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Ce Que Nous Devons À Jean-pierre Leurs

Ce Que Nous Devons À Jean-pierre Leurs

 

 

Mardi 21 juillet 2020. Voilà qu’on m’annonce la disparition d’un concitoyen exemplaire dans ce qu’il faisait pour servir son pays, le Sénégal, le faire découvrir et le faire rayonner. Non, il n’était pas un politique au sens où l’on entend ce mot, sous nos cieux. Non, il n’était pas non plus un de ces bonshommes pleins aux as que les griots chantent et qui tapissent de billets de banque les scènes de spectacles devant lesquelles les femmes vont pervertir leur âme et la jeunesse désœuvrée dilapider son énergie. Était-il d’ailleurs connu et véritablement reconnu dans ce pays où un éminent professeur d’histoire affirmait, en substance, que c’était un crime d’être compétent et probe ?

Jean-Pierre LEURS vient de tirer sa révérence. Beaucoup de personnes m’écrivent pour dire que c’est avec surprise qu’ils apprennent tardivement la triste nouvelle. Une façon de dire que les grands hommes, chez nous, vivent sans tambour ni trompette et meurent sans bruit, alors que d’autres qui n’ont pas servi mais se sont amplement servis au détriment des populations et du pays ont tous les honneurs de leur vivant et bénéficient d’hommages posthumes de la part des hautes autorités de l’État.

Pour ceux qui l’ignorent Jean Pierre LEURS- Thiampou, pour les familiers- était un homme de théâtre, illustre pensionnaire du Théâtre National Daniel Sorano, dont la prestigieuse troupe d’art dramatique et les émoustillants corps de ballets ont sillonné le monde pour porter au rendez-vous du donner et du recevoir le message de paix et de solidarité d’un peuple précurseur de la promotion de la diversité culturelle et linguistique, un peuple qui vit le dialogue des cultures et celui des religions. Il était précisément un metteur en scène hors pair.

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C’est lui qui a porté au petit écran la pièce d’Alioune Badara BEYE  : Le sacre du Ceddo. C’est lui qui a signé la mise en scène de la pièce en langue wolof de Cheik Aliou NDAO : Guy Njulli, ainsi que l’adaptation théâtrale du célèbre roman d’Aminata Sow FALL  : La grève des battus, qui a remporté, en 1984, trois Prix simultanés, à l’occasion des Journées théâtrales de Carthage, en Tunisie. Il a réalisé le poème dramatique de LS SENGHOR : Chaka, confiant le rôle du chef zoulou à l’incomparable Omar SECK. Il était aussi féru de spectacles sons et lumières, de fresques grandioses comme celle organisée à l’occasion de la célébration du 90 ème anniversaire de la naissance du Poète-président, celle organisée à Thiès lors de la fête lors du 44 ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal.

Allons-nous enterrer Thiampou comme on enterre n’importe qui, comme quelqu’un qui n’a rien donné à ses semblables, à son pays ? J’interpelle tous les créateurs, artistes de toutes catégories et écrivains, et d’abord le Ministre de la Culture et de la Communication. Continuera-t-on à laisser mourir sans assistance ceux qui nous ont fait rêver et espérer des lendemains meilleurs, ceux qui sont les vrais ambassadeurs du Sénégal pensant et créatif ? Nous ne réclamons pas d’argent, pas de privilèges. Seulement de la reconnaissance.

À quoi servent les média nationaux s’ils n’offrent pas au peuple et à la jeunesse des modèles exemplaires, des femmes et des hommes au parcours rectiligne et édifiant, authentiques porteurs des valeurs cardinales de notre peuple ?

Cessons de snober nos compatriotes méritants qui vivent parmi nous, se sacrifient à la tâche sans crier sur les toits ni bomber la poitrine. Ne les laissons pas mourir dans l’anonymat pour les décorer à titre posthume et pleurnicher sur leurs tombes.

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Jean-Pierre LEURS mériterait bien qu’un théâtre, dans une des régions où il a démontré son génie créateur, porte son nom. Pourquoi pas l’École Nationale des Arts de Dakar où professe son cadet Mamadou Seyba Traoré et où, moi-même, j’enseigne l’écriture dramatique. ?







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