générations qui sont mortes ou vivent encore dans une Afrique soumise ou, partout ailleurs dans le monde, se heurtent à des faits de ségrégation, d’exclusion et de discrimination multiples allant jusqu’aux meurtres et assassinats. L’histoire nous enseigne aussi que le leadership continue de constituer un handicap certain à la réalisation du commun vouloir, partagé par tous à travers ces générations, à savoir, la création des « États Africains Unis » (EAU). Il est donc temps de changer de posture en participant sans calcul à l’épanouissement de toute personne, toute organisation, tout mouvement panafricaniste, afin que tous ensemble, sous des leaderships multiples et diversifiés, atteignions enfin l’objectif commun, les EAU.

Nos Organisations continentales et sous régionales demeurent des cadres de la cause panafricaniste. L’action marginale qui se développe partout devra être accompagnée par celle au sein de ces entités grâce à une disponibilité sincère et gratuite de l’expertise panafricaine périphérique. Demeurer à la marge des instances de décisions pour le continent, les sous régions ou les pays, ne milite pas dans le sens de l’obtention de notre désir commun. L’expression de ce désir commun par certains des décideurs du continent à l’occasion de discours qui font date au niveau des grandes instances Onusiennes, comme à dates échelonnées, le discours de Robert Mugabe, de Mobutu Seseko, de Maky Sall et tant d’autres encore, indiquent clairement la nécessite de faire corps avec les instances de décisions pour hâter l’atteinte de notre objectif commun, les EAU.

Le mouvement panafricaniste est dans sa diversité, resté très intellectuel au niveau des classes moyennes. A travers des projets et activités dans les systèmes de Santé, de l’Agriculture et de l’Éducation, trois grands secteurs que la pandémie COVID 19 a sérieusement secoués, la grande masse aura une vision palpable de la noblesse de la cause, la seule qui nous motive, les EAU.

Ces 6 changements de postures autant au niveau des pays des sous régions, du continent, que des panafricanistes et de leurs différentes organisations, forment les séries de bonnes Gouvernances de notre développement, un ensemble de requis qui s’impose pour anticiper sur les changements prévisibles propulsés par la pandémie COVID 19 et l’arrogante démonstration du racisme systémique.







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