Quel lien y a-t-il entre George Floyd, violenté, humilié et tué par un policier blanc, et la dame violentée, humiliée et filmée à Sacré-Cœur par de stupides tortionnaires de quartier ? L’implication des réseaux sociaux, pardi ! Grâce auxquels bien des causes acquièrent une célébrité difficilement envisageable, s’ils n’avaient pas existé. « Balance ton porc » ou « Black Lives Matter« , entre autres nombreux exemples, en sont les témoins. Mais certains imprudents ou esprits naïfs également se méprennent sur leur utilité. L’histoire malheureuse de ce qu’il est convenu d’appeler la « femme de Sacré-Cœur » témoigne de la grande ignorance de certaines personnes qui ne perçoivent pas à quel point les réseaux sociaux peuvent entraîner leur propre perte, une fois qu’ils s’en servent pour médiatiser des faits peu recommandables.
Le ‘’blow’’, pratique exhibitionniste de fils à papa, y est une réalité. Leur dada : exhiber de l’argent à flots et user du sexe et de l’alcool, et parfois de la drogue, sous le regard permanent des réseaux sociaux. Chez eux, il faut avoir, faire et montrer que l’on a de l’argent – bien ou mal acquis – et qu’on en a fait quelque chose qui ressemble souvent à des bêtises. En juin dernier, le FBI a arrêté, à Dubaï Hushpuppi, un instagrammeur nigérian réputé, présumé grand escroc du Net – un brouteur comme on dit ! – et qui ne se gênait pas d’étaler son train de vie princier sur les réseaux sociaux. Le préjudice causé à des entreprises et particuliers à travers le monde est estimé à des centaines de milliards de F CFA. Dans l’appartement où dormait le jet-setteur escroc, pas moins de… 30 millions de livres sterling (plus de 21 milliards de F CFA) y ont été saisis en cash. ‘’Blow’’… quand tu nous tiens !
Le meilleur et le pire – Il y a eu, avant les jeunes de Sacré-Cœur, Penda Bâ ou encore Ami Collé Dieng et leurs énormités sur les réseaux sociaux. Plus loin de chez nous, çà et là dans le monde, des délinquants sont arrêtés pour avoir un peu trop adoré se faire voir sur le Net. Telle cette histoire racontée par le site de France Info.
En décembre 2019, des jeunes ont filmé et diffusé, sur Instagram, le viol d’une mineure. Un autre jeune féru du Net, du nom de Kobz, s’est chargé de traquer leur identité digitale et a ainsi pu dévoiler leurs noms et adresses sur Twitter. Il ne restait plus à la police française que d’arrêter les jeunes criminels.
Plus insolite cette fois, c’est au Canada que l’histoire se passe, il y a une dizaine de jours. Une jeune dame artiste, Safia Nolin, dénonce des avances sexuelles et propos racistes dont elle aurait été victime de la part d’une autre artiste, Maripier Morin. Les faits racontés par le quotidien « Le Soleil » du Québec et qui dataient de plus d’un an, n’ont pas été niés par l’accusée qui, lynchée sur les réseaux sociaux, a tout bonnement avoué être assommée par ces révélations. Elle a déclaré, sans doute détruite par cette dénonciation digitale, se « retirer de la vie publique pour chercher à comprendre et surtout trouver l’aide… et entamer une thérapie« .
Mais la justice du Net est plutôt à considérer avec des pincettes. Ses abus peuvent mener très loin, parfois.
Si la diffusion d’images sur les réseaux sociaux en a rajouté au niveau de la gravité des faits de Sacré-Cœur, il faut reconnaître au moins à ces médias une qualité dans cette histoire : leur capacité inégalée à sortir de l’ombre des actes aussi graves et répréhensibles. Combien de femmes se font violenter et même parfois violer dans le secret des quartiers ? Sans suite aucune, le plus souvent ! En cela, les réseaux sociaux sont ce qu’il y a de mieux et de pire en matière d’évolution des mœurs. Et ce n’est pas pour rien aussi que la guerre informationnelle ou propagande se fait via leur canal désormais, tant leur puissant impact sur l’opinion publique est difficilement parable.
Kouthia de retour… de l’Au-delà – Samba Sine, le plus célèbre des imitateurs sénégalais, est de retour à l’antenne de la TFM. C’est un exemple de plus qu’il y a bien une vie après le coronavirus. Après deux mois de off, revoilà Abou Bilal, pardon Abou Mouhamad. L’inénarrable comédien s’est mis en scène jeudi dernier, dans sa propre émission, dans le rôle de l’interviewé questionné par son complice Thiamass. Il y raconte sa mésaventure avec le coronavirus qu’il a chopé. « C’est une épreuve décidée par Dieu. Pour moi, ce n’est pas deux mois, mais comme deux années durant lesquelles les Sénégalais m’ont terriblement manqué… Toutes les couches sociales m’ont témoigné leur solidarité. Dieu lui-même m’a dit qu’il allait me montrer à quel point les Sénégalais m’adorent« . Et Kouthia, le très modeste, de citer quelques figures religieuses de premier plan qui n’ont pas hésité à l’appeler directement au téléphone.
S’agit-il de conjurer le petit démon Corona ? Désormais, ne dites plus Kouthia comme avant ou encore Abou Bilal mais… Abou Mouhamad. Visiblement amaigri, le comédien n’est plus le personnage rondouillard qui apparaît dans son jingle. Mais sa verve et son imagination quelquefois cynique sont intactes. Ses personnages chouchous, Madické Niang, Cissé Lô, entre autres, en ont fait les frais lors de ce numéro de la ‘’Résurrection’’. Sur cette mutation patronymique issue d’une révélation, Abou Mouhamad explique qu’il a désormais deux objectifs : chasser le stress de la vie des Sénégalais et, plus mystiquement, rendre grâce à son Créateur. « Dieu, n’est-ce pas toi qui m’as fait voyager dans l’Au-delà. Quand j’ai voulu y entrer et jeter un coup d’œil, tu m’as dit non ! Retourne d’où tu viens et continue à régaler les Sénégalais« .
La cause est donc entendue : Abou Mouhamad, le revenant, a une mission messianique. Longue vie à notre nouveau prophète du petit écran !
Ndingler : Paix des braves ? – « Mieux vaut partager un pain avec affection qu’un poulet avec affliction. » Ce proverbe espagnol pourra inspirer les acteurs de la bataille médiatico-juridique opposant le patron historique de Sedima et les populations de Ndingler. Nul doute que Babacar Ngom, d’ordinaire si effacé, si l’on en juge par sa présence jusque-là discrète dans les médias, en avait assez d’être la tête de gondole des journaux dans la rubrique « Querelles de la campagne« . Le gouvernement sénégalais aussi a compris que cette polémique n’était pas sans risques politiques et sociaux pour lui. Si certains se sont offusqués que ce soit un investisseur national qui soit mis à l’index là où, avant lui, bien des étrangers ont acquis des milliers d’hectares sans bruit, force est de penser que, désormais, il y aura un avant et un après Ndingler.
L’on peut espérer que les politiques auront au moins la prudence du serpent avant de toucher au foncier. Les généreuses cessions de terres seront de moins en moins acceptées avec résignation par les populations dépossédées. On verra, dans quelques semaines, si la décision de l’État sénégalais de laisser les paysans retrouver et cultiver leurs terres est un exercice de procrastination ou de hache de guerre définitivement enterrée.